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« Le critique est un lecteur qui écrit sa lecture. »

Publié le 05/07/2012

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lecture

Dehors ou dedans. Faute d’avoir pris garde à ces lois, M. Mauriac assassine la conscience des personnages. « Sartre, essaye ici, au-delà de la simple critique du roman mauriacien, de développer sa propre vision du monde et de la faire accepter. Il veut renouveler et réinventer l’art romanesque, en modifier la structure tout au moins. Pour cela, il va exercer un véritable renversement des valeurs et prendre le contre-pied des règles jusqu’alors reconnues en accroissant l’importance qu’il accorde aux destinataires de l’œuvre romanesque, autrement dit le rôle du lecteur par rapport à celui de l’écrivain. Et la primauté est accordé au lecteur, qui selon Sartre, par l’acte même de lire le roman, assure la véritable création romanesque. Ces commentaires laisseront Mauriac dans l'impuissance créatrice. Le critique n'est pas seulement un lecteur qui écrit sa lecture. Il est un lecteur savant, qui lit dans une perspective propre à pouvoir créer par la suite. Toutefois, le critique est-il un écrivain? Quelle est la nature de ses écrits?

lecture

« rigoureuse : le romancier peut être leur témoin ou leur complice, mais jamais les deux à la fois.

Dehors ou dedans.

Faute d'avoir pris garde à ces lois, M.

Mauriacassassine la conscience des personnages.

» Sartre, essaye ici, au-delà de la simple critique du roman mauriacien, de développer sa propre vision du monde et de lafaire accepter.

Il veut renouveler et réinventer l'art romanesque, en modifier la structure tout au moins.

Pour cela, il va exercer un véritable renversement des valeurset prendre le contre-pied des règles jusqu'alors reconnues en accroissant l'importance qu'il accorde aux destinataires de l'œuvre romanesque, autrement dit le rôle dulecteur par rapport à celui de l'écrivain.

Et la primauté est accordé au lecteur, qui selon Sartre, par l'acte même de lire le roman, assure la véritable créationromanesque.Ces commentaires laisseront Mauriac dans l'impuissance créatrice.Le critique n'est pas seulement un lecteur qui écrit sa lecture.

Il est un lecteur savant, qui lit dans une perspective propre à pouvoir créer par la suite.

Toutefois, lecritique est-il un écrivain? Quelle est la nature de ses écrits? La critique est un réel travail.

Ce caractère de labeur ne se retrouve pas dans le citation et pourtant, elle est importante.

Le critique littéraire soucieux d'atteindre à uneindividualité unique, au sujet créateur distinct de tout autre, s'efforcera donc de transformer en vie la masse inerte d'écrits dont il dispose (œuvres publiées,correspondances, témoignages, éloges académiques, discours officiels, articles…).

Pour cela, il procédera avec méthode, patience, persévérance ; il ne doit pashésiter à recourir aux fastidieuses monographies produites par une érudition qui empile au lieu de construire.

Ne rien négliger : tout matériau est bon à l'ouvrier.Sainte-Beuve dans son portrait de Diderot (1831) a décrit de manière lyrique ce travail qui demande du savoir, de la volonté, une certaine ascèse, mais peut finir pardonner une sensation d'ivresse, celle d'une contemplation stellaire, d'une vision claire de l'unique.

On entre dans l'atelier non plus de l'artiste mais du critique.« On s'enferme pendant une quinzaine de jours avec les écrits d'un mort célèbre, poète ou philosophe : on l'étudie, on le retourne, on l'interroge à loisir ; on le faitposer devant soi ; c'est presque comme si l'on passait quinze jours à la campagne à faire le portrait ou le buste de Byron, de Scott, de Goethe ; seulement on est plus àl'aise avec le modèle, et le tête-à-tête, en même temps qu'il exige un peu plus d'attention, comporte plus de familiarité.

Chaque trait s'ajoute à son tour, et prend placede lui–même dans cette physionomie qu'on essaye de reproduire ; c'est comme chaque étoile qui apparaît successivement sous le regard et vient luire à son point dansla trame d'une belle nuit.

Au type vague, abstrait, général, qu'une première vue avait embrassé, se mêle et s'incorpore par degrés une réalité individuelle, précise, deplus en plus accentuée et vivement scintillante ; on sent naître, on voit venir la ressemblance ; et le jour, le moment où l'on a saisi le tic familier, le sourire révélateur,la gerçure indéfinissable, la ride intime et douloureuse qui se cache en vain sous les cheveux déjà clair-semés, — à ce moment l'analyse disparaît dans la création, leportrait parle et vit, on a trouvé l'homme ».

Cette venue au jour de la figure individuelle est un processus, une construction progressive, ordonnée sans doute mais quine suit pas de voies bien précises.

Cette pratique relève de l'essai, du tâtonnement, de l'ajustement.

La composition ne suit pas un ordre préétabli : c'est une créationplus qu'une construction.

L'intuition développée dans le labeur ne peut ainsi se dire que sur le mode lyrique : Fiat lux ! Eurêka ! telles pourraient être les devises decette exploration créatrice.Aussi, d'un certain point de vue, on peut comprendre que l'oeuvre critique puisse être tenue pour secondaire : « Si la littérature est pour l'écrivain une formesatisfaisante d'expression, elle n'a que faire de la critique et peut se contenter d'introductions biographiques à des anthologies » (Magny, Essai sur les limites de lalittérature).

Ce qui est indéniable, c'est que toute littérature qui se respecte reconnaît que son texte ne peut se substituer à l'oeuvre, en donner un équivalent sensible.Jean Rousset, dans Forme et signification écrit ceci : « C'est le paradoxe de la critique, et peut-êtreson drame : l'œuvre a besoin de la critique, c'est-à-dire d'un regard qui la pénètre, mais le critique tend à se constituer en œuvre de l'œuvre, en un au-delà de l'œuvre,où l'œuvre est toute entière, sauf sa présence.

Cette présence secrète, le critique ne pourra jamais en fournir l'équivalent [..] ».

« Le critique ne compose pas l'œuvre,dit Jean Rousset, il la revit pour en dégager la composition, il l'explore pour la montrer ».

L'opération critique et la création artistique ont des modes defonctionnement inverses : l'une part des formes pour aboutir à leurs significations symboliques ; l'autre essaye d'incarner un imaginaire dans ses formes.

A cet égard,la modération de Barthes est éloquente : « Le critique est un écrivain.

C'est là une prétention d'être, non de valeur ; le critique ne demande pas qu'on lui concède unevision ou un style, mais seulement qu'on lui reconnaisse le droit à une certaine parole, qui est une parole indirecte ».

Jean Starobinski montre que la critique assure lelien entre une conscience réceptrice et l'œuvre.

Pour G.

Genette, « le critique interroger la littérature, c'est-à-dire un univers de signes .

Mais ce qui était signe chezl'écrivain devient signe chez le critique ».

La spécificité de la critique ne réside pas dans son manque ou son absence de littérarité mais dans cette fonction double« qui est de faire du sens avec l'œuvre des autres, mais aussi de faire son œuvre avec ce sens ».Finalement, le critique écrit-il vraiment? Comme l'écrit Macherey : « Le critique est un écrivain qui ajourne constamment l'acte d'écrire : c'est-à-dire l'acte de serisquer dans l'aventure littéraire, tel le toréador dans l'arène ».

Ainsi, le critique est celui qui, sans prétendre se substituer à l'auteur ou au lecteur, ne crée pas maisrécrée l'œuvre- et par là même se crée lui-même.

Si son rôle est d'accroître la vigilance des lecteurs, de leur apprendre à mieux lire, celui de la critique et bel et bien,comme l'affirme l'un des critiques japonais les plus célèbres, Shigehiko Hasumi « de réveiller un signe endormi et de la faire vivre, en secouant ce monde de faussesévidences ».

La critique est essentiellement communication : transitif, le discours critique établit une double médiation entre, d'une part, l'univers de l ‘écrivain etcelui du critique, et d'autre part, entre le point de vue de ce critique et celui du lecteur.Nous avons pu analyser dans cette partie la nature et la fonction du critique et de ses écrits.

Le critique semble s'investir dans sa pratique; d'une autre nature que lesœuvres de fiction ou autres, les textes critiques, quel que soit leur statut dans la littérature , sont une aide certaine pour le lecteur. « Le critique est un lecteur qui écrit sa lecture ».

Cette déclaration a sa part de vérité mais l'acte de la critique est beaucoup plus complexe que cela.

La définition dela critique varie selon que l'œuvre est considérée comme objet du jugement, du plaisir ou de compréhension, et que le fondement de son discours est recherché ducôté de l'auteur, de l'œuvre, ou du lecteur-critique.

Elle critique nous fait accéder au sens en nous transmettant des connaissances techniques nécessaires, les codes etles conventions propres à un genre, et en nous fournissant les moyens de situer l'œuvre par rapport à un auteur, un société ou une époque- elle constitue la meilleurearme contre la lecture naïve et les stratégies commerciales.

La critique est ainsi une forme d'écriture qui, bien qu'elle prenne appui sur un autre texte, peut avoir sonautonomie propre : on ne peut écrire de la critique sans avoir lu une œuvre littéraire mais on peut fort bien en lire sans avoir (encore) lu, ou même sans jamais lirel'œuvre critiquée.

Néanmoins, les œuvres d'art sont ouvertes aux différents être humains : Jean-Pierre Richard écrit dans Poésie et profondeur : « Chaque lecteurn'est jamais qu'un parcours sensible, et d'autres chemins restent toujours ouverts ».. »

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