Le cycle des visions chez Nicolas Edme Restif de La Bretonne

Le cycle des visions

La Découverte australe commence par la description d’une communauté semblable à celles qui jalonnent la fiction rétivienne. Mais ici le génie de l’écrivain et la dérive vers le fantastique consistent à faire émigrer cette famille de pionniers vers l’hémisphère austral à bord d’engins volants. Le lecteur découvre à leur suite une faune d'hybrides entre l’humanité et l’animalité, les hommes-singes, les hommes-castors, les hommes-chevaux ou les hommes-éléphants. Cette rêverie nourrit l’hypothèse développée avec sérieux dans « Ma physique », selon laquelle chacune de ces races aura une royauté éphémère sur la terre après celle des hommes. Elle donne également une dimension nouvelle à l’impression rapportée par l’observateur de Paris de se trouver dans la foule au milieu d’une ménagerie : chaque individu porte en lui un atavisme animal. La fiction rejoint peut-être un vieil animisme qui ignore les frontières entre l’animal et l’humain.