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LE DÉCLIN DE LA TRAGÉDIE AU XVIIIe SIÈCLE

Publié le 21/02/2012

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La tragédie, cadavre embaumé :

Ce n'est pas tous les jours qu'un homme de génie comme Racine parvient à donner sa mesure dans un cadre aussi étroit, aussi artificiel que celui de la tragédie. Aussi, après lui, celle-ci n'est-elle plus, si l'on peut dire, qu'une carapace creuse et vide. Même les efforts de Voltaire, ne parviennent pas à lui rendre la vie. Quant à l'affirmation de Crébillon (1674-1762), « Corneille avait pris le ciel, Racine, la terre, j'ai pris ce qu'ils m'avaient laissé: l'Enfer«, elle est plus une vantardise qu'autre chose, pour désigner des tragédies bien trop froides pour atteindre leur objet, qui devrait être de provoquer la terreur....

« En fait, it s'agit, dans le cadre de la societe contemporaine, qui est depuis longtemps celui de la comedie : - de faire vivre devant nous des bourgeois ou des nobles, non des princes et des rois, comme dans la tragedie ; - et ces Bens ont des aventures dramatiques : des chagrins, des souffrances aussi pathetiques que ceux des hems tragiques : un corn- mergant qui ne peut faire face a ses echeances, re marque Be aumar- chais, est aussi angoisse qu'un roi qui craint de perdre son royaume ; et il nous montre ces angoisses dans le Negociant de Lyon (1770), tandis que Diderot essaie de nous attendrir par la grandeur presque sacer- dotale de la paternite dans is Fête de Famille (1758-1761). En fait, nos auteurs s'engageaient la dans la voie du bon sens et liberaient ainsi le theatre serieux des entraves qui pesaient surlui.

Pourquoin'ont-ils pas eu un succes plus durable ? Le mauvais goat du siecle, la sensiblerie declamatoire nous ont gate les meilleures pieces : l'abus d'un pathetique facile, des tirades vertueuses, des exclamations sentimentales nous rend illisibles et ridicules ces pieces ; et pourtant elles sont moms outrees que les a comedies larmoyantes u de Nivel% de La Chaussee ; celui-ci avait d'ailleurs déjà fait jouer ses pieces entre 1733 et 1751, c'est-i-dire bien avant Diderot et Beaumarchais ; it avait remporte plus de succes qu'eux, car al s'adressait franchement au bon peuple qui a toujours eu a la larme facile D. Pratiquement ce genre de theatre sentimental a l'usage de la foule, (le meme public auquel etaient destines les romans), se continua pendant tout le siècle.

A l'aurore du xi xe siècle, Pixereeourt en augmenta encore l'action sur les nerfs, en faisant souligner, par les tremolos d'un petit orchestre, les moments angoissants ; le drame etait devenu le melodrame, qui allait faire les beaux soirs du a Bou- levard du Crime (cf.

p.

268). TRAVAUX COMPLRMENTAIRES On pourra lire la plus equilibree, la plus sobre de tontes ces pieces : Le Philosophe sans is savoir de Sedaine (1765), qui existe en classique Larousse.

1.

Sedaine, premier exemple d'un ecrivain vraiment sorti du peuple. - 2.

Comment Sedaine introduit- i(dans sa piece, d'une facon vivante, des elements sociaux ? le noble devenu commergant.

- 3.

Montrez comment la scene IV,5 transpose, dans la vie co urante, un effet digne de la plus pathetique des tragedies. En fait, il s'agit, dans le cadre de la société contemporaine, qui est depuis longtemps celui de la comédie : -de faire vivre devant nous des bourgeois ou dea noble&, non dea princes et des rois, comme dans la tragédie ; -et ces gens ont des aventures dramatiques : des chagrins, des souffrances aussi pathétiques que ceux des héros tragiques : un com­ merçant qui ne peut faire face à ses échéances, remarque Beaumar­ chais, est aussi angoissé qu'un roi qui craint de perdre son royaume ; et il nous montre ces angoisses dans le Négociant de Lyon {1770), tandis que Diderot essaie de nous attendrir par la grandeur presque sacer­ dotale de la paternité dans le Pèl'tl de Famille (1758-1761).

En fait, nos auteurs s'engageaient là dans la voie du bon sens et libéraient ainsi le théâtre sérieux des entraves qùi pesaient sur lui.

Pourquoin'ont-ilspaseu unsuccèsplusdurable? Le mauvais go1it- du siècle, la sensiblerie déclamatoire nous ont gâté les meilleures pièces : l'abus d'un pathétique facile, des tirades vertueuses, des exclamations sentimentales nous rend illisibles et ridicules ces pièces ; et pourtant elles sont moins outrées que les «comédies larmoyantes» de Nivelle de La Chaussée ; celui-ci avait d'ailleurs déjà fait jouer ses _pièces entre 1733 et 1751, c'est-à-dire bien avant Diderot et Beaumarchais; il avait remporté plus de succès qu'eux, car il s'adressait franchement au bon peuple qui a toujours eu • la larme facile ».

Pratiquement ce genre de théâtre sentimental à l'usage de la foule, (le même public auquel étaient destinés les romans), se continua pendant tout le siècle.

A l'aurore du x1xe siècle, Pixérécourt en augmenta encore l'action sur les nerfs, en faisant souligner, par les trémolos d'un petit orchestre, les moments angoissants ; le drame était devenu le mélodrame, qui allait faire les beaux soirs du « Bou­ levard du Crime • (cf.

p.

268).

TRAVAUX COMPLÉMENTAIRES: On pGurra lire la plus équilibrée, la plus sobre de toutes ces pièces : Le Philosophe sans le savoir de Sedaine (1765), qui existe en classique Larousse.

1.

Sedaine, premier exemple d'un écrivain vraimentsorti du peuple.

- 2.

Comment Sedaine introduit-if dans sa pièce, d'une façon vivante, des éléments sociaux ? le noble devenu commerçant.

- 3.

Montrez comment la scène IV,5 transpose, dans la vie courante, un effet digne de la plus pathétique d ..

~ l.ragédiea.. »

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