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Un mathématicien et homme d’esprit du XVIIIe siècle se serait écrié, après avoir vu une tragédie de Racine : « Qu’est-ce que cela prouve ? » A la lumière de cette boutade, vous vous demanderez si une œuvre littéraire doit «prouver » quelque chose pour retenir l’attention.

Publié le 03/11/2016

Extrait du document

esprit

Toute œuvre littéraire est contrainte, du fait même qu’elle se sert du langage, de dire quelque chose et ce qu’elle exprime ne prouve...

 

... pas toujours ce qu’elle a voulu, elle, préciser ou... taire.

 

Mais même en se taisant ou ne voulant être que belle, elle exprime, fait voir, ne serait-ce qu’à travers cette beauté et contient toujours un sens (impersonnel, lointain ou direct).

 

« Ce que nous appelons la beauté d’une œuvre désigne en fait la vertu qu’elle a d’enrichir notre vie en touchant notre cœur. » (Rommeru.)

 

Ne serait-ce que nous rendre la vie plus douce, être un « noble passe-temps » (Bouviolle), exalter et chanter tous les sentiments, les passions, ... créer des êtres qui prennent place dans la mémoire, nous faire atteindre la beauté et parfois même la connaissance artistique, voilà des « preuves » littéraires qui valent bien la preuve par 9 et autres !

Veut qu’on « prouve » les vérités simples, universellement valables.

 

C’est que les preuves scientifiques démontrent que quelque chose est vrai.

 

Or l’art, donc la littérature : domaine du beau.

 

De plus littérature : subtile, nuancée.

 

« Qu’est-ce que ça prouve ? » rejoint l’idée d’utilité de l’art - et va plus loin.

 

Or certains esprits et artistes vont en ce sens : l’art serait beau seulement inutile - donc la littérature aussi.

 

Est-il vrai qu’ils ne retiennent l’attention qu’en ce cas ?

 

... que la littérature n’est ni utile ni probante ?

esprit

« 1.

La littérature ne « prouve » pas ...

• de plus, elle est inutile volontairement, car l'utilité n' est pas son but.

Cf Théophile Gautier : «I l n'y a vrai­ ment de beau que ce qui ne peut servir à rien.

» • Attitude commune du public et de beaucoup d'artistes.

• L'opinion publique a tendance à penser que poète, music ien, peintr e...

sont dans un monde à part, loin des contingences, conservant et servant la pureté désincarnée de l'Art; • ...

que la littérature = divertissement esthétique, vise le Beau exclusivement, qu'elle entraîne donc un déséqui­ libre « au profit des forces irrationnelles » (spécialement poésie) ; - Platon chasse les Poètes de sa République ; - Napoléon appelle les écrivains des «songe-cre ux».

• De plus ici la boutade est d'un mathématicien, sans doute d'Alembert.

Manifestation de « l'esprit de géomé­ trie » ? • Cf Pascal : « Il est rare que les géomètres soient fins et que les fins soient géomètres.

» Oppose à « esprit de finesse.

» • D'Alembert raisonne en logicien et voudrait que la lit­ térature en fasse autant.

• Or la création littéraire s'accomplit en liberté, plus visiblement encore qu'en vérité.

• De plus beaucoup de créateurs littéraires abondent en ce sens au cours des siècles.

• Malherbe : «C 'est sottise de faire des vers pour en espérer autre récompense que son propre divertissement : un bon poète n'est pas plus utile à l'Etat qu'un bon joueur de quilles.

» • Pour certains créateurs, l'essence de l'œuvre d'art doit être la beauté gratuite (R.-M.

Rilke, Leconte de Lisle ...

).

• L'art n'a rien à démontrer, à prouver, cf Robbe-Grillet : «D ès qu'apparaît le souci de signifier. »

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