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Le dénouement de La Chute de Camus

Publié le 09/01/2020

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les vitres» constitue une métaphore1 hardie. Mais la hardiesse consiste-t-elle à identifier les colombes à des flocons ou à imaginer que ceux-ci s'ébouriffent comme des oiseaux? C'est seulement dans la deuxième hypothèse que l'expression « une épaisse couche de plumes » devra être considérée elle-même comme une métaphore (couche de neige assimilée à une couche de plumes), ^incertitude de la vision contribue à la poésie du tableau.

Vraie ou imaginaire, la descente des colombes évoque la Pentecôte (nouvelle référence au christianisme). Les Évangiles nous apprennent en effet que, le septième dimanche après Pâques, l'Esprit saint (symbolisé par une colombe) descendit sur la tête des Apôtres. Cette référence est assaisonnée par Clamence de pointes sacrilèges («ces chéries», «Quelle invasion ! >>) qui donnent un tour ironique à la «bonne nouvelle» (l'Évangile) résumée ici en quelques-unes de ses composantes : le partage des richesses, déjà évoqué par le biais des saducéens (p. 13), l'amour du prochain illustré lui aussi par une formule (« Qui couchera sur le sol pour nous? » p. 36), l'espoir du salut. Regroupant ici plusieurs thèmes essaimés au fil d'une confession qui a pris parfois des allures de prédication, Clamence, avec un art oratoire consommé, se livre ici à une péroraison1 2 au terme de laquelle se trouvent renversées toutes les valeurs : valeurs esthétiques tournées en dérision par le «Toute la lyre3», valeurs religieuses illustrées par une vision fantastique où est égarée l'imagerie chrétienne traditionnelle.

LE FANTASME DE LA CONDAMNATION

Le scénario élaboré par Clamence en vue de son éventuelle rencontre avec un policier obéit à une certaine

1. Type de comparaison dans laquelle le mot indiquant la comparaison n'est pas exprimé. Dire que les flocons ressemblent à des colombes serait une comparaison. Dire que les flocons s'ébouriffent, c'est les prendre vraiment pour des colombes, donc faire une métaphore.

2. En rhétorique, une péroraison est la conclusion d'un discours.

3. Cette expression met en dérision le lyrisme, comme «Je deviens lyrique l » (p. 104). Mais, dans un sens familier, elle signifie quelque chose comme : «Tout le tremblement» (Dictionnaire Robert).

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« 0 wp; PRÉSENTATION D'ENSEMBLE Position et ton des personnages « Oh, il faut que je sorte» (p.

151) trad uit une dernière exaltation, vraie ou simulée.

«Je me tiens tranquille», un peu plus loin, donne à imaginer un Clamence qui ne qui t­ tera plus son lit.

Le «racontez-moi n de la dern ière page suggère la passivité de qui se met en position d'au diteur.

Les interv entions de son compagnon.

qui s'étaient raré­ fiées après la prem ière journée, redeviennent à la fin relati­ vemen t nombreuses.

On peut en imaginer trois dans notre passage: 1.

«Vous n'y croyez pas ? Moi non plus i> (p.

151) laisse pense r que l'interlocuteur a rejeté l'idée que la neige puisse prendre feu (peut-ê tre s'est-il conten té d'une moue dub itative) : 2.

« Bon, bon, je me tiens tranquille, ne vous inq uiétez pas ! » (même page) suppose qu'il a insisté pour que Clamence rest e au lit.

3.

«Comment? Ah! je m'en douta is, voyez-vous i> (p.

152) suppose que, après le «commen t», l'interlocuteur révè le sa profession (révélat ion répété e par Clamence pour l'in tel­ ligence du texte : « Vous exercez à Paris la belle profession d'avocat 1 i1).

Des expression s familières(« Bon, bon >1, «he in» à deux reprises) confèrent au passage un ton d'oralité plus mar­ qué que dans d'autres endroits du récit.

Mais, si on excepte le «Voyez les éno rm es flocons» et la velléité de Clamence de quitter son lit, il n'y a guère de jeux de scène permettant de visualiser les personnages .

Composition du passage Les trois paragraphes correspondent à trois étapes du dénouement.

Le premier est une mise en valeur du décor, auqu el Clamence confère, suivant son habitude, une por­ tée symbolique.

Le second déroule le scénario rêvé par Clamence dans l'hypo thèse où son compagnon sera it, comme il prétend le souhaiter, un po licier susceptible de. »

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