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"Le Dormeur du Val" Rimbaud

Publié le 28/10/2012

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rimbaud
www.comptoirlitteraire.com André Durand présente ''Le dormeur du val'' (1870) Poème de RIMBAUD RIMBAUD C'est un trou de verdure où chante une rivière Accrochant follement aux herbes des haillons D'argent ; où le soleil, de la montagne fière, Luit : c'est un petit val qui mousse de rayons. Un soldat jeune, bouche ouverte, tête nue, Et la nuque baignant dans le frais cresson bleu, Dort ; il est étendu dans l'herbe, sous la nue, Pâle dans son lit vert où la lumière pleut. Les pieds dans les glaïeuls, il dort. Souriant comme Sourirait un enfant malade, il fait un somme. Nature, berce-le chaudement : il a froid. Les parfums ne font pas frissonner sa narine ; Il dort dans le soleil, la main sur sa poitrine Tranquille. Il a deux trous rouges au côté droit. Analyse Introduction Le scandale de la mort de l'être humain, surtout quand elle est opposée à l'immuabilité et à l'enchantement de la nature, est un thème traditionnel de la poésie lyrique. Mais le scandale est encore plus grand quand il s'agit de celle d'un être jeune, promis à toutes les joies de l'existence, fauché par la guerre, au hasard d'une bataille. Le jeune poète Rimbaud en a été saisi quand, au cours d'une de ses fugues dans la forêt ardennaise qui avait été peu de temps auparavant le théâtre de la guerre franco-prussienne de 1870, il dut découvrir un cadavre de soldat. Cela lui a inspiré un poème dont il a indiqué la date : octobre 1870 (il avait donc seize ans) qui est le mois où il l'a copié pour son ami, Démeny, et qu'il a intitulé, de façon très agréablement poétique, "Le dormeur du val", pour mieux dérouter le lecteur. En effet, dans ce sonnet, de forme régulière par la disposition des strophes (chacune possédant en principe son autonomie syntaxique et constituant sur le plan du sens une étape du texte) mais pas par celle des rimes (le même jeu de rimes n'est pas employé dans les deux quatrains et les rimes embrassées traditionnelles furent remplacées par des rimes croisées), le poète, plutôt que par l'invective ou la satire (comme dans ''Le mal'' ou ''Rage de Césars''), fit sentir l'horreur de la guerre grâce à un impressionnisme habile, à un emploi habile des couleurs pures et vives, à un mouvement véritablement cinématographique avant l'heure, à l'emploi de très subtils mots équivoques de plus en plus inquiétants et de très significatifs enjambements, progresse dramatiquement d'un tableau initial idyllique vers la description du dormeur du titre et aboutit à un dernier vers percutant, où est assénée la vérité : le soldat est mort, il a été tué. Le titre suggère le calme goûté dans une nature accueillante et focalise l'attention du lecteur sur le personnage qui n'apparaît pourtant qu'au deuxième quatrain. La première strophe, un panoramique cinématographique, offre, dans une phrase à la construction très simple (trois relatives dont deux semblables, ce qui est un moyen d'insistance), à l'indicatif présent, dans des alexandrins au rythme ample, coulant grâce aux consonnes liquides du premier vers, aux assonances nasales du deuxième, un tableau d'ensemble du paysage qui est idyllique et vivant, déroule une symphonie pastorale, plante un décor champêtre : «C'est un trou de verdure«. Le «trou« est une éclaircie entre deux montagnes, et la connotation négative que pourrait avoir le mot est contredite par le complément «verdure« qui suggère une vitalité végétale. Cette ambiguïté va demeurer tout au long du poème. «Chante une rivière« (qui a un double sens : la rivière chante en coulant mais donne aussi tout son attrait, toute sa joie, au paysage), «accrochant follement«, «des haillons / D'argent« : tous ces mots suggèrent l'insouciance. Les haillons de la rivière, qui, comme les autres éléments naturels, est personnifiée (elle semble une fée dotée du pouvoir magique d'habiller d'argent les herbes qui l'environnent : l'oxymore « haillons / d'argent «, appuyé par le rejet du vers 3, semble être là p...
rimbaud

« Analyse Introduction Le scandale de la mort de l'être humain, surtout quand elle est opposée à l'immuabilité et à l'enchantement de la nature, est un thème traditionnel de la poésie lyrique.

Mais le scandale est encore plus grand quand il s'agit de celle d'un être jeune, promis à toutes les joies de l'existence, fauché par la guerre, au hasard d'une bataille.

Le jeune poète Rimbaud en a été saisi quand, au cours d'une de ses fugues dans la forêt ardennaise qui avait été peu de temps auparavant le théâtre de la guerre franco- prussienne de 1870, il dut découvrir un cadavre de soldat.

Cela lui a inspiré un poème dont il a indiqué la date : octobre 1870 (il avait donc seize ans) qui est le mois où il l’a copié pour son ami, Démeny, et qu'il a intitulé, de façon très agréablement poétique, “ Le dormeur du val ”, pour mieux dérouter le lecteur. En effet, dans ce sonnet, de forme régulière par la disposition des strophes (chacune possédant en principe son autonomie syntaxique et constituant sur le plan du sens une étape du texte) mais pas par celle des rimes (le même jeu de rimes n’est pas employé dans les deux quatrains et les rimes embrassées traditionnelles furent remplacées par des rimes croisées), le poète, plutôt que par l’invective ou la satire (comme dans ‘ ’Le mal’’ ou ‘ ’Rage de Césars’’ ), fit sentir l’horreur de la guerre grâce à un impressionnisme habile, à un emploi habile des couleurs pures et vives, à un mouvement véritablement cinématographique avant l'heure, à l'emploi de très subtils mots équivoques de plus en plus inquiétants et de très significatifs enjambements, progresse dramatiquement d'un tableau initial idyllique vers la description du dormeur du titre et aboutit à un dernier vers percutant, où est assénée la vérité : le soldat est mort, il a été tué.

Le titre suggère le calme goûté dans une nature accueillante et focalise l’attention du lecteur sur le personnage qui n'apparaît pourtant qu'au deuxième quatrain. La première strophe, un panoramique cinématographique, offre, dans une phrase à la construction très simple (trois relatives dont deux semblables, ce qui est un moyen d'insistance), à l'indicatif présent, dans des alexandrins au rythme ample, coulant grâce aux consonnes liquides du premier vers, aux assonances nasales du deuxième, un tableau d'ensemble du paysage qui est idyllique et vivant, déroule une symphonie pastorale, plante un décor champêtre : « C'est un trou de verdure ».

Le « trou » est une éclaircie entre deux montagnes, et la connotation négative que pourrait avoir le mot est contredite par le complément « verdure » qui suggère une vitalité végétale.

Cette ambiguïté va demeurer tout au long du poème.

« Chante une rivière » (qui a un double sens : la rivière chante en coulant mais donne aussi tout son attrait, toute sa joie, au paysage), « accrochant follement », « des haillons / D'argent » : tous ces mots suggèrent l'insouciance.

Les haillons de la rivière, qui, comme les autres éléments naturels, est personnifiée (elle semble une fée dotée du pouvoir magique d'habiller d'argent les herbes qui l'environnent : l'oxymore « haillons / d'argent », appuyé par le rejet du vers 3, semble être là pour exprimer ce pouvoir de métamorphoser la pauvreté en richesse), se révèlent, de façon encore plus surprenante à cause de l'enjambement qui met en relief une antithèse remarquable mais qui n'est pas impossible car l'image ne fait que rendre l'oxygénation de l'eau à son passage à travers les herbes qui produit une écume argentée que l'auteur compare à des haillons à cause de cet aspect déchiré et désordonné qui frappe l’oeil.

« Le soleil, de la montagne flère / Luit » : une inversion (le soleil luit du sommet de la montagne fière, « de » marquant ici une idée de provenance) et un nouvel enjambement donnent de la force au mot à l'initiale du vers.

Le fait que le « petit val mousse de rayons », expression d'une fraîcheur et d'une nouveauté savoureuses (le val est comparé implicitement à un verre de bière blonde), indique que cet espace vert regorge de lumière ; les rayons sont si abondants que leur vibration fait songer à une mousse.

L'insistance sur la luminosité, sur la gaieté, sur la générosité, est nette.

Dans la première strophe, le poète montre donc un ruissellement de lumière et de vitalité végétale qui rendra d'autant plus saisissant le contraste à venir.

Tout respire une certaine joie de vivre qu'on peut même juger d'une mièvrerie peut-être volontaire, l'impression est entièrement celle d'une belle journée d'été où toutes les conditions sont rassemblées pour être heureux, dans ce premier quatrain qui est 2. »

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