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Rimbaud dormeur du val

Publié le 19/09/2013

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Rimbaud - Le dormeur du val. Intro : Arthur Rimbaud (1854-1891) est un cas unique de notre littérature, devenu une figure mythique de l'enfant prodige, de l'adolescent révolté, de l'inventeur d'un langage poétique nouveau. Né en 1854 à Charleville, il se révolte très tôt contre la petite bourgeoisie étriquée, les institutions (l'École, l'Église...), fait plusieurs fugues en 1870, s'engage dans la lutte républicaine au moment de la chute de l'Empire. Il écrit déjà beaucoup, des poèmes de forme encore assez classique qui chantent la liberté, la vie de bohème et s'en prennent violemment aux bourgeois bien-pensants, au catholicisme, au nationalisme... En 1871, c'est par la poésie qu'il veut changer le monde en rejetant ce qu'il a déjà écrit pour se tourner vers des formes et une écriture beaucoup plus originales (la Lettre du Voyant, Le Bateau ivre). Accueilli à Paris par Verlaine, il entame avec lui une liaison chaotique et passionnée, dans une vie d'errance qui les emmène à Londres en 1872 et qui prendra fin brutalement en juillet 1873 où Verlaine blesse Rimbaud d'un coup de revolver... Pendant ces deux ans, Rimbaud a écrit ses deux recueils les plus novateurs, Une Saison en Enfer et Illuminations. Mais il renonce définitivement à la littérature et part en 1879 pour l'Abyssinie, où il travaille dans l'import-export, le trafic d'armes, dans des conditions éprouvantes. Atteint d'une tumeur à la jambe, il revient à Marseille pour se faire amputer et meurt de gangrène en 1891, à 37 ans. «Le Dormeur du Val« est un des premiers poèmes de Rimbaud, écrit lors d'une fugue à 16 ans, en octobre 1870, pendant la guerre franco-prussienne. Cette guerre, qui débute en juillet 1870 et oppose la France à la Prusse fédérant les États allemands, verra la capitulation de Napoléon III à Sedan (2 septembre 1870), qui entraîne la proclamation de la IIIe République le 4 septembre. Paris est assiégé pendant plusieurs mois jusqu'à l'armistice de janvier. Rimbaud n'a sûrement pas vu la scène qu'il décrit, puisqu'on ne se battait pas dans les environs de Charleville en octobre 1870; mais il utilise ce tableau, à première vue bucolique, pour écrire une violente dénonciation de la cruauté de la guerre.Ainsi, comment est dénoncée la guerre dans ce poème ? I. Forme du poème Rimbaud utilise la forme traditionnelle et classique du sonnet en alexandrins (2 quatrains + 2 tercets). Mais il n'en respecte pas toutes les règles: par exemple, les rimes sont différentes dans les deux quatrains alors qu'elles devraient être les mêmes. C'est surtout dans le maniement de l'alexa...
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« II.

Nature Idyllique L’image de la Nature apparaît dans ce texte extrêmement positive: celle-ci se transforme même au vers 11 en allégorie maternelle et aimante («Nature, berce-le chaudement»).

Elle est vue tout au long du texte comme protectrice, à la mesure de l’homme, l’entourant et le protégeant, comme le montrent les expressions «trou de verdure», «petit val», «lit vert».

On peut remarquer d’ailleurs l’emploi constant de la préposition «dans» (v.

6, 7, 8, 9, 12) qui suggère l’union, la symbiose même, entre l’homme et la nature qui lui sert en quelque sorte d’écrin, idée soulignée par la rime homonymique (nue / nue) renvoyant à l’homme et au paysage.

Rimbaud construit son tableau de façon à en renforcer l’harmonie: aux lignes horizontales de la rivière, de la terre couverte de verdure et de fleurs répondent les lignes verticales des rayons du soleil («la lumière pleut») de «la montagne fière»; ces les lignes droites s’harmonisent elles-mêmes avec les courbes fantasques de la rivière ou des herbes et du cresson.

Le champ lexical de la lumière est dominant dans ce tableau (soleil (2 fois), luit, rayons, lumière») et offre ainsi une vision très positive d’une nature éclatante.

Rimbaud fait appel également aux sens de la vue avec la lumière et les couleurs («cresson bleu», «lit vert», «glaïeuls»), l’ouïe(«chante»), l’odorat(«parfums»), le toucher(«frais», «mousse», «baignant»).

Les sens se mêlent entre eux pour accroître l’impression de plénitude et de bien-être par le phénomène des synesthésies (associations de sensations différentes): les deux images «la lumière pleut» et «mousse de rayons» associent ainsi vue et toucher, donnant une sorte de consistance palpable à la lumière.

De même, cette extrême sensibilité est encore accentuée par les allitérations, comme celle en [f]et [s]au vers 11 («Les parfums ne font pas frissonner sa narine»).

Cet appel aux sens renforce la plénitude de vie qui semble se dégager de ce paysage: c’est une nature fertilisée par la présence de l’eau et du soleil, où tout pousse avec exubérance: les «herbes» (2 fois), le «cresson», les «glaïeuls»...

Les éléments du paysage sont constamment personnifiés, accentuant l’impression de vie qui l’anime par de nombreux verbes: «chante», «accrochant», «mousse», «pleut».

Les adjectifs et adverbes comme «fière» ou «follement» leur donnent des caractéristiques psychologiques, ce qui les rapproche encore de l’être humain.

Le bel oxymore «haillons / D’argent» mis en valeur par le rejet surprenant montre même une nature qui rejoins les goûts du poète pour la bohème, où les haillons de la pauvreté peuvent se transformer en tissu d’argent...

Finalement, cette nature pourrait être une sorte de miroir du jeune homme qui s’y trouve, animé par le même désir de vie, de lumière et de sensualité...Cette nature marquée positivement tout au long du texte, d’où se dégagent des impressions d’harmonie, de bien- être, de protection, de vie exubérante, renforce évidemment l’effet de contraste violent du dernier vers qui va faire surgir l’horreur et la mort au milieu de ce tableau idyllique. III.

Un personnage vulnérable Le soldat n’apparaît qu’au second quatrain; on peut remarquer d’ailleurs la composition rigoureuse du texte qui obéit à une sorte d’effet de zoom, montrant d’abord le cadre du «petit val», puis se rapprochant sur le soldat, son allure générale et sa posture, pour se focaliser ensuite sur son visage («souriant», «sa narine»), et enfin sur la découverte macabre du dernier vers.

Rimbaud insiste tout au long du texte sur la vulnérabilité du personnage: il est présenté d’emblée comme «jeune», précision renforcée ensuite par la comparaison «comme [...] un enfant malade»; il n’a aucune arme, même pas de casque sur sa «tête nue».

Son attitude révèle un abandon total puisqu’il «dort»: ce verbe, répété 3 fois, apparaît au vers 7 en position de rejet, ce qui insiste sur son côté inattendu, puisque ce n’est pas le comportement le plus souvent décrit d’un soldat! La vision du sommeil est vraiment omniprésente voire envahissante dans ce texte: le verbe dormir apparaît dans chacune des trois dernières strophes, relayé encore par d’autres expressions: «il est étendu», «son lit vert», «il fait un somme».

Le personnage n’est sujet d’aucun verbe d’action, mais de verbes d’état: «dort», «est étendu», «souriant», «fait un somme», «il a froid».

Rimbaud choisit également d’évoquer ici dans son personnage les parties du corps les plus vulnérables: la bouche, la tête, la nuque, la poitrine.

Ce personnage apparaît donc comme l’antithèse d’un soldat: il n’a pas d’arme offensive, ni même de protection, il est vulnérable comme un enfant, endormi profondément; il ne représente aucune danger,. »

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