Le libertinage dans DOM JUAN de MOLIERE
Publié le 05/08/2014
Extrait du document

Le libertinage
Pour mieux situer le courant libertin, et montrer que Dom
Juan n'en offre qu'un aspect bien souvent caricatural. il a
semblé utile d'exposer sommairement la doctrine, en
réunissant quelques textes de ses principaux représentants,
comme illustrations des thèmes essentiels qui la caractérisent.
Le matérialisme
Le fondement même de la pensée libertine est le matérialisme.
Tous les libertins s'y réfèrent, se divisant par ailleurs
en ce qui concerne les modalités d'application. Matérialisme
vitaliste, atomiste ou mécanique, les interprétations sont
nombreuses. Parmi les plus intéressantes, apparaît sans
conteste celle de Cyrano de Bergerac qui, s'appuyant sur
Épicure, voit le monde formé d'atomes qui, se joignant selon
les lois de la mécanique, et sous l'impulsion de la force du
«feu«, élément de construction et de destruction, rendent
compte de l'agencement de l'univers. Conception reposant
sur la logique qui permet de faire l'économie de Dieu, et de
donner une explication cohérente du hasard :

«
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ronds, d'autres ovales, qui tous agissent diversement,
chacun selon sa figure : et qu'ainsi ne soit, posez une boule d'ivoire fort ronde sur un lieu fort uni, la moindre impression que vous lui donnerez, elle sera demi-quart d'heure sans s'arrêter.
J'ajoute que si elle était aussi parfaitement ronde comme le sont quelques-uns de ces Atomes dont je parle, elle ne s'arrêterait jamais.
Si donc l'art est capable d'incliner un corps au mouvement perpétuel, pourquoi ne croirons-nous pas que la Nature le puisse faire? Il en va de même des autres figures :
l'une, comme la carrée, demande le repos perpétuel, d'autres un mouvement de côté, d'autres un demi mouvement, comme de trépidation; et la ronde, dont l'être est de se remuer, venant à se joindre à la pyrami dale, fait peut-être ce que nous appelons le feu, parce que
non seulement le feu s'agite sans se reposer, mais perce et pénètre facilement [.
..
].
Or le feu, qui est le construc teur et destructeur des parties et du tout de l'Univers, a
poussé et ramassé dans un chêne la quantité des figures nécessaires à composer ce chêne.
Mais, me direz-vous, comment le hasard peut-il avoir assemblé en un lieu toutes les choses qui étaient nécessaires à produire ce
chêne? Je réponds que ce n'est pas merveille que la Matière ainsi disposée ait formé un chêne, mais que la
merveille eût été bien grande si la Matière ainsi disposée, le chêne n'eût pas été formé [ ...
] Quand ayant jeté trois
dés sur une table, il arrive une rafle de deux, ou bien
trois, quatre et cinq, ou bien deux, six et un, direz-vous : « 0 le grand miracle! à chaque dé, il est arrivé même point, tant d'autres points pouvant arriver [.
..
] »? Je suis
très assuré qu'étant homme d'esprit, vous ne ferez point ces exclamations; car puisqu'il n'y a sur les dés qu'une certaine quantité de nombres, il est impossible qu'il n'en
arrive quelqu'un.
Vous vous étonnez comment cette Matière, brouillée pêle-mêle au gré du hasard, peut avoir constitué un homme, vu qu'il y avait tant de choses
nécessaires à la construction de son être? Mais vous ne
savez pas que cent millions de fois cette Matière, s'acheminant au dessein d'un homme, s'est arrêtée à former tantôt une pierre, tantôt du plomb, tantôt du corail, tantôt une fleur, tantôt une comète, pour le trop ou le trop peu de certaines figures qu'il fallait ou ne fallait pas à désigner un homme, si bien que ce n'est pas merveille qu'entre une infinie quantité de Matière qui.
»
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