Le loup et l'agneau de La Fontaine et Jean Christophe de Romain Roland

« En effet, dans les deux situations l’issue ne fait aucun doute.

Aussi qu’importent les arguments rationnels et sincères de l’agneau ou la vaine rébellion du petit garçon, ces personnages sont condamnés de par leur caste.

Si le loup cherche à instaurer un discours, c’est pour justifier la violence dont il fait preuve.

A la fin, la résignation de l’enfant se caractérise par le paradoxe : « Il était perdu.

Tant mieux ! »De même, l’agneau ne cherche plus à argumenter face au loup et ses réponses se font de plus en plus courtes.

Tous deux constatent l’implacable réalité, la terrible fatalité dont leur condition est la cause.

Cette tonalité tragique est d’ailleurs soulignée chez Lafontaine par la présence atypique d’une morale au début et non à la fin de la fable. Bien qu’écrits à des époques différentes, ces deux récits reflètent des préoccupations sociales identiques.

La figure du tyran inique nous est dépeinte et l’oppression des plus faibles est présentée comme une fatalité.

L’emploi des registres pathétiques et tragiques vise à émouvoir le lecteur face à un constat insupportable.

La mise en perspective des deux textes montre que le changement de régime politique n’a pas résolu cet état de fait ce qui nous conduit à nous demander si il s’agit d’une caractéristique propre à l’espèce humaine ou si une transformation est possible.. »