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LE LOUP ET LE CHIEN (FABLES DE LA FONTAINE) - COMMENTAIRE

Publié le 06/05/2011

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fontaine

A Le dialogue et la peinture des caractères

1 Le dialogue existait déjà chez Phèdre, qui est ici la source principale de La Fontaine, et il était même plus développé que chez notre fabuliste. Mais ce dialogue languissait, il manquait de nerf : La Fontaine prend le parti d'en résumer tout le début et de nous faire vivre par les yeux du Loup le début de la rencontre. Ce sont deux ennemis qui tombent par hasard l'un sur l'autre au détour d'un chemin, il ne faut pas l'oublier : non seulement parce que le chien est au service de l'homme et qu'il lui prête son concours pour la garde des troupeaux, mais surtout parce que, selon l'expression de Buffon, le loup et le chien sont « antipathiques par nature, ennemis par instinct «; plus encore que la brebis, c'est le chien qui est la proie préférée du loup, La Fontaine ne l'ignore pas. 

fontaine

« v.

10 en -ment relie la phrase à la précédente (rime en -ment du v.

9), tandis qu'au v.

12 la rime en -ire jette unpont vers ce qui va suivre : unité logique du discours et unité musicale des rimes ne coïncident pas, et ainsi lepoème en acquiert plus de « fondu », une plus grande harmonie intérieure. 3 La Fontaine utilise également les coupes et les rejets pourdonner à l'expression plus de relief et faire passer dans le langage toute la spontanéité de la vie.

La forte coupe duy.

5 permet de détacher le premier réflexe du Loup, celles des v.

17 et 19 marquent le sentiment de supériorité duChien; c'est surtout aux v.

33-35 que les coupes et le rythme haletant des vers sont particulièrement suggestifs;au v.

36 la césure met en relief le cri de stupeur et d'horreur du Loup : Attaché?, tandis qu'au vers suivant le rejet(où vous voulez) détache toute la leçon morale de la fable. C Deux conceptions du bonheur La Fontaine met en scène dans les personnages du Loup et du Chien deux représentations opposées du bonheur.

LeChien est un animal domestique; tout son bonheur lui vient d'autrui, des gens de la maison : force reliefs d'un côté,mainte caresse de l'autre.

On achète ses services et sa soumission au prix d'avantages matériels et d'un peud'affection; mais dans tout le discours du Chien, on sent que c'est surtout la facilité de vie, les bons repas, lachaleur du coin du feu qui le retiennent auprès de son maître : attachement vénal qui ne fait pas honneur à la bête.La Fontaine n'insiste pas du tout dans cette fable (il le fera dans d'autres) sur la fidélité à toute épreuve du Chienet sur son attachement indéfectible à son maître : mais aussi c'est un langage que n'aurait pas compris cette bêtefoncièrement sauvage qu'est le Loup.

La preuve en est que le Loup n'a pas saisi du premier coup les deux termes ducontrat : il n'a retenu d'abord que les avantages de la servitude, cette félicité qui le fait pleurer de tendresse.

Apeine discerne-t-il la marque du collier — cette atteinte à l'intégrité du corps, cette marque d'infamie, ce signematériel de l'asservissement à l'homme —qu'il s'affole : et lorsqu'il comprend que toute cette félicité se paye dusacrifice de la liberté, son choix est aussitôt fait.Il est significatif que dans sa façon de présenter le dénouement de sa fable La Fontaine prenne nettement le partidu Loup; lui qui a été domestique de Fouquet et toute sa vie attaché à divers protecteurs, qui a donc connu, aumoins à l'époque de Vaux, une certaine forme de dépendance, alors que par tempérament il était si attaché à saliberté et avait une telle horreur des contraintes, il n'est pas étonnant qu'il fasse sienne la réaction du Loup : pourlui aussi la liberté passe avant tout et vaut plus qu'un trésor.. »

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