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Le Lyrisme au XVIIe siècle

Publié le 13/02/2012

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Expliquez cette parole de Mme de Staël, en 1800 : « Nos meilleurs poètes lyriques en France, ce sont peut-être nos grands prosateurs : Bossuet, Pascal, Fénelon. « 

Il est admis aujourd'hui, que·le lyrisme est le fond même de toute poésie et qu'il demeure indépehdant, en son essence, du rythme et de la rime. Il

est comme la vibration qu'impriment à une âme les grandes idées qui peuvent l'émouvoir : Dieu, la religion, l'humanité, la patrie, la famille, les vicissitudes et le terme de notre existence, les passions qUi nous soulèvent, enfin l'univers matériel avec les spectacles gracieux ou terribles qu'il présente.

En 1800, on ne pensait pàs ainsi en France; et l'on ne tenait pour lyriques que les seuls morceaux littéraires rimés. et divisés en strophes ou stances.

« refiete, comme le montre cette grandiose Elevation sur les Mapes (xvii' se- maine, 3e elev.).

C'est en lui une tournure d'esprit de regarder les choses par les images :la vie est « une eau courante ); I'Angleterre est 4 plus agitee que l'Ocean ); le monde est 4 trempe par le deluge >.

Cette imagi- nation si riche, si capable d'elan et de fougue, a cela de particulier qu'elle- rajeunit les metaphores les plus communes, temoin cette apostrophe auL nations, dans le Discours sur l'Hlstoire universelle : e Marche! Marche!...

> Pour Bossuet, Alger est 1 un nid de pirates 2, et it l'apostrophe; la Pologne est e la proie de Charles Gustave 3., qui s'elance « comme un lion fa- rouche 3..

Par la, tout s'anime chez l'ecrivain; les termes abstraits deviennent concrets.

Ainsi, dans la periode souvent citee :« Soit qu'Il (Dieu) commu- nique sa puissance aux grands, soit gull la leur retire...

3., on voit la maim qui plane, qui soutient les princes ou les abandonne a leur faiblesse.

Cette- imagination est imperieuse; elle domine parfois tout le discours, comme dans l'admirable oraison funebre d'Henriette d'Angleterre, oil tout °bell a la logique des images.

Du haut de la chaire, Bossuet voit deux objets qui lui suggerent ses idees; l'un lui apprend le 'leant de l'homme, c'est la Mort 0 mort! je to rends graces des lumieres...

0 mort! eloigne-toi de notre- pensee...

» ; l'autre lui revele notre grandeur, c'est l'Eternite.

Enfin, chez le- grand orateur, l'imagination est assujettie a la raison : it rejette les images si leur concours devient inutile ou dangereux; it les accueille quand elle saisissent plus fortement les auditeurs de la verite proposee. L'imagination de Pascal a les memes caracteres, avec quelque chose de- plus brusque, de plus etonnant et qui, selon le mot de Montaigne, « nous fiert d'une plus vive secousse 3..

Par les images, it nous donne twit& comme la vision de l'illimite, de l'infini :« Que l'homme contemple done la nature entiere dans sa haute et pleine majeste...

qu'il regarde cette eclatante lu- miere mise comme une lampe eternelle pour eclairer l'univers...

» Tantot aussi, it represente par les images l'objet comme stable et immobile : « Le silence eternel de ces espaces infinis ni'effraie...

Quelque belle qu'ait ete, la comedic, la fin est sanglante; on jette de la terre sur la tete et en voila: pour jamais.

) Rarement toutefois cette imagination rencontre la grace;; Presque toujours, et d'un coup d'aile, elle atteint le sublime. ** Chez le lyrique, l'imagination feconde doit s'associer a tine ardente sen- sibility; c'est ce que nous admirons en Bossuet.

Tantot it procede par saillies vives et impetueuses Vive Dieu!...

Vive l'Eternel!...

Mon grand Apotre!...

tantot, comme dans les Elevations sur les Mysteres, c'est une priere vibrante qui s'eleve et plane sur les hauteurs.

II y aurait lieu d'etudier a ce point de vue les Elevations sur les actes de foi et d'amour en toutes choses (III° semaine, elev.) et sur Jesus-Christ devant taus les temps- (XI semaine, 12° elev.); on y admirerait comment I'enthousiasme de Bos- suet rappelle, dans son expression, le parallelisme du style hebraique et comment le rythme s'epanche en larges nappes, regulieres et variees a la kis, qui rappellent l'ordonnance de l'ode pindarique.

Isale et les grands repre- sentants du prophetisme hebreu peuvent seuls lui etre compares. reflète, comme le montre cette grandiose Elévation sur les Mages (xvii• se­ maine, 3" élév.).

C'est en lui une tournure d'esprit de regarder les choses par les images : la vie est « une eau courante :.

; l'Angleterre est « plus.

agitée que l'Océan :.

; le monde est « trempé par le déluge :.

.

Cette imagi-­ nation si riche, si capable d'élan.

et de fougue, a cela de particulier qu'elle· rajeunit les métaphores les plus communes, témoin cette apostrophe aux.

nations, dans le Discours sur l'Histoire universelle : « Marche! Marche!.

..

>· Pour Bossuet, Alger est « un nid de pirates :.

et il l'apostrophe; la Pologne­ est « la proie de Charles Gustave :.

, qui s'élance « comme un lion fa­ rouche :.

.

Par là, tout s'anime chez l'écrivain; les termes abstraits deviennent concrets.

Ainsi, dans la période souvent citée : « Soit qu'Il (Dieu) commu­ nique sa puissance aux grands, soit qu'Il la leur retire...

:.

, on voit la maint qui plane, qui soutient les princes ou les abandonne à leur faiblesse.

Cette­ ima~nation.

est impérieuse; elle domine parfois tout le discours, comme­ dans l'admirable oraison.

funèbre d'Henriette d'Angleterre, où tout obéit: à la logique des images.

Du haut de la chaire, Bossuet voit deux objets qui.

lui suggèrent ses idées; l'un lui apprend le néant de l'homme, c'est la Mort ~ « 0 mort 1 je te rends grâces des lumières...

0 mort 1 éloigne-toi de notre: pensée ...

:.

; l'autre lui révèle notre grandeur, c'est l'Eternité.

Enfin, chez le­ grand orateur, l'imagination est assujettie à la raison : il rejette les images.

si leur concours devient inutile ou dangereux; il les accueille quand elles.

.

saisissent plus fortement les auditeurs de la vérité proposée.

L'imagination ,de Pascal a les mêmes caractères, avec quelque chose de­ plus brusque; de plus étonnant et qui,.

selon ie mot de Montaigne, « nous fiert d'~ne plus vive sécousse .:.

• Par les images, il nous donne tantôt comme la vision de l'illimité, de l'infini : « Que l'homme contemple donc la nature entière dans sa haute et pleine majesté., ..

qu'il regarde cette éclatante lu­ mière mise comme une lampe éternelle pour éclairer l'univers ....

:.

Tantôt.

aussi, il représente ,par les images l'objet comme stable et immobile : « Le­ silence éternel de ·CeS espaces infinis m'effraie.,.

Quelciue belle qu'ait été· la comédie, la fin est sanglante;.

on jette de la.

terre sur la t~tè et en voilàt pour jamais.

» Rarement toutefois cette imagination rencontre la gdce;;.

presque toujours, et d'un coup d'aile, elle atteint lè.

sublime.

* ** Chez le iyrique, l'imagination féc~ndè' .doit ·s'associer à une ardente sen­ sibilité; c'est ce que nous admirons en Bossuet; Tantôt il procède par saillies vives et impétueuses : « Vive Dieu~ ...

Vive l'Eternel! ...

Mon grand Apôtre! ...

», tantôt, comme dans les Elévations sur.

les Mystères, c'est une· prière vibrante qui s'élève et plane sur les hauteurs.

Il y aurait lieu d'étudier à ce point de vue les Elévations sur les actes de foi et d'amour en· toutes choses (III• semaine, '6" élév.) et sur Jésus-Christ devant tous les temps­ (XII• semaine, 12• élév.); on y admirerait comment l'enthousiasme de Bos-· suet rappelle, dans son expression, le parallélisme du style hébraïque et comment le rythme s'épanche en larges nappes, régulières et variées à la fois ...

qui rappellent l'ordonnance tle l'ol;le pindarique.

Isaie et les grands repré­ sentants du prophétisme hébreu peuvent seuls lui être comparés.. »

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