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Le merveilleux dans La Charrette

Publié le 04/08/2014

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Le merveilleux dans La Charrette

Comme souvent chez Chrétien de Troyes, une certaine ambiguïté plane sur

le Chevalier de la Charrette : il est d'emblée apparent que le roman est tout

rempli de « merveilleux «, mais il est difficile en même temps de mettre le

doigt sur des éléments spécifiquement surnaturels.

« .E X P O· $ t S F f C H Ê S conduite par un nain peu courtois fournit au chevalier l'occasion de retrouver la trace de sa dame, sans que l'on explique jamais comment et pourquoi le nain est au courant de l'aventure.

De manière analogue, la reine prétend avoir d'abord mal accueilli son libérateur parce qu'il a hésité, au mépris du code courtois, avant de monter sur la charrette : mais rien n'est dit sur la façon dont elle a appris ce détail, alors qu'elle se trouvait à des lieues de là, sous la garde de Méléagant.

De nombreux personnages apparaissent et disparaissent aux carrefours de la fiction, pour dispenser conseils et renseignements, ou pour réclamer un « don en blanc» (c'est-à-dire qu'ils exigent un« don» sans en préciser la nature, et ceux qui leur accordent cette faveur sont tenus de s'exécuter, même au prix de leur vie et de leur honneur ; on appelle aussi ce principe « don contraignant ») ou un péage.

Ils détiennent en général un savoir supérieur à celui du lecteur, qui leur permet de gui­ der le héros, ou de lui faire obstacle.

Le récit se développe à partir d'annonces qui se réalisent dans la suite, de séquences à valeur symbolique qui reposent sur une connaissance des enjeux dont sont exclus aussi bien le personnage principal que le lecteur.

~ Ill -MERVEILLEUX ET ALLÉGORIE : LE ROYAUME DE GORRE Le Chevalier à la charrette repose tout entier sur un substrat* mythique qui ne se fond que partiellement dans !'argument apparent, celui qui est fondé sur la pro­ blématique courtoise et l'histoire du couple adultère formé par Lancelot et la reine.

Derrière la quête amoureuse et l'aventure individuelle se dessine un schéma mes­ sianique*, selon lequel un héros élu libère tous les prisonniers du « Pays dont on ne revient jamais ».

Il est clair que le royaume de Gorre, sur lequel règnent les deux figures complémentaires de Baudemagu, le roi juste, et de Méléagant, le guerrier cruel et impitoyable, n'est autre que le royaume de la mort.

Entre Logres et Gorre coule une rivière qui ressemble étrangement au Styx.

En effet, ce ne sont pas seulement les modèles celtiques qui informent le récit de Chrétien de Troyes, mais aussi des réminiscences classiques.

La quête de Lancelot est passible d'une triple lecture: c'est d'abord le récit litté­ ral, et fantastique, d'un voyage dans I' Autre Monde, signalé comme tel par toute sorte de petits détails indiquant la qualité surnaturelle de l'aventure; ensuite, l'inter­ prétation courtoise, qui fait de ce voyage l'illustration du pouvoir de l'amour.

Et parallèlement, une seconde interprétation fait de Lancelot une figure christique, qui descend aux Enfers pour libérer non seulement la reine, symbole peut-être de l'âme humaine, mais encore tous les prisonniers du royaume de Gorre, c'est-à-dire tous les hommes tombés entre les griffes du diable incarné par Méléagant.

Conclusion : Ainsi, La Charrette réussit à concilier non seulement le goût du xne siècle pour le merveilleux et son intérêt propre pour le réalisme et la « rationalisation », mais encore à faire coexister de façon éclairante le surnaturel celtique et les modèles mythiques antiques ou chrétiens.. »

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