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Le merveilleux dans Le Chevalier de la charrette de Chrétien de Troyes

Publié le 23/12/2019

Extrait du document

Une fonction dramatique 

La quête chevaleresque a pour cadre l'Autre Monde, souvent figuré par l'espace de la forêt, lieu des rencontres surnaturelles. Lancelot y progresse d'aventures en aventures; son chemin est jalonné d'épreuves merveilleuses: le lit défendu, le gué périlleux, le Pont de l'Épée ... Dans ce monde étrange, le héros rencontre des guides, des messagers de l'Autre Monde. Le nain à la charrette représente pour Lancelot la première confrontation avec l'univers surnaturel. Les nombreuses demoiselles croisées ensuite sur la route sont pour lui autant de conseillères qui l'aident à mener à bien sa quête. L'une d'entre elles lui indique les deux voies d'accès au pays de Gorre; une autre, très entreprenante, consent à l'accompagner dans sa recherche; une autre encore l'invite à décapiter le chevalier orgueilleux. Auxiliaires du héros, comme dans les contes, les demoiselles semblent bien être des personnages de féerie. Épreuves et rencontres merveilleuses permettent donc au récit de progresser en respectant les étapes nécessaires de la quête. L'écriture de l'aventure suit les voies mystérieuses du surnaturel, mais parfois avec un certain recul. 

1

La rationalisation du merveilleux 

Chrétien de Troyes prend souvent une distance ironique par rapport aux meNeilles qu'il décrit. Prenons deux exemples tout à fait révélateurs. Lorsque Lancelot et son compagnon se trouvent enfermés dans la forteresse-prison, ils se croient « le jouet de quelque enchantement» (v. 2334). Lancelot décide alors d'utiliser l'anneau magique de la fée. A cet instant du récit, plusieurs éléments viennent neutraliser l'effet de meNeilleux. D'abord, l'anneau n'a pas - comme dans un autre roman de Chrétien, Le Chevalier au lion - la vertu de rendre invisible, mais seulement celle de «défaire l'enchantement» (v. 2338), ce qui peut paraître décevant. De plus, Lancelot utilise en vain cet auxiliaire magique

« Cette fée maternelle et secourable est associée à un objet magique, l'anneau, qui permet à Lancelot de dissiper les enchantements maléfiques, dès qu'il le regarde.

L'allusion à la fée est brève et il semble bien que le romancier se réfère ici à une tradition légendaire connue, issue du folklore ou du mythe.

Il s'agit du thème de l'enfance féerique du héros qui sera repris et développé au x111e siècle.

Les continuateurs insisteront sur l'élément aquatique de la légende: la fée, qui a pris soin de Lancelot pendant son enfance au fond d'un lac, deviendra la dame du lac.

Tout comme la fée, les nains et les géants viennent de !'Autre Monde.

Lancelot rencontre deux nains : le premier conduit la charrette (v.

347), le second surgit à la fin du récit (v.

5059) pour enlever le héros.

Le nain est un messager de l'au-delà marqué par l'étrangeté: sa petitesse, sa laideur en font un monstre contre nature.

Le second nain, le traître, est envoyé par Méléagant qui semble, lui aussi, appartenir à !'Autre Monde.

La haute taille de Méléagant (v.

558 et 638) le rapproche des géants, dont le caractère est souvent per­ verti par la grandeur hors norme.

Mais, plus encore qu'aux personnages, la merveille, dans Le Chevalier de la charrette, est attachée aux lieux.

Les lieux enchantés Certains lieux sont le théâtre de phénomènes étranges, que Chrétien de Troyes qualifie d' «enchantements» 1 .

Les îlots d'enchantement sont souvent des châteaux, dans les­ quels Lancelot assiste à des phénomènes surprenants.

C'est le château mystérieusement vide de l'étrange demoiselle (v.

971 et suivants), ou bien la forteresse dont les portes se referment comme un piège sur le héros et ses compagnons (v.

2327 et suivants).

C'est la demeure d'une autre demoi­ selle, dans laquelle un lit extraordinaire est embrasé à minuit par une lance enflammée jaillie du toit (v.

515 et suivants)! L'.enchantement est aussi associé à l'eau 2 , dans le fameux 1.

L'enchantement est l'art d'opérer des prodiges ou de pratiquer des sortilèges.

2.

L'eau, dans les romans arthuriens, marque la présence de l'uni­ vers féerique.

119. »

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