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Le personnage de Bérénice

Publié le 14/03/2020

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Pourtant, cette image de Titus s'est complètement effacée aux yeux de Bérénice pendant toute la durée de son séjour à Rome. Elle n'a vu alors en lui que l'amoureux. Mais Titus est devenu empereur à la mort de Vespasien ; cette dimension politique du personnage est pour Bérénice incompatible avec la nature exclusive de ses propres sentiments. Puisqu'elle est seulement une amoureuse, tout ce qui est extérieur à son amour s'impose à elle contre sa volonté. La pureté de ses sentiments la place donc en position de victime et en fait un personnage tragique à part entière.

« tiques aussi peut-être, rendent la séparation difficile à Bérénice.

L'historien romain Suétone lui attribue d'ailleurs l'adjectif « invitam » (malgré elle) juste après avoir utilisé « invitus » pour Titus 1.

Précisément, pour Bérénice, Racine s'est inspiré de la vie de Titus écrite par Suétone.

Quelques lignes seulement y sont consacrées à Bérénice, en particulier celles où Suétone associe implicitement Bérénice aux débauches de Titus : « On en pensait autant de ses mœurs, à cause de ses hordes de mignons et d'eunuques et aussi en raison de son amour connu de tous pour la reine Bérénice à qui même, dit-on, il avait promis le mariage.» Racine a gommé cet aspect du personnage de Bérénice.

Il en a fait une femme d'une haute élévation morale qui exerce une grande influence sur Titus (v.

516-518).

Il en a fait une grande amoureuse.

C'est pour­ quoi la séparation entre elle et Titus prend un caractère si dramatique.

Le caractère dramatique de cette séparation pouvait, en outre, pour le spectateur de 1670, s'enrichir du souvenir de la séparation, une dizaine d'années auparavant, de Louis XIV et de Marie Mancini.

Bérénice et Marie Mancini On a parfois fait de Bérénice une pièce à clefs où Titus serait Louis XIV et Bérénice Marie Mancini : on se rappelle que Louis XIV, pourtant passionnément amoureux d'elle, avait dû renoncer à l'épouser puisqu'on lui imposait le mariage avec l'infante d'Espagne; une telle interprétation, très limi­ tative, de la pièce de Racine est peu plausible.

Toutefois, le souvenir de cette royale histoire d'amour et de pouvoir était encore présent dans les esprits.

Les spectateurs pouvaient donc projeter sur les deux personnages littéraires des carac­ tères empruntés à l'époque même du xvIIe siècle.

Dans ce sens, Bérénice a pu bénéficier de l'extrême jeu­ nesse de Marie Mancini, puisque Racine reste totalement discret sur l'âge de ses personnages; la pureté et la séduc­ tion de Bérénice s'en trouvaient ainsi renforcées.

1.

Voir ci-dessus p.

31 le texte de Suétone.. »

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