Le personnage de DRACULA

« ces personnages apparurent en effet au même moment, entre 1931 et 1933.En amont de ces contextes culturels, le vampire est porteur d'un symbolisme qui explique aussi son succès, enparticulier auprès d'un certain public : un symbolisme sexuel.

La morsure du vampire est domination.

Le monstre se maintientvivant en suçant le sang de sa victime, en absorbant sa substance vitale.

Dracula se régénère en détruisant cellequ'il approche.

Cette morsure fatale est à la fois redoutée et attendue par les jeunes femmes qui vont la subir, cequi correspond à une attitude face à la perte de virginité.

Le personnage de Dracula est aussi chargé d'une fortepuissance de séduction.

Il est pour sa victime le conquérant invincible, celui dont l'étreinte devient inévitable, voiredésirable.

C'est sur cette fascination un peu morbide, sur cette ambivalence attraction/répulsion correspondant ausentiment que peuvent nous inspirer la nuit, le vide ou la mort, que jouent la plupart des metteurs en scène quis'intéressent d'une façon ou d'une autre au mythe de Dracula.r Succès et avatarsSi, à sa parution, le roman n'eut pas grand succès auprès des critiques, on compte que, depuis le Dracula de BramStoker et le Nosferatu de Murnau, environ 220 films, une trentaine de romans et plus de 100 récits, pièces dethéâtre ou séries télévisées ont vu le jour sur le thème du vampire.Il semble que le premier vampire de cinéma soit dû au Français Georges Méliès avec Le Manoir du Diable, réalisé en1897.

Le sujet a été traité sur le mode de l'horreur (Le Cauchemar de Dracula), du fantastique (Vampyr), del'érotisme (Tendre Dracula), de l'universalité (Blacula, le vampire noir), du comique pur (Dracula, père et fils) etmême de l'hommage délirant avec le film-culte The Rocky Horror Picture Show, qui agglomère joyeusement tous lesponcifs du cinéma fantastique.

L'adaptation la plus récente est le Dracula de l'Américain Francis Ford Coppola(1993), qui ajoute au roman de Stoker l'arrière-plan historique du personnage de Vlad Tepes.L'un des plus célèbres acteurs dans le rôle de Dracula reste le Britannique Christopher Lee, qui l'incarna dix fois enquinze ans.Enfin, en marge des nombreux « Dracula », il faut signaler le remake de Nosferatu réalisé par le fameux metteur enscène Werner Herzog en 1978, et la parodie réalisée en 1968 par Roman Polanski : Le Bal des vampires. Anecdotes diverses En 1878, Bram Stoker rencontra à Londres la jeune Florence Balcombe, en tomba amoureux et réussit à laconvaincre de quitter pour lui son fiancé, le poète Oscar Wilde...

Stoker était chroniqueur dramatique lorsqu'il écrivitDracula et la tradition veut qu'il se soit inspiré, pour le portrait du comte, d'un acteur de l'époque, Henry Irving,surnommé « l'homme vampire ».La tentative d'adaptation par Murnau du roman de Bram Stoker finit par déboucher sur une impasse, la veuve del'écrivain émettant des prétentions excessives.

Aussi le réalisateur démarqua-t-il purement et simplement l'histoire...C'est ainsi que Dracula devint le Comte Orlock et que Jonathan Harker prit le nom de Hutter.

Ces changements nesuffirent évidemment pas et la justice, saisie de l'affaire, ordonna la destruction du film.

Seules quelques copies,sauvées du désastre, furent retrouvées dix ans plus tard.L'un des premiers tenants du rôle, l'acteur Bela Lugosi, interpréta le personnage du comte vampire dans la versionhollywoodienne de Tod Browning, réalisée en 1931.

Le poids du rôle fut tel pour lui qu'il ne s'en remit jamaisvraiment...

A la fin de sa vie, il dormait dans un cercueil et sortait, à la tombée du jour, enveloppé dans une grandecape noire.. »