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Le personnage de Mackie-le-surineur

Publié le 22/02/2012

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Bertolt Brecht est né à Augsbourg, en Allemagne, en 1898. Il commence des études de médecine et fait la guerre de 14-18 comme infirmier dans l'hôpital de sa ville natale. Marxiste convaincu, il participe au mouvement révolutionnaire spartakiste; mais l'échec de l'insurrection de 1919 et les assassinats des dirigeants, Karl Liebknecht et Rosa Luxemburg, le dégoûtent de l'action politique. Brecht écrit ses premières pièces (Tambours dans la nuit, Baal...) et, à partir de 1924, travaille à Berlin au Deutsches Theater. C'est là qu'il élabore ses principes théâtraux et ce qu'il appelle le « théâtre épique ». Bertolt Brecht refuse en effet la conception classique du théâtre, suivant laquelle le spectateur doit croire à l'action et s'identifier à tel ou tel personnage. Le théâtre, selon lui, ne doit plus être le lieu où le public se « purge » de ses émotions, mais au contraire le prétexte à une réflexion pouvant déboucher sur l'adhésion et la volonté d'action.

« qui arrive dans le théâtre n'est pas la réalité.

D'où l'emploi fréquent de panneaux, de chants venant interromprel'action et la commenter, ou de scènes aussi ahurissantes que celle de l'arrivée finale d'un messager royal.Avec L'Opéra de quat'sous, Brecht dénonce sous le masque des gangsters et des gueux la société bourgeoise deson époque.

Le décalage vient de ce qu'il présente voleurs et assassins non pas comme des monstres ou des gensméprisables, mais au contraire comme des hommes d'affaires, des gestionnaires avisés et, comme il l'écrit lui-même,« des gens posés, (...) affables en dehors de leur travail ».

Du reste, lebandit et le chef de la police ne marchent-ils pas main dans la main ?Aussi, très vite, l'analogie fonctionne dans les deux sens : si les bandits sont de bons bourgeois, c'est peut-être queles bons bourgeois sont des bandits...

Macheath ne se prive d'ailleurs pas de le dire : «Qu'est-ce que le cambriolage d'une banque, comparé à la fondation d'une banque? Qu'est-ce que tuer un homme,comparé au fait de lui donner un travail rétribué ? » Macheath est donc en réalité un entrepreneur, le fondateur d'une petite affaire qui ne marche pas mal.

Il exploiteses complices en s'attribuant non seulement le produit de leur vol, mais aussi leurs crimes, comme un professeurd'université signe les travaux de ses assistants.

Et il les dénonce, comme un chef d'entreprise licencie sonpersonnel.Macheath rêve de s'élever dans l'échelle sociale et son mariage avec Polly Peachum représente pour lui une réellepromotion.

Car Jeremiah Peachum, lui, est un gros chef d'entreprise, un capitaine d'industrie dont les affaires ontune ampleur très supérieure à celle de « Mackie-le-surineur ». Ainsi, par le procédé du travestissement, Brecht nous livre avec son histoire de bandits une violente satire de sonépoque. Les origines Pour composer L'Opéra de quat'sous, Brecht a adapté assez librement deux pièces écrites au XVIII' siècle parl'auteur anglais John Gay : L'Opéra des gueux (1728) et Polly (1729).Ecrivain satirique féroce, John Gay (1685-1732) dénonça les moeurs sociales et politiques de son temps, s'attaquantparticulièrement au Premier ministre Walpole.

Il était ami de Jonathan Swift, l'auteur des Voyages de Gulliver, qui luisuggéra l'argument de L'Opéra des gueux.

Du point de vue formel, Gay fut le premier à mélanger chant et texteparlé, en greffant des paroles nouvelles (et parodiques) sur des airs connus.Bertolt Brecht a fait plus que s'inspirer de Gay : les situations, les personnages, le procédé des «songs » (balladeschantées) intervenant au milieu de l'action et même la libération finale de Macheath, tout cela se trouve déjà dansL'Opéra des gueux...

Macheath, séducteur amoral et falot, y joue déjà un rôle de critique social.

L'originalité deBrecht a été d'adapter cette oeuvre à la situation économique de l'Allemagne moderne, pour en faire le « laboratoire» de ses théories théâtrales. Succès et avatars Apportant un souffle et un ton nouveaux au théâtre de l'époque, L'Opéra de quat'sous eut un grand succès et futporté à l'écran dès 1931.Deux versions furent réalisées, sous la direction de G.W.

Pabst : une allemande et une française, dans laquelle lesrôles de Macheath et Peachum étaient tenus par Albert Préjean et Gaston Modot.

Le film n'est pas entièrementfidèle à la pièce : Macheath n'est pas libéré sur ordre royal, mais s'évade et devient un riche notable.Brecht ne fut pas satisfait de l'adaptation et intenta au producteur un procès, qu'il perdit.

Peu après, le film futinterdit en Allemagne tandis que, de son côté, la censure française exigeait des coupures.

Il connut pourtant unecélébrité mondiale, grâce en particulier aux musiques de Kurt Weill (qui écrirait en 1933, avec Robert Desnos, LaComplainte de Fantômas).A la suite de la pièce, Brecht écrivit une version romancée sous le titre Le Roman de quat'sous.

La critique sociale yest plus virulente, puisque Macheath finit par fonder une banque...En 1932, le cinéaste Fritz Lang réalisa son célèbre film M.

le maudit, dans lequel on retrouve beaucoup d'élémentsde L'Opéra de quat'sous.

En particulier, on note un parallèle constant entre le monde bourgeois des honnêtes genset celui de la pègre, décidée à éliminer un homme qui met du désordre dans «les affaires ».

Le chef des bandits,Schränker, a beaucoup de points communs avec Macheath et l'acteur principal, Peter Lorre, avait été formé parBrecht.Un remake de L'Opéra de quat'sous fut réalisé en 1962 par Wolfgang Staudte, avec Curd Jurgens et Gert Froebedans les rôles de Macheath et Peachum.. »

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