Devoir de Philosophie

Le personnage de MEURSAULT

Publié le 22/02/2012

Extrait du document

L'Etranger est le premier roman d'Albert Camus, Prix Nobel de littérature 1957 et l'un des fondateurs de la philosophie de l'absurde. Né en Algérie en 1913, orphelin de père, Albert Camus commence des études de philosophie interrompues par la tuberculose, puis travaille dans le journalisme. Il publie également des recueils de nouvelles, comme Noces (1938). Installé en France en 1938, il entre en 1940 dans la Résistance et devient en 1944 le rédacteur en chef du journal Combat. Parallèlement, il publie en 1942 un essai, Le Mythe de Sisyphe, et un roman, L'Etranger, qui lui valent la célébrité. Ces deux textes posent les fondements de ce qu'on appellera par la suite la philosophie de l'absurde. Cette philosophie considère que l'existence humaine n'a pas de finalité, ni religieuse ni autre, et par suite aucun sens véritable. Chacun de nous naît par accident, par hasard, et en somme tous les actes se valent.

« célébrité.Ces deux textes posent les fondements de ce qu'on appellera par la suite la philosophie de l'absurde.Cette philosophie considère que l'existence humaine n'a pas de finalité, ni religieuse ni autre, et par suite aucun sensvéritable.

Chacun de nous naît par accident, par hasard, et en somme tous les actes se valent.L'image que donne Camus de cette situation est celle de Sisyphe, criminel grec condamné dans les Enfers à pousseren haut d'une montagne un pesant rocher qui retombe sitôt le sommet atteint.

La vie est un recommencementabsurde, une tâche qu'il faut accomplir et que, pourtant, rien ne justifie.Pour Camus, ce n'est pas l'absurde en soi qui existe, mais le sentiment de l'absurde.

Ce sentiment naît du divorceentre un monde privé de sens et un être, l'homme, qui recherche ce sens dans chacun de ses actes.

Commentréussir à réconcilier les deux? Camus donne une réponse paradoxale : il faut «faire comme si...

» le monde avait unsens, en s'investissant dans chaque acte.

C'est à cette condition que Sisyphe peut dépasser son état et trouver lebonheur.En 1938, le philosophe Jean-Paul Sartre (1905-1980) avait abordé des thèmes similaires avec son roman La Nausée.Il y mettait en scène un homme moyen, Roquentin, découvrant soudain le manque de sens du monde et de la vie engénéral.Les origines de cette conception pessimiste du monde se trouvent dans les écrits de philosophes comme le DanoisSôren Kierkegaard (1813-1855) ou l'Allemand Schopenhauer (1788-1860), qui fut lui-même influencé par lebouddhisme.

On y retrouve aussi des traces de la mystique de Dostoïevski comme des visions tourmentées de FranzKafka (voir les chapitres consacrés à Raskolnikov et à Joseph K.).Tout se vaut donc, et rien n'a de sens.

Telle est bien la cause de l'éclat de colère final de Meursault.

Puisque rienn'a de sens, puisqu'il n'y a pas de signification à la vie, alors tous les hommes et tous les actes pèsent le mêmepoids.

Les hommes sont également perdus ou également sauvés, mais en tout cas tous au même niveau.

Lestentatives de l'aumônier pour « racheter » Meursault sont pour lui incompréhensibles.De façon un peu paradoxale, on peut dire que les héros de l'absurde atteignent une dimension tragique, non pas àcause d'un destin qui les guide malgré eux, mais au contraire parce qu'il n'y a ni destin ni sens.

Ils sont en quelquesorte pris de vertige devant une infinité de possibilités qui toutes ont la même valeur.

Meursault est un homme privéde repères.Face à tous ces possibles, la seule chose qui puisse, selon Camus, justifier un individu, c'est une sorte de cohérenceinterne, de fidélité à lui-même.Ainsi Meursault, dans sa cellule, en arrive à souhaiter qu'une foule haineuse assiste à son exécution.

Car, puisque lasociété l'a jugé criminel, il faut pour qu'il soit « justifié » qu'on le traite totalement, pleinement en criminel, haïssableet rejeté.

C'est à ce prix qu'il pourra trouver cette cohérence finale.Camus traduira sa vision « absurde » du monde dans d'autres oeuvres, théâtrales ou romanesques.

Les plusremarquables sont Caligula (1944), La Peste (1947) et La Chute (1956).La première de ces oeuvres montre un jeune empereur romain s'efforçant d'égaler par une conduite despotique etcriminelle l'absurdité de la vie même, après avoir pris conscience du fait que «les hommes meurent et ils ne sont pasheureux».

La seconde, récit imaginaire d'une épidémie à Oran, dénonce la vanité inutile de toute haine et faitl'apologie d'une certaine solidarité humaine.

Enfin La Chute montre un avocat déchu s'amusant à prouver par desdialogues serrés que tous les hommes sont également innocents ou coupables.Ces oeuvres montrent aussi le cheminement intellectuel de Camus.

L'Etranger et Caligula marquent la prise deconscience, la découverte du « sentiment de l'absurde », qui culmine dans une révolte et se résout dansl'acceptation du monde tel qu'il est.Se pose ensuite la question : que faire pour donner un sens à sa vie? Lutter, répond Camus dans La Peste, s'investirpleinement dans ses actes, faire comme si la peste pouvait être vaincue...

Attitude qui se rapproche de la BhagavadGîtâ, qui recommande de s'attacher à l'action et non pas à ses fruits.Engagé politiquement, Camus se fit le défenseur de la révolte individuelle, puis évolua vers une sorte d'humanismepessimiste.

Sa dénonciation du système stalinien lui valut les critiques sévères de nombreux intellectuels engagés, àl'époque, aux côtés du Parti communiste et tout particulièrement de Jean-Paul Sartre.Albert Camus mourut à quarante-sept ans, en 1960, dans un accident de voiture. Succès et avatars Le roman de Camus eut auprès de la jeunesse d'après-guerre un fort retentissement.

Il proposait à cette jeunesseune vision nouvelle du monde, vision désenchantée, sans espoir ni résignation, qui correspondait bien au sentimentissu des années terribles que les lecteurs venaient de vivre.Aujourd'hui encore L'Etranger connaît un succès régulier : sept millions d'exemplaires se sont vendus en Francedepuis la parution de l'ouvrage.Les thèmes en rapport avec l'absurde se sont développés dans les années 50, particulièrement dans le domainethéâtral.

Ils ont donné naissance à des oeuvres mettant l'accent sur les thèmes de l'incommunicabilité, du temps etde l'inutilité finale de toute action.Ces thèmes, en rupture avec la vision de Camus, avaient déjà été explorés par l'Italien Luigi Pirandello (1867-1936).Ils sont au centre des pièces d'auteurs comme Arthur Adamov (1908-1970), Eugène Ionesco (né en 1912) oul'Anglais Harold Pinter (né en 1930).. »

↓↓↓ APERÇU DU DOCUMENT ↓↓↓

Liens utiles