Le personnage de RASKOLNIKOV
Publié le 22/02/2012
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voudrait être, Dostoïevski ressent au plus profond de lui-même les conflits intérieurs qu'il dépeint dans ses romans.Il faut d'ailleurs souligner la grande minutie des analyses psychologiques auxquelles Dostoïevski se livre dans Crimeet châtiment.
Les descriptions de lieux et d'apparences y sont presque totalement évacuées, au profit de celles desmouvements intérieurs du héros.
La montée de l'idée du crime dans l'esprit de Raskolnikov, ses remords, ses criseset son évolution vers la décision de tout avouer nous sont montrés avec une précision d'entomologiste; au pointque le roman a pu être étudié par de savants criminologues comme un authentique champ d'expérience.Après Crime et châtiment, Dostoïevski publie Le Joueur puis, en 1868, L'Idiot et, en 1871, Les Possédés.
A partir de1873, il fait paraître en feuilleton son Journal d'un écrivain, très populaire, dans lequel contes et anecdotes semêlent à des chroniques d'actualité ou à des critiques littéraires.
En 1880 paraît son dernier roman, Les FrèresKaramazov, qu'il considère comme son chef-d'œuvre.
Dostoïevski meurt le 28 janvier 1881.r Quelques pistesRaskolnikov apparaît comme un velléitaire, un individu dont les forces physiques et intellectuelles ne sont pas à lahauteur de la tâche qu'il s'est fixée.
Son nom, qui signifie « le renégat » ou « le schismatique », indique assez bienqu'il prétend se placer en marge de la société et des lois.Cette volonté, cette conception amorale font rapprocher Raskolnikov du « surhomme » décrit par le philosopheallemand Friedrich Nietzsche (1844 - 1900), en particulier dans son ouvrage Par-delà le bien et le mal publié en1886.
Toute la question est de savoir si l'échec de Raskolnikov représente pour Dostoïevski une condamnation decet idéal élitiste ou une simple péripétie.
En d'autres termes, Raskolnikov, dans ses crises de conscience, est-ilreprésentatif de l'humanité tout entière, ou est-il un faible qui échoue là où un autre aurait pu réussir 9La réponse n'est pas simple.
Raskolnikov, sur le plan psychologique, retrouve la paix de la conscience en admettant,dans l'horreur du bagne, qu'il a commis un meurtre.
Il découvre aussi, par l'amour de Sonia, le sens de la solidaritéhumaine et trouve le réconfort en se rapprochant de ceux qu'il prétendait dominer.
Enfin, alors qu'il pensaits'affranchir de la morale commune, il se sent obligé après le meurtre de justifier son acte avec les termes mêmes decette morale.
Il semble donc que, pour Dostoïevski, la conscience morale reste, même lorsqu'elle torture l'individu,l'une des plus hautes manifestations de l'humanité.Mais, parallèlement, Raskolnikov est incapable du moindre acte positif : il ne vient objectivement en aide ni à sasoeur, ni à Sonia, ni à aucun de ceux sur le sort desquels il s'apitoie.
Au contraire, son arrestation sonne le glas desespoirs que sa mère avait pu mettre en lui.
Si la conscience élève l'homme au-dessus de la bête, la misère et la faiml'y ramènent, comme en témoignent les cas du père Marmeladov et de Sonia, contrainte à la prostitution.
Commentse préoccuper de conscience morale lorsqu'on a faim ? Un autre que Raskolnikov n'aurait-il pas réussi, par un crime,à sauver ces malheureux ? Le meurtre révolutionnaire, par exemple, est-il ou non moral?L'aventure de Raskolnikov laisse donc intact le débat sur la morale et y ajoute, en filigrane, celui des rapports entremorale et ordre social.
La morale n'est-elle pas finalement plus ou moins au service d'un ordre établi?On pourra d'ailleurs rapprocher (toutes choses égales par ailleurs) Raskolnikov de celui qui constitue en quelquesorte son double immoral : Alex, le héros du roman Orange mécanique publié en 1962 par le Britannique AnthonyBurgess.
Comme Raskolnikov est « schismatique », Alex est a-lex, c'est-à-dire sans loi ou hors de la loi.
Il se livre àla violence en toute tranquillité de conscience, obligeant la société à développer contre lui un terrifiant arsenal dedéfense.
Succès et avatars
Oeuvre la plus connue de Dostoïevski, Crime et châtiment sera souvent porté à la scène et à l'écran.Au théâtre, on peut signaler dès 1933 une adaptation de Gaston Baty (1885 - 1952) et en 1976 une autre deRobert Hossein.Au cinéma, on ne compte pas moins de quinze adaptations différentes, dont celles de l'expressionniste allemandRobert Wiene (1921), celle du Français Pierre Chenal (1934) avec Pierre Blanchar et Harry Baur dans les rôles deRaskolnikov et de Porphyre, et celle de l'Américain Josef von Sternberg en 1936 avec le remarquable Peter Lorre.
Anecdote
On a dit que Dostoïevski fut déchiré toute sa vie par des aspirations contradictoires.
Une terrible anecdote illustrecette vérité.Dans Les Possédés, un personnage proprement diabolique du nom de Stavroguine laisse une confession dans laquelleil relate en détails, en tentant désespérément de justifier son acte, la façon dont il a violé une petite fille.
On penseaujourd'hui que cette confession, sous la plume de Dostoïevski, était en partie autobiographique..
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