Devoir de Philosophie

LE PONT MIRABEAU de Guillaume Apollinaire

Publié le 03/11/2015

Extrait du document

mirabeau
LE PONT MIRABEAU Introduction : Ce poème de Guillaume Apollinaire est tiré d'Alcools, l'œuvre principale du poète. Un coin de paysage urbain suscite une méditation lyrique. Ce texte qui semble banal au premier abord devient poignant à force de simplicité et de pathétique. Ce poème est composé de strophes séparées par un refrain. Chaque strophe est constituée de trois décasyllabes sans césure fixe (sans respiration à la cinquième syllabe). Mais les quatre premières syllabes du second vers du refrain sont coupées après la quatrième syllabe. Le refrain est constitué d'heptasyllabes. Comment un poème qui paraît banal peut-il paraître poignant à force de pathétique et de simplicité ? Commentaire suivi : 1. Première strophe. V.1 : « Sous le pont Mirabeau coule la Seine » : ce vers est le seul dans tout le poème qui décrive la vérité extérieure : c'est l'exposition. L'ironie veut que ce soit une erreur (devrait s'appeler la Marne car c'est le plus gros des affluents). Le poète songe-t-il à une aventure vécue dans ce cadre ? Rien ne permet de le supposer. La seule chose qui est sûre, c'est que le poète s'enferme immédiatement dans son monde, et qu'à la fuite de l'eau il associe la fuite du temps. C'est donc bien un poème romantique. Nous voilà transportés dans son passé. Pourtant, « Et nos amours / Faut-il qu'il m'en souvienne » : le poète semble redouter cette évocation. Cette impression d'inquiétude vient de la tournure interrogative : « Faut-il » qui s'oppose tout en moins en apparence au vers suivant : « La joie venait toujours après la peine ». Mais un souvenir heureux est toujours ambivalent (à deux côtés) car certes il évoque un moment de bonheur mais il est forcément aussi nostalgique puisqu'il appartient au passé. Donc, le souvenir de cette joie n'est qu'une amertume (regret de plus). La rime féminine (-e muet à la fin du vers) est triplée et cela créée une atmosphère musicale de complainte. Les deux subjonctifs « vienne » et « sonne » traduisent la résignation du poète devant les « jours [ qui ] s'en vont ». Et douloureusement, il constate : « je demeure » : étrange sensation que ce poète qui serait exempt du changement universel. Mais il n'y échappe que pour souffrir. 

mirabeau

« sous le poids de l'éternité. Le refrain, quand il revient, se charge d'une lassitude accrue.

C'est un effet de ressassement (Cf.

« Épitaphe »).

On a une impression de souffrance qui ne peut passer et finir. 3.

Troisième strophe.

Le poète semble incapable de contenir sa peine et poursuit à mis-voix son semi- logue involontaire.

L'œil fixé sur le fleuve, il ressasse sa lugubre constatation. Dans un sursaut d'amertume, il reporte son regard sur lui-même : « la vie est lente » fait écho à « je demeure » .

Son existence est pénible, monotone, puisqu'il est désormais seul.

Et l'espérance qui d'habitude est un mot mélioratif, prend ici une valeur péjorative puisque ce sentiment le contraint à vivre malgré lui.

Ici, l'espérance est davantage une illusion.

À cet instant, le refrain atteste la permanence du regret. 4.

Quatrième strophe.

Les derniers vers traduisent un désabusement ironique.

La syntaxe imite les incorrections de la poésie populaire.

Le poète veut échapper à l'illusion de l'espérance en se répétant que l'amour est fini.

Les jours et les semaines sont les fragments du temps extérieur.

Mais, son temps intérieur, lui, ne passe pas.

C'est celui de sa nostalgie et de sa peine.

La répétition finale du cercle est fermée.

Ce qui veut dire qu'il n'y a vraiment aucun espoir.

Le refrain prend alors sa valeur d'une constatation désespérée.

Seul subsiste le poète pétrifié dans sa souffrance : « Les jours s'en vont / Je demeure » . Conclusion : Malgré son modernisme apparent (absence de ponctuation, absence de repères logiques, suites d'images imprécises et de termes très vagues), ce poème est au fond très clair en raison du sentiment qui s'en dégage.

Sentiment rendu par les sonorités, les rimes féminines, les répétitions et le ressassement d'un refrain.

Il se rattache avec son vocabulaire pauvre et simple, ces négligences volontaires à toute une tradition poétique qui va de la chanson de toile à Verlaine.. »

↓↓↓ APERÇU DU DOCUMENT ↓↓↓

Liens utiles