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Le rire dans Fin de Partie de Beckett

Publié le 22/02/2012

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Introduction : Si l'écrivain irlandais Samuel beckett a d'abord produit plusieurs romans, il s'est ensuite fait connaître en tant que dramaturge dès 1952 avec la pièce En attendant Godot. Ses oeuvres théâtrales novatrices sont parfois désignées comme appartenant au « théâtre de l'absurde » ; or elles sont difficilement classables selon les conceptions antique ou classique du théâtre. La pièce Fin de partie, jouée pour la première fois en 1957, illustre cette variation des genres et des tonalités. Sa structure, tout comme son sujet, sont inédits puisqu'elle n'est composée que d'un seul acte dans lequel s'expriment quatre personnages sans qu'il existe d'intrigue. Beckett n'a pas voulu départager sa pièce en plusieurs actes. Cependant, l'acte unique comporte un certain rythme, qu'on doit surtout au déroulement du dialogue. Celui-ci se rythme notamment de nombreuses répétitions, notables principalement dans le rapport Hamm-Clov.
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« Le comique de mots : jeux de mots, langage et sujets bas..., typique de la comédie, voire de la farce :• (p.

27) Nell : « Qu'est-ce que c'est, mon gros.

(Un temps.) C'est pour la bagatelle ? », (p.

49) : le jeu de mots surla puce : «coïte/ coite/ baisés» = Un langage grossier qui surprend (voir aussi «con» p.

100, «putain», p.

94,«conneries» p.

108 ...)• Les pastiches grossiers : du quatrain amoureux (p.

105), que Clov conclut par «Dis-lui combien je suis emmerdé» ou des propos du Christ dans la quatrième tirade de Hamm : «Léchez-vous les uns les autres.»p.

35, transformation de l'expression dans la blague de Nagg : «de faufil en aiguille» • Pléonasme : « Si je ne tue pas ce rat, il va mourir » (Clov, p.

88). • L'humour : Rôle des objets décrédibilisés : Le réveil ne sert plus a donner leur mais simplement de donner satisfaction aux personnages lorsqu'il écoute sa musique « Clov : La fin est inouï / Hamm : je préféré le milieu »(p.65)• Une blague : (p.

34-36).

Blague de Nagg : Enoncé comique en soi, dont l'effet repose sur la chute mais aussi le ton, la manière de raconter (mimiques, accents...).• Bien sûr, le comique de répétition : « Je te quitte » « Ce n'est pas l'heure de mon calmant »…• Jeu sur les mots : - (p.

35) transformation de l'expression dans la blague de Nagg : « de faufil en aiguille »- Sur le sens propre et le sens figuré, alliant mot et gestes, (p.

77) :« Clov : (se redressant doucement).

J'essaie defabriquer un peu d'ordre.

/ Hamm : Laisse tomber.

/ Clov : laisse tomber les objets qu'il vient de ramasser.» (p.38) Double sens du mot naturellement « Hamm : Il est mort naturellement, ce vieux médecin ? / Clov : Il n'étaitpas vieux / Hamm : Mais il est mort ? / Clov : naturellement.

» Hamm entend naturellement comme « de causenaturelle » et Clov comme « Evidemment ».

De même Définition du mot : décrédibilisation du langage comme pourles objets.

• Incompréhension du spectateur (p.79): « Clov : Qui, il ? Hamm : Mais voyons ! Encore un.

Clov : Ah celui-là ! Je n'étais pas sûr.

»• Interrogation sur le rire lui-même : « Hamm : veux tu que nous pouffions un bon coup ensemble ? Clov : Je ne pourrais plus pouffer aujourd'hui.

» (p.79-80).

Cela montre bien que « Le rire est de la mécanique plaquée sur duvivant » Bergson.• Non-sens : « Hamm : Il y a une goutte d'eau dans ma tête (un temps).

Un cœur, un cœur dans ma tête » (p.31) • Décalage entre les personnages qui ne semble même plus s'écouter « Nagg : Tu veux un bout ? / Nell : Non.

(Un temps.) De quoi ? / Nagg : De biscuit » (p.30) II.

Un comique tragique : une forme de comique très particulière à Beckett. Il ne s'agit pas ici d'un procédé comique, mais d'une réflexion sur la nature du « rire » dans le théâtre de Beckett :on remarque que bien souvent, il n'est pas un rire pur, d'amusement, mais mêlé à une conscience tragique, il devientgrinçant.

C'est en cela qu'Emmanuel Jacquart a parlé de « théâtre de dérision » : • (p.

82) : «CLOV : Il pleure.

(Clov rabat le couvercle, se redresse.) / Hamm : Donc il vit.» (On pense à Descartes,mais la preuve de l'existence est ici la souffrance, le malheur.)• (p.

61) : « Hamm : Oh, c'est loin, loin.

Tu n'étais pas encore de ce monde.

/ Clov : La belle époque ! » Regretd'exister.• (p.

48) : « Hamm (Très inquiet) : Mais à partir de là l'humanité pourrait se reconstituer ! » Refus de reconstituerl'humanité.• (p.

40) : «Assez ! On rentre !» (Hamm, après le tour de pièce en chaise roulante).• (p 33) : «Nagg : Tu pleures encore ? Nell : J'essayais.» Impartial devant leur condition.• (p.

23) : « Hamm : Mais nous respirons, nous changeons! Nous perdons nos cheveux, nos dents! Notre fraîcheur !Nos idéaux ! » Misère de la condition humaine.è Dans ces exemples, ce rire grinçant voire naît de l'incongruité des répliques, cette incongruité fait rire, mais lesens profond qui en jaillit est absolument tragique.

Les personnages le disent eux-mêmes : Nell : « Rien n'est plusdrôle que le malheur, je te l'accorde.

».

Cette pièce porte le désespoir en elle et propose une réflexion tragique sur la vie.

Il y a évidemment des élémentscomiques, comme dans toutes les pièces de l'auteur, mais le rire chez Beckett n'est jamais franc, il reste dans lagorge et peine à en sortir.

Beckett nous rappelle ainsi que nous sommes aussi dérisoires que ces pantinsgesticulants qui s'agitent sur scène.

L'auteur joue avec nous en dispersant dans son texte des références « méta-théâtrales », répliques ou gestes qui font directement référence au théâtre ou à sa fonction.

III.

Le rire des personnages. A.

Un lien entre les personnages. • Didascalie initiale: à quatre reprises : « rire bref » de Clov.

(Après avoir regardé par la fenêtre, soulevé lecouvercle de chaque poubelle, découvert Hamm) annonce dès l'entame le ton de la pièce.- p.

31; Nagg «glousse» en se moquant des propos de Hamm.Après la blague de Nagg : «Il fixe Nell restée impassible, les yeux vagues, part d'un rire forcé et aigu, le coupe,avance la tête vers Nell, lance de nouveau son rire.» (p.

36). »

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