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Le rôle de la médecine chez Rabelais

Publié le 14/01/2020

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de ce point de vue, n'hésite pas à soulever des problèmes médicaux, scientifiques, afin de donner à réfléchir sur l'art médical. Par exemple, lorsque les compagnons traversent le gué de Vède, la blessure d'un cheval guérit de façon surprenante : « Et (qui est chose merveilleuse en hippiatrie) feut ledict cheval guery d’un surot qu’il avoit en celluy pied... » (chap. xxxvi, p. 272).

DÉFINIR CERTAINS PERSONNAGES

La médecine est aussi au service du projet romanesque lorsqu’elle contribue à définir les personnages.

La tradition médicale accordait toute son attention aux humeurs1. Parmi elles on comptait le sang ainsi que d’autres substances, dont dépendait le tempérament, le caractère (d’où l’expression « être de mauvaise, ou bonne, humeur »). La bile était une de ces humeurs. Or Picrochole, comme son nom d’origine grecque l’indique, est un individu soumis à sa bile amère. On attribuait en effet l'amertume à la bile jaune, la cholere. Le tyran est donc un personnage inspiré par les théories médicales. Il a pour caractéristique essentielle d’être colérique, entièrement dominé par ses humeurs amères.

Son adversaire, Gargantua, est dominé lui aussi par une humeur : le phlegme. Ses premières années montrent en effet des caractéristiques que les traités de médecine attribuaient aux individus soumis à leur phlegme. D’abord, il est paresseux et d'un appétit insatiable (chap. xi). Ensuite, rendu « merveilleusement phlegmaticque des fesses » par sa « complexion naturelle », il se « conchie à toutes heures » (chap. vii, p. 94). L’incapacité à maîtriser l’excrétion, qui

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« L'exemple le plus célèbre de cette implication de la médecine dans le rire rabelaisien figure lors du combat de Frère Jean à Seuilly : le moine " deslochoyt les spondyles du coul, sphace­ loyt les greves, desgondoit les ischies, debezilloit les fauciles ...

Il leurs transpercoyt la poictrine par le mediastine " (chap.

XXVII, p.

226).

Rabelais parodie les combats des récits de chevalerie en utilisant une avalanche de termes médicaux, techniques et savants, particulièrement incongrus : ils sont associés en outre à des comparaisons triviales (Frère Jean « les renversoyt comme porcs »).

Inhabituels dans ce type de récit, ils font oublier l'action au profit d'un pur jeu verbal.

CRÉER UNE FICTION HUMANISTE Mais la médecine peut aussi être employée pour ce qu'elle est : une science sérieuse et complète, au service de l'humanité.

Du point de vue de Rabelais, elle est en adéquation avec certains idéaux de l'humanisme, qui considère comme un devoir de deve­ nir savant et d'œuvrer au bien commun.

La toute première mesure de Ponocrates est ainsi d'ordre médical : après avoir considéré que « nature ne endure muta­ tions soubdaines sans grande violence '" ce qui est un axiome de médecine, le précepteur de Gargantua confie son élève à un " scavant medicin " afin qu'il le purge de ses mauvais habi­ tudes (chap.

xxm, p.

192).

On voit ensuite la médecine figurer dans le programme pédagogique de Ponocrates, autant au plan pratique qu'au plan théorique.

Gargantua se voit imposer un régime alimentaire sain : « du pain, du vin, de l'eau, du sel, des viandes, poissons, fruictz, herbes, racines ...

" (p.

196).

En même temps, il étudie les traités de médecine antique (« Pline, Athené, Dioscorides, Jullius Pollux ...

»), au point que « pour lors n'estoit medicin qui en sceust à la moytié comme il faisait» (p.

196).

La médecine est donc utilisée comme une sorte de contexte savant qui ancre profondément le roman dans l'étude.

Rabelais, PROBLËMATIQUES ESSENTIELLES 57. »

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