Le roman à l'époque idéaliste
Publié le 27/06/2012
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La production romantique des années 1885-1920 est
immense. C'est par centaines que se comptent les
auteurs, par milliers, les oeuvres. Il va sans dire que le
déchet est énorme; nous ne pouvons songer à donner
de cette production une vue exhaustive; nous ne pouvons
même prétendre nommer tous les romanciers qui
ont encore quelque renom, toutes les oeuvres qui sont
encore lues. En effet, à la différence des oeuvres dramatiques
qui, une fois les représentations terminées, risquent
d'être oubliées, étant rarement l'objet d'une
lecture courante et se trouvant plus difficilement à la
portée du lecteur, le roman subsiste, après son premier
succès, le livre, son support naturel, se maintenant
longtemps, sinon en librairie, du moins dans les bibliothèques
et les cabinets de lecture. Ainsi le public, plus
fanulier avec ce genre qu'avec tout autre, a des chances
650 HISTOIRE DE LA LITTÉRATURE
d'avoir de la création romanesque d'il y a cinquante ans,
une vue plus juste et plus complète que celle qu'il a
du théâtre, de la poésie, des idées. Aussi nous contenterons-
nous de tracer de larges avenues dans cette
immense forêt, d'indiquer des perspectives, de signaler
des itinéraires.
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650 HISTOIRE DE LA LITTÉRATURE
d'avoir de la création romanesque d'il y a cinquante ans,
une vue plus juste et plus complète que celle qu'il a
du théâtre, de la poésie, des idées.
Aussi nous conten
terons-nous de tracer de larges avenues dans cette
immense
forêt, d'indiquer des perspectives, de signaler
des itinéraires.
Si la poésie et la pensée ont été, durant cette période, à l'avant-garde, le roman, lui, est resté souvent à l'arrière-garde, continuant sans originalité véritable
la tradition réaliste et psychologique.
Gagne-pain de
l'écrivain plus que la ,J!Oésie ou la philosophie, plus
même que le théâtre, s adressant à un vaste public, il a suivi les goftts de celui-ci; si l'évolution du théâtre
a été freinée par les difficultés matérielles de la repré
sentation, celle du genre romanesque a été ralentie
par l'inculture relative d'une partie du public auquel le
roman semble destiné.
Ce vaste public, peu curieux
de nouveautés techniques, peu sensible à l'originalité
ou à la perfection du style, aime à voir couler des aven
tures nouvelles dans un moule traditionnel, ou à observer
indéfiniment les mêmes données psychologiques dont
les circonstances seules varient un peu.
Innombrables
sont ainsi les romans qu'on pourrait qualifier de
« pro duction courante» et ~ui n'ont d'autre mérite que celui
du travail bien fait, dun style correct, d'une observa
tion extérieure attentive, d'une psychologie tradi
tionnelle.
Tout cela, dira-t-on, n'est pas négligeable.
Et cependant, non seulement de tels ouvrages n'appor tent rien de neuf, mais encore ils perpétuent une repré
sentation de l'humanité vieillie dans ses méthodes, arbi
traire dans ses principes, et qui ne donne l'impression
de la vérité que par l'habitude que nous avons de ces vues schématiques et de ces procédés traditionnels
de transcription.
Comme le poète et le dramaturge, le romancier doit enrichir notre connaissance de l'homme
ou, ce qui revient au fond à la même chose, proposer
une forme d'art originale.
Incapable de faire l'une ou
l'autre chose, la très grande majorité des romanciers
s'est contentée de varier
à l'infini les circonstances
psychologiques, le milieu, l'intrigue, exactement comme
les continuateurs de Racine ont, de 1690 à 1820, inlas
sablement prolongé la tragédie classique dans sa forme
et dans son contenu, sans se résoudre à repenser les
données mêmes de leur art..
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