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LE ROMAN AU XVIIIe SIÈCLE PREMIÈRE ÉPOQUE 1690- 1715 - Histoire de la littérature

Publié le 25/01/2018

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Mais l'ascension de la bourgeoisie n'explique pas tout le roman du xvme siècle : la tradition littéraire, la relative autonomie du domaine esthétique, les attitudes intellectuelles et morales extérieures ou hostiles à la bourgeoisie, les influences étrangères ont joué leur rôle; la pensée bourgeoise elle-même n'est pas simple, elle a eu ses hésitations et ses contradictions~ ses tentations de confor­misme et d'anarchisme; il y a du « bourgeois >> en Prévost, en Rousseau, et en les considérant comme tels on rendrait peut-être compte d'aspects très importants de leur art : la même explication ne vaudrait plus grand-chose pour Crébillon fils ou pour Sade. Une fois reconnu le grand mouvement social du siècle, qui détermine en dernier ressort toute la production artistique et littéraire, l'analyse détaillée des voies par lesquelles ce déterminisme a agi sur chaque œuvre en particulier est malaisée et hasardeuse : trop expliquer n'est plus rien expliquer.

La production romanesque est en effet extrêmement abondante et diverse; non seulement des romanciers comme Lesage, Marivaux, Prévost, Rousseau, Diderot, et auprès d'eux Crébillon, Mme de Tencin, Laclos, Restif, assurent au xvme siècle une place presque aussi importante que celle du x1xe dans l'histoire du roman, mais les œuvres de second et de troisième ordre sont nombreuses et intéressantes. De 1700 à 1750 seulement, la bibliographie de S.P. Jones dénombre 946 titres, tandis que pour le xvne siècle tout entier celle de C. Williams en dénom­brait environ 1 200 1; il n'existe pour la seconde moitié du xvme siècle rien de comparable à l'admirable travail de S.P. Jones, mais on peut facilement admettre qu'elle vit paraître encore plus de romans que la première moitié 2

 

La définition du genre romanesque est obscurcie par la méfiance que le mot de roman inspire, par la prétention des romanciers à ne publier que des histoires vraies, des mémoires, des lettres authentiques, par l'existence d'œuvres marginales, satires, libelles, pamphlets, autobiographies romancées, contes allégoriques. Un découpage chronologique est difficile. Bien que le roman soit en transformation perpétuelle, les procédés usés, les conyentions, les poncifs, les banalités et les invraisemblances survivent. Une histoire du roman qui ne connaîtrait que les grandes œuvres serait fausse, mais une histoire qui engloberait ces grandes œuvres dans la production courante serait aussi fausse, car elle répèterait l'erreur des romanciers médiocres qui en voulant faire du Marivaux, du Prévost, du Crébillon ou du Rousseau ont trahi également Marivaux, Prévost, Crébillon et Rousseau. En adoptant comme dates-charnières, par un choix arbitraire mais non absurde, la date de 1715, à laquelle paraissent les premiers livres de Gil Bias, inaugurant l'importante série de romans de Lesage, Marivaux, Prévost, Crébillon, et la date de 1761, à laquelle paraît La Nouvelle Héloïse, sommet du roman de mœurs et du roman psychologique, on divisera le siècle en trois périodes :

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« depuis La Relation de l'Isle imagin aire de Mlle de Montpensier et la N ou­ velle Allégorique, ou His toire des derniers troubles arrivés au royaume d'éloquence , de Furetière (1658), jusqu'à la Relation de l'Ile de Bornéo, de Fontenelle (1686) et au Voyage du Monde de Descartes du P.

Daniel (1690), en tout une quinzaine ou une vingtaine de textes signés par Sorel, Moreri, Boucher, Busens, Bussy-Rabutin, etc.

Mais quand l'œuvre est le résultat d'une vision et non d'un simple jeu de l'esprit, quand l'imagination crée et fait vivre un monde cohérent et que le lecteur est intéressé à une histoire, on peut parler de roman : il en existait d'illustres exemples en Europe avec l'Utopie de Th.

Morus, La Nouvelle Atlanti de de Francis Bacon, La Cité du Soleil de Campanella, dont L'Autre Monde de Cyrano de Bergerac s'était partiellement inspiré.

L'influence de ces mêmes œuvres se retrouve dans l'Histoire des Sévarambes de Denis Veiras (1677) et dans La Te rre australe connue de Gabriel de Foigny (1676) que le censeur Pouchart, en approuvant une réédition abrégée de 1704, voulait considérer comme. »

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