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LE ROMAN AU DIX-NEUVIÈME SIÈCLE

Publié le 19/05/2011

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Nous avons vu que le roman, représenté à toutes les époques de notre littérature par des oeuvres très originales, s'était transformé et enrichi au xvIiie siècle, sous une double influence : celle du roman anglais qui le pousse à l'observation plus minutieuse des classes moyennes et des sentiments ordinaires; celles des tendances sociales, esprit d'examen, libre discussion, curiosité pour les problèmes moraux et politiques. Au XIXe siècle, le roman deviendra le plus vaste et le plus « compréhensif « de tous les genres : il sera romanesque comme au moyen âge, psychologique comme au XVIIe siècle, social comme au xviiie siècle; et, de plus, il reflétera toutes les aspirations du XIXe siècle, et il se fera successivement lyrique, réaliste, socialiste, naturaliste, symboliste. C'est dire qu'il échappe désormais à toute définition. Un roman aujourd'hui, c'est un volume d'environ 300 pages, en prose, où l'auteur raconte une histoire vraie ou fausse, et dans lequel il enferme tout ce qu'il veut : politique, sociologie, religion, morale, description, psychologie, — et, quand il le peut, de l'esprit, du sentiment et du style.

« aujourd'hui sourire : Bug Jargal et Han d'Islande.Son premier roman digne d'estime est Notre-Dame de Paris (1831).

L'intrigue, établie entre des personnagesviolemment antithétiques, est pénible et peu intéressante en elle-même.

Mais si l'invention et la psychologie de ceroman sont très faibles, Victor Hugo prend sa revanche dans la partie descriptive, où il faut louer beaucoup moinsd'ailleurs son exactitude que sa puissance d'imagination.Les Misérables, commencés avant 185o, publiés seulement en 1862, sont une réunion de romans plutôt qu'un roman(histoire du forçat Valjean et de l'évêque Myriel, histoire de Fantine, histoire de Cosette, etc.); et d'autre part,c'est une thèse.

Hugo plaide la cause de tous ceux que la société méprise, et dont on pourrait lui imputer à elle tousles crimes.

C'est, au fond, du Balzac mêlé de George Sand, et souvent ce n'est plus que de l'Eugène Sue.Signalons encore les Travailleurs de la mer (1866), où Hugo se retrouve grand poète descriptif, mais avec uneexubérance qui gâte ses plus belles visions.

— En 1869, l'Homme qui rit, —en 1872, Quatre-vingt-treize, sont lesderniers romans de Victor Hugo.

Il y a plus de simplicité et de sobriété dans Quatre-vingt-treize, et les caractères,un peu systématiques, y forment une opposition intéressante.En résumé, Victor Hugo, dans tous ses romans, apparaît comme un poète qui, n'étant plus discipliné par la forme duvers, ou par les limites naturelles des genres, s'épand et se répand à l'aventure.

Il devient le jouet et la victime desa prodigieuse imagination.Alexandre Dumas père (1803-1870).

— Il faudrait plusieurs pages pour énumérer les romans d'Alexandre Dumas, qui,d'ailleurs, est moins un romancier qu'un prodigieux conteur.

Son ouvrage le plus populaire est : les TroisMousquetaires (1844), où d'Artagnan, Athos, Porthos et Aramis représentent, d'une façon assez sommaire maisassez juste, quatre tempéraments différents.

— Dans Vingt Ans après (1845), Dumas nous promène avec les mêmespersonnages, en Angleterre, où nous assistons à la mort de Charles Ier; puis il nous ramène à Paris, en pleineFronde.

— Le succès des Mousquetaires n'étant pas encore épuisé, Dumas en tire le Vicomte de Bragelonne (1847).— Citons encore Monte-Christo (1845), le Chevalier de Maison-Rouge (1848), etc.Il faut aussi se rattacher au roman historique le Capitaine Fracasse, de Théophile Gautier (1863), histoire d'unetroupe de comédiens de province.

L'ouvrage vaut surtout par de célèbres descriptions : le château de la misère,etc.Le Roman-feuilleton.

— C'est vers 1840 que les journaux commencent à publier par fragments quotidiens de grandsromans, plus ou moins historiques, fantaisistes, socialistes et moraux.

Jusqu'alors le feuilleton du journal, ou « rez-de-chaussée » de la première feuille, était réservé à la critique dramatique, aux variétés littéraires, auxéphémérides, aux jeux d'esprit et charades, etc.

En 1841, le Journal des Débats tenta le premier de donner unroman découpé en feuilletons : ce fut un ouvrage de Frédéric Soulié, les Mémoires du diable ; — en 1842, parurentdans le même journal les Mystères de Paris, d'Eugène Sue. III.

— Le Roman réaliste et naturaliste. A la poésie, aux utopies, à la fausse couleur locale, à la psychologie lyrique ou absurde du roman historique,devaient s'opposer la simplicité voulue, l'exactitude minutieuse, le pessimisme scientifique du roman réaliste.Stendhal (1783-1842).

— Ce pseudonyme désigne Henry Beyle, fils d'un avocat au Parlement de Grenoble,successivement soldat, auditeur au Conseil d'État, consul de France à Civita Vecchia, etc.

Stendhal était doué d'unsens d'observation très aigu.

Il sut regarder et pénétrer les hommes, et son réalisme est tout psychologique.

C'est àdémêler et à noter les secrets motifs de nos actions qu'il s'applique; il en saisit les nuances avec une sûreté qui faitl'admiration des philosophes.C'est en 1831 qu'il donne son premier roman, le Rouge et le Noir, chronique de 183o.

Le titre en est énigmatique, etparaît désigner la lutte ou le conflit entre l'esprit révolutionnaire et militaire (le rouge), et l'esprit ecclésiastique (lenoir).

Le héros du roman, Julien Sorel, est fils d'un paysan, charpentier de son état.

L'enfant a été élevé pourdevenir prêtre; mais sa vocation n'a rien de réel; il est ambitieux, et par le noir il espère arriver au rouge.

L'analyseminutieuse des caractères, en un style ferme et précis, ironique et cruel dans sa froideur, fait tout le prix de ceroman, dont l'intrigue est peu cohérente.En 1839, paraît la Chartreuse de Parme, dont l'action se passe dans cette Italie qui était devenue la patried'adoption de Stendhal.

C'est la peinture d'une petite cour italienne en 1815.

Le héros, Fabrice, va plutôt cette foisdu rouge au noir, car il commence par être soldat, et il assiste à la bataille de Waterloo; puis il revient en Italie, semêle à toutes sortes d'intrigues et de plaisirs, et finit par entrer dans les ordres.Stendhal avait écrit : « J'aurai du succès vers 1880.

» Il ne s'est pas trompé, et il a eu une grande influence sur leroman et sur la critique de la fin du siècle. Honoré de Balzac (1799-1850).

— Laissons de côté ses nombreux romans de début, pour ne nous occuper que de lasérie considérable composée entre 1829 et 1850, qu'il a intitulée lui-même : la Comédie humaine, et qu'il asubdivisée en Scènes de la vie privée, Scènes de la vie de province, Scènes de la vie parisienne, Étudesphilosophiques, etc.

Les oeuvres les plus remarquables sont : Eugénie Grandet, le Lys dans la vallée, le Père Goriot,le Cousin Pons, les Paysans, la Peau de chagrin, la Recherche de l'absolu.

Bien que ces romans ne soient pas lesépisodes d'une seule histoire, Balzac y fait cependant revenir souvent les mêmes types.

Parmi ses plus bellescréations, il faut citer Grandet, l'avare; le cousin Pons, le collectionneur fanatique; Goriot, type renouvelé du pèrefaible qui s'est dépouillé de tout pour ses enfants, et qui meurt sur un grabat; César Birotteau, parfumeur, type dugrand négociant de 1840; l'illustre Gaudissart, le commis voyageur; Balthazar Claës, l'inventeur; Mme de Mortsauf, lafemme héroïque; Mme de Nucingen, la grande dame vaniteuse et dépensière..., etc.Tous ces personnages, Balzac semble les avoir vus, dans leur milieu propre, hôtel princier ou bouge infect, boulevard. »

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