Le Roman au XVIIe siècle
Publié le 18/10/2011
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Problèmes de la casuistique amoureuse uniquement et exclusivement, c'étaient ceux-là aussi qu'intéressaient les précieuses. Du reste, tout se tient, et tourne autour du problème angoissant et émouvant du conflit des Tendres, de Tendre sur Estime et de Tendre sur Inclination. Mme de Clèves n'a que de l'estime pour M. de Clèves et elle éprouve de la passion pour Nemours. Son estime est pesée, équilibrée, lucide, elle voit bien pourquoi elle apprécie son époux, mais elle ne sait au fond pourquoi elle ne l'aime pas. Au contraire, un sentiment est né à son insu dans son coeur pour celui qui n'est pas son mari , et qu'on donne pour un bourreau des coeurs. M. de Clèves éprouve à la fois de l'estime et de l'amour pour sa femme.
«
Dans la Princesse de Clèves, Madame de Lafayette essaya de recréer l'atmosphère et les mœurs du XVIe siècle.
Et pour elle , aucune époque ne fut plus raffinée , plus polie .
que celle des derniers Valois.
(Photo Giraudonl.
blies et mariées, elles ne se croient pas tenues de faire
preuve d'une fidélité conjugale irréprochable .
Elles vi vent l'amour en marge du mariage, que ce soit avant ou après.
Or, Rambouillet et la pastorale italienne en particulier , l'Astrée d'une façon plus précise, ont ap
pris au public du XVIIe siècle qu'il y a de lentes ap
proches, tout un cérémonial par lequel le galant, avant de prendre possession de la belle, lui marque sa préfé
rence et son admiration.
Et maintenant, regardo11s no
tre roman, voyons l 'attit ude de Nemours , à la fois
hardi dans ses expéditions, respectueux en son attitude
à l'égard de l'aimée .
Comme il craindra constamment de lui déplaire, comme lui-même , un héros valoisien,
sans dout e sans façon avec les dames, se convertit en
h éros préc ieux , devient timide, sobre, discret, mar chant un peu sur la pointe des pieds, n'osa nt des dé
marches accomplies par un gentilhomme du XVIe siè
cle qu'avec des remords et une crainte perpétuelle de
briser une fragile verrerie.
Et Mme de Clèves, elle
même, est aussi
pudique et aussi retenue, autant par
vertu naturelle que parce que l'usage le veut à Ram
bouillet.
Mais
il y a mieux.
Considérons les trois personnages
qui les entourent, voyons les controverses amoureuses
auxquelles ils s'occupent.
Quoi de plus significatif, par exemple, que ces débats auxquels ils se passionnent :
l 'amant doit-il laisser aller sa maîtresse au bal ?
~L'on dispute contre Monsieur de Nemours , ma
dame, répondit-il , et il défend avec tant de chaleur la cause qu' il soutient qu'il faut que ce soit la
sienne.
Je crois qu'il a quelque maîtresse qui lui
donne de l'inquiétude
quand elle est au bal, tant il trouve que c'est une chose fâcheuse pour un amant que d'y voir la personne qu'il aime.
-
Comment ! reprit Mme la dauphine , Monsieur de
Nemours ne veut pas que sa maîtresse aille au
bal
? J'avais bien cru que les maris pouvaient sou
hait er que leurs femmes n'y allassent pas ; mais ,
pour
les amants, je n'avais jamais pensé qu'ils pus-.
»
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