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Le roman de Guy de Maupassant

Publié le 15/03/2015

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Une philosophie de l'éternel retour

C'est qu'il n'y a rien à attendre de l'histoire pour Maupassant ; à l'inverse de Zola, il ne croit pas que son entreprise de démystification puisse déboucher sur une réforme sociale ou morale. Pour Zola, en effet, le naturalisme est tout à la fois une esthétique, une philosophie et une propédeutique à l'action positive : « La ré­publique sera naturaliste ou elle ne sera pas ! ", en d'autres termes, sondons les plaies pour faire advenir la justice par la vérité. Rien de tel chez Maupassant : il n'attend rien d'autre que l'éternel retour de la souffrance.

Un pessimisme radical

 

Cette différence de tonalité est à mettre au compte du philosophe allemand Schopenhauer, traduit en français en 1880, en qui Maupassant voyait le plus grand saccageur de rêves qui ait passé sur terre. Dans un monde d'illusion où toute joie est éphémère, la seule réalité qui ne mente pas est la souffrance et c'est le vouloir-vivre (le désir, la volonté) qui précipite l'individu au-devant de nouvelles désillusions. Les rêves de Jeanne, les velléités de Pierre, les ambitions de Bel-Ami ne sont que des variantes du grand piège de la vie.

maupassant

« E X P 0 S É S F C H E S Une philosophie de l'éternel retour C'est qu'il n'y a rien à attendre de l'histoire pour Maupassant; à l'inverse de Zola, il ne croit pas que son entreprise de démystification puisse déboucher sur une réforme sociale ou morale.

Pour Zola, en effet, le naturalisme est tout à la fois une esthétique, une philosophie et une propédeutique à l'action positive: «La ré­ publique sera naturaliste ou elle ne sera pas ! ",en d'autres termes, sondons les plaies pour faire advenir la justice par la vérité.

Rien de tel chez Maupassant : il n'attend rien d'autre que l'éternel retour de la souffrance.

Un pessimisme radical Cette différence de tonalité est à mettre au compte du philosophe allemand Schopenhauer, traduit en français en 1880, en qui Maupassant voyait le plus grand saccageur de rêves qui ait passé sur terre.

Dans un monde d'illusion où toute joie est éphémère, la seule réalité qui ne mente pas est la souffrance et c'est le vouloir-vivre (le désir, la volonté) qui précipite l'individu au-devant de nouvelles désillusions.

Les rêves de Jeanne, les velléités de Pierre, les ambitions de Bel-Ami ne sont que des variantes du grand piège de la vie.

Une sorte d'élan vital absurde manipule en sous-main les individus: la vie les pousse à se reproduire sous couvert de beaux mensonges et les accule au désespoir comme dans Une vie, elle empoisonne leurs joies du fiel de la mort comme dans Bel-Ami.

Nier la vie, nier en soi la volonté, refuser de mettre au monde des inno­ cents, communier avec l'universelle souffrance par la pitié, tels sont les remèdes que propose le pessimiste.

lilr'-111 -ENTRE IMPRESSIONNISME ET EXPRESSIONNISME La beauté, un remède au vouloir-vivre La nature offre pourtant à chacun les consolations de sa beauté intrinsèque, délivrant celui qui s'en pénètre de toute volonté d'entreprise.

L'ingénieur veut dompter les vagues, construire des barrages; le peintre, lui, se contente d'en repro­ duire les vibrations sur la toile sans rien attendre en retour.

On ne s'étonnera donc pas que la sensation immédiate, l'odeur des pommes ou la caresse de l'eau à fleur de peau apparaissent comme les seules joies authen­ tiques : les marines d' Une vie, les couchers de soleil, les pluies battant les falaises d'Étretat, les fumées et les brumes du Havre dans Pierre et Jean scandent le récit de pauses impressionnistes, délivrées de l'absurde agitation des hommes.

Vers le fantastique Mais à cette esthétique de l'apaisement, une fantasmagorie expressionniste, souvent portée par le jeu des ombres et des reflets, apporte son contrepoint iro­ nique ou inquiétant : le comte de Pourville devient un ogre à la lumière d'une torche dans Une vie, les parents de Bel-Ami sont grossis jusqu'à la caricature par celle d'une bougie et le reflet de Georges Duroy dans la glace proclame inlassable­ ment qu'il n'est qu'un mort en sursis ...

Conclusion.

Le naturalisme de Maupassant, moins sensible aux injustices sociales qu'au piège de la vie, est marqué par le pessimisme radical qui domine la fin du x1xe siècle.. »

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