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Le roman et ses personnages: Le thème de tout roman, c'est le conflit d'un personnage romanesque avec des choses et des hommes qu'il découvre en perspective à mesure qu'il avance, qu'il connaît d'abord mal, et qu'il ne comprend jamais tout à fait.

Publié le 07/06/2011

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Dès son plus jeune âge, le roman a été dénigré et rejeté par les critiques littéraires. Cependant, ce nouveau genre semblait être apprécié du public. Ce paradoxe s'explique peut-être du fait que le roman est un genre non codifié et à la forme libre et imaginative.  Pourtant, le XXè siècle qui est considéré comme le siècle de l'apogée romanesque semble avoir défini de façon ineffable ce genre littéraire. Les Rougon-Macquart de Zola d'une part et la Comédie humaine de Balzac d'autre part, semblent illustrer ce genre en faisant évoluer les personnages de façon similaire: le héros d'abord naïf apprend tout au long de l'histoire à faire face à la société -qui la plupart du temps l'écrase- mais également à se connaître lui-même. Ces deux grandes oeuvres semblent donc refléter à la perfection la définition qu'Alain donne du roman en 1918 dans Les arts et les dieux : "Le thème de tout roman, c'est le conflit d'un personnage romanesque avec des choses et des hommes qu'il découvre en perspective à mesure qu'il avance, qu'il connaît d'abord mal, et qu'il ne comprend jamais tout à fait."

« connaissance nécessaire pour vivre au mieux dans la société et s'y intégrer mais il devient vite la victime d'undénouement qui l'empêche de goûter à ce savoir acquis.

De part cette citation, Alain semble vouloir montrer unecertaine forme (que ce soit au sens strict ou au sens étymologique, à savoir la beauté) du roman, et donc uncertain cadre dans lequel sa fonction s'exercerait.

Le personnage, au début inexpérimenté finirait par s'auto-éduquer, c'est à dire de faire l'expérience de la vie pour mieux s'armer contre les dangers du monde; il serait ainsi enperpétuel progrès jusqu'à un certain point où il stagnerait.

Il s'agit donc d'effacer la naïveté du personnage tout aulong des épreuves qu'il doit affronter; le but est qu'il s'émancipe pour pouvoir "survivre" dans une société toujoursplus aliénante.Ainsi Candide ou l'Optimisme de Voltaire, qui est considéré comme étant à la fois un conte philosophique, un romanpicaresque et un roman d'apprentissage, montre avec ironie la candeur du héros.

L'auteur dénonce l'optimisme duphilosophe allemand Leibniz à travers le précepteur du héros, Pangloss (étymologiquement, "qui parle beaucoup") quin'a de cesse de répéter au jeune Candide que "tout va pour le mieux dans le meilleur des mondes possibles".

Lasatire sociale, politique et religieuse que fait François-Marie Arouet tout au long de son oeuvre est pressentie parl'utilisation constante de l'ironie: «la vie est une indignation» (A.

Magnan) et la société avilit les hommes, surtoutceux qui ont un esprit vierge comme Candide, jusqu'à les priver priver de leur liberté et donc à les rendredépendants des puissants qui leur trace leur destin sans que ces hommes ne puissent contester - un peu commefait le romancier "tout-puissant" avec ses personnages dont il trace la destiné.

En effet, Candide tantôt sousl'influence de l'optimisme dogmatique de son maître Pangloss, tantôt "soumis" à la doctrine pessimiste de soncompagnon Martin, adopte l'une ou l'autre philosophie sans même réfléchir à ce qu'il y a de contestable dans cesdernières.

Parfois il semble avoir des allures d'automate.Aussi, Flaubert dans son Education sentimentale décide de dépeindre le «portrait moral d'une génération».

Frédéric Moreau, personnage aussi inexpérimenté que Candide semble «rêver sa vie», comme le feraMadame Bovary au travers des romans qu'elle lit et qui lui inspirent un idéal qu'ellerecherchera dans ses deux histoires d'amour passionnées avec ses amants Rodolphe et Léon.Les deux passions qui ont animés Emma tout au long de sa vie de femme et son imaginationcorrespondent d'ailleurs à la pensée d'Alain puisqu'il considère que le monde est mal connupar la faute de l'imagination créatrice.

Selon le philosophe, et passionné, dominé par sespassions, peuple le monde de ses fantasmes.

Emma Rouault, désenchantée, n'a plus d'autrechoix que d'attenter à ses jours, comme si la réalité de la vie devenait trop accablante pourune femme comme elle, si avide d'intrigues amoureuses romanesques.

Le roman de Flaubertsemble donc avoir "rattrapé" son personnage qui s'est laissé prendre dans les mailles de lafiction.

Mais revenons au "double" de Gustave Flaubert, Frédéric Moreau.

Ce roman fait bienressentir au lecteur que le personnage est tout proche de lui, et pour mieux dire, qu'il peutêtre le personnage dont il connaît les moindres gestes et les moindres pensées.

Cet effet troublant l'est d'autant plus que le personnage n'est autre que l'écrivain lui-même.

De plus, les faits historiques réelsqui sont issus des souvenirs du démiurge et le fait qu'il confonde le personnage et le narrateur à l'aide du styleindirect libre ne font que renforcer cette sensation de réel - de réalisme.

L'abondance des détails rend compte del'inanité et de la médiocrité du monde.

Flaubert nous propose une vision grinçante et pessimiste de l'homme qui estcomme "jeté" dans le monde.

En effet, alors que le jeune Frédéric est encore plein d'ambitions et que ses amis nesongent qu'à réussir, Mme Arnoux est déjà résignée aux déceptions de l'existence.

La faiblesse de caractère duhéros (ou pour mieux dire, de l'anti-héros), reflète dans un certain sens celle de toute la société française au tempsde Flaubert (notamment l'allusion du coup d'état du 2 décembre 1848).

La faiblesse de caractère de Frédéric et deDeslauriers est bien montrée dans la phrase qui suit : «Puis, ils accusèrent le hasard, les circonstances, l'époque oùils étaient nés».Il s'agit donc toujours de personnages littéralement hors-normes, puisqu'ils se trouvent être en décalage avec lasociété dont ils tentent de comprendre les rouages mais également dans laquelle ils désirent s'intégrer.

Les romansdu XIXè siècle mettent en exergue la notion d'individu en brandissant haut le héros qu'ils choisissent de faire grandir.Les romanciers souhaitent nous montrer la société moderne qui n'a de cesse d'évoluer à travers les yeux de leurhéros.

Or le réalisme a une telle vigueur que l'on pourrait croire à des romans historiques, montrant les vicissitudesdes hommes et des femmes des siècles derniers.

D'ailleurs, Victor Hugo dira à propos de La Comédie Humaine deBalzac (et plus particulièrement du Père Goriot) que c'est « un livre merveilleux que le poète a intitulé "Comédie" etqu'il aurait pu intituler "Histoire" ».

C'est pour cette raison que le malaise du héros est inévitable: il se sent perdudans la masse, seul, ne sachant pas comment s'y frayer un chemin.Dans Le Père Goriot, Rastignac, personnage "type" du genre romanesque de ce siècle s'infiltre dans les cerclesfermés de la société avec l'aide de sa tante qui lui donnent quelques conseils pour réussir.

Le personnage n'en restepas moins livré à lui-même, souvent ne sachant que faire à cause de son manque d'expérience.

Quelles décisionsprendre face au monde qui ne lui laisse pas le temps pour la réflexion ? Vite le personnage désillusionné désirecombattre ce ventre glouton qu'est la société, mais bien évidemment seul, c'est ce que Balzac nous fait comprendreà travers la phrase finale du héros : « À nous deux maintenant! » .

Ce roman est celui de la paternité, ainsi que del'éducation sociale et sentimentale d'un jeune provincial.

C'est grâce à ses accès dans les différents milieux sociauxque le jeune héros s'éduque et cela prend une valeur symbolique et initiatique.

Nous voyons - à travers Rastignac-l'individualisme croissant.

Ce roman dépeint la société parisienne au XIXè siècle mais surtout le grand théâtre de la"comédie humaine".Les Rougon-Macquart d'Emile Zola, oeuvre plus engagée que celle de Balzac montre à travers le socialisme et leréalisme le principe de l'hérédité selon lequel, pour l'auteur les personnages- et donc les hommes et les femmes dumonde réel- ne peuvent échapper: la situation sociale d'une famille rattrape sans cesse le héros qui rêve lui aussid'ascension sociale, et dans le même temps, d'échapper à sa condition.

Germinal est le roman par excellence de lagermination de la conscience de classe.

Etienne Lantier, le héros qui harangue les foules pour faire valoir ses idéespolitiques et révolutionnaires pour l'époque est d'abord écouté et aimé par ses camarades de la mine mais bien vite. »

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