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LE STYLE DANS «ANDROMAQUE» DE RACINE

Publié le 12/04/2011

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andromaque

La perfection de la versification de Racine est admise par chacun : « la plupart des vers de Racine n'ont pas une ride et ne « datent « point «; ils semblent faits d'une matière incorruptible, que les ans ne peuvent entamer. Ils ne paraissent pompeux qu'aux lecteurs pressés qui se laissent aveugler par les tournures de civilité en usage au XVIIe siècle, par quelques comparaisons, comme celle du « flambeau «, très peu nombreuses en vérité. Si l'on y regarde de près, on sera étonné de la quantité de mots familiers, de locutions de tous les jours, de formes empruntées à la conversation courante qui se dissimulent sous la musique des alexandrins, point de sublime à effets, des expressions justes « rasent la prose «, qui prennent toute leur force du fait qu'ils sont, avant tout, les mots de la situation.

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« « J'étais né / pour servir d'exemple / à ta colère.

» Remarquons que Racine, qui avait un grand talent pour la déclamation, ne respectait probablement pas la coupe diteclassique, monotone et lassante. Louis Racine, son fils, nous a d'ailleurs appris (Traité de la poésie, Remarques III) que l'auteur d'Andromaque disaitainsi les vers d'Hermione : « Adieu / tu peux partir / je demeure en Epire /« Je renonce / à la Grèce / à Sparte / à ton empire /« A toute ta famille / et c'est assez pour moi« Traître / qu'elle ait produit un monstre / tel que toi.

» (v.

1661). Parfois l'alexandrin, coupé à l'hémistiche, possède une autre césure, plus marquée : « Présenterai d'abord / Pylade // aux yeux d'Oreste » (v.

6) ; souvent il est « ternaire » : 4 + 4 + 4 « Ouvrez vos yeux / Songez qu'Oreste / est devant vous.

» (V.

531): mais on trouve toutes les coupes possibles : 4 + 6 +2, 4+5+3, 4+3+5, 3+6+3, 3+5+4, etc.

Dans la comédie desPlaideurs la liberté ira jusqu'à un vers « amorphe » tel que : « Ma foi / j'étais un franc portier de Comédie.

» Le rejet.

Les doctrines littéraires de Port-Royal condamnaient l'enjambement et le rejet; mais Racine a pratiqué l'uncomme l'autre. Exemples de « rejet » : « Mais cependant / mon fils / tu meurs / si je n'arrête« Le fer // que le cruel tient levé / sur ta tête.

» (v.

1034);« Ah ! si je le croyais / j'irais bientôt, Pylade« Me jeter // —Achevez Seigneur votre ambassade.

» (v.

134) ;« Sais-tu quel est Pyrrhus? / T'es-tu fait raconter« Le nombre des exploits...

// mais qui les peut compter ? » (v.

852). Exemples d'enjambement « Honteux d'avoir poussé tant de vœux superflus « Vous l'abhorriez // enfin vous ne m'en parliez plus.

» (v.

36) ; «...J'espérais ; mais enfin « Vous l'avez pu donner // sans me faire un larcin.

» (v.

828) ; « Hélas ! je m'en souviens, le jour que son courage «Lui fit chercher Achille // ou plutôt le trépas.

» (v.

1018). Avec un peu d'attention vous en découvrirez d'autres. Vous noterez aussi des « ellipses » : « Je t'aimais inconstant, qu'aurai-je fait fidèle ! » (v.

1365) ; et deux applications curieuses de ce qui était aux yeux de l'abbé d'Olivet un vieil usage, et constitue pour nousplutôt une licence : « Qu'Hermione est le prix d'un tyran opprimé« Que je le hais; enfin, Seigneur, que je l'aimé.» (v.1192); « Vaincu, chargé de fers, de regrets consumé,« Brûlé de plus de feux que je n'en allumé.

» (v.

320).. »

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