Le temps dans La vie est un songe
Publié le 05/08/2014
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Le traitement du temps dans La vie est un songe répond aux conventions
théâtrales du Siècle d'or, et reflète lidéologie calderonienne du temps
et de l'histoire.
1 - DÉCOUPAGE DE LA PIÈCE
Un découpage traditionnel
Calderon n'innove pas, reprenant le découpage en trois actes ou journées
de la comédie espagnole. Le premier acte s'étend sur deux jours. Le deuxième
commence le lendemain. Le troisième, séparé par un intervalle indéfini de plusieurs
jours (cf. v. 2216), dure une journée.
Aucun souci donc de faire coïncider au plus près temps représenté et temps de
la représentation, comme l'exigera la règle de l'unité de temps dans le théâtre classique
français.

«
E X P 0 S É S F C H E S
L'avenir
Versé dans les mathématiques et l'astrologie, Basyle cherche à deviner et à
maîtriser l'avenir.
C'est au nom de sa prétendue connaissance de celui-ci qu'il a
fait interner Sigismond.
Mais
l'avenir est imprévisible, et Basyle est conscient
des limites de son savoir ; aussi soumet-il son fils à une épreuve destinée à vérifier
ses prédictions.
Le hasard et la nécessité
Le temps semble donc livré au hasard.
Pourtant, au dernier moment, l'ordre est
restauré : le temps, et particulièrement
le temps historique, obéit à une nécessité
secrète
sur laquelle les hommes n'ont aucune prise : « Ce qui dans le ciel est
déterminé/ ce que sur les tables d'azur/ Dieu a écrit avec son doigt...
»,déclare
Sigismond (v.
3162-3164).
Ill -UNE SYMBOLIQUE DU TEMPS
L'opposition de la nuit et de la lumière
La nuit imprègne la pièce : nuit de la tour, nuit du secret qui entoure la nais
sance de Sigismond, nuit de la folie.
À l'inverse, Étoile, dont le nom symbolise la lumière, est associée à l'éclat.
Elle est la rivale du soleil naissant, pour Sigismond comme pour Astolphe, qui
reprennent le motif de
la« belle matineuse » emprunté au pétrarquisme.
Temps et évolution des personnages
La transformation morale de Sigismond sera symbolisée par la métaphore lumi
neuse et solaire : « Généreux Sigismond,/ toi dont l'héroïque majesté/ sort des
ténèbres de la nuit 5[
..
] / ô soleil brillant de Pologne» (v.
2690, 2691-2692 et
2704), lui lance Rosaura.
La tension métaphorique entre l'ombre et la lumière, qui régit la pièce, renvoie
donc
à une symbolisation concertée.
La nuit est l'univers de l'instinct, de l'anima
lité et du chaos.
Tant que Sigismond obéit à ses désirs, il est associé à ce thème du
chaos nocturne.
Ayant maîtrisé sa propre violence,
il devient solaire.
Du temps humain au temps cosmique
Chez Calderon, l'action humaine s'inscrit donc dans un temps historique im
prévisible
et opaque.
La transformation de Sigismond se mesure à sa capacité à se
« toum(er) vers l'éternité, / la seule gloire durable » (v.
2982-2983).
Le salut
s'opère donc dans le théâtre calderonien
au prix d'une sortie hors d'une histoire
chaotique,
lorsque le héros rejoint une temporalité cosmique et providentielle
dont il accepte l'énigme sans prétendre la maîtriser.
Telle est la leçon que Si
gismond tire de son histoire lorsqu'il pardonne
à son père : «Telle fut la sentence
du
ciel;/ il eut beau vouloir l'éviter,/ il ne le put; et moi[ ...
]/ comment pourrais
je la vaincre?» (v.
3234 sq.).
Conclusion : À la différence du temps chez Corneille ou Molière, profon
dément enraciné dans l'histoire et le monde social, le temps calderonien est
ouvert sur les grands cycles de la nature et enchâssé
dans une temporalité
divine qui donne sens en dernier recours à l'action des hommes..
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