LE TEMPS DANS LE PÈRE GORIOT

« toute monotonie est évitée : après une longue partie descriptive où le temps semble figé, comme il l'est à la pension Vauquer, le récit est embrayé par l'entrée d'Eugène dans le monde de la haute société parisienne.

partirde ce moment se produit un mouvement d'accélération : le temps passe de plus en plus rapidement pour Eugène qui n'a plus conscience que de ce qui n'est pas la pension Vauquer Dans la troisième partie, le temps est morcelé, les différentes journées n'étant pas vues à partir d'un seul personnage.

Cela crée un sentiment d'incohérence qui correspond à la situation dans laquelle se trouvent les différents personnages victimes de coups de théâtre,d'événements imprévisibles.

La quatrième partie, par contre, forme un tout qui traduit par l'enchaînement des cinq journées -la lenteur de l'agonie de Goriot » (L'Année balzacienne, 1978). Tempo et théâtralité Enfin le tempo souligne la ressemblance avec le théâtre.

Le rythme net (exposition, crise, dénouement) a étésouvent souligné comme étant celui de la tragédie. TEMPS ET HISTOIRE Malgré le déroulement chronologique, Balzac n'hésite pas à pratiquer le retour en arrière. Les retours en arrière ou analepses Quelques retours en arrière perturbent la chronologie, le récit de la duchesse de Langeais (p.

93), l'enquête deRastignac sur le père Goriot (p.

105)...

C'est dans ces récits que se situe tout le contexte historique révolutionnaire. La présence de l'Histoire La Révolution, cause même de la société qui est en enjeu dans le texte, est évoquée dans ces textes analeptiques.Ce temps passé se trouve enfoui dans un texte analeptique, sous- texte qui éclaire l'actualité.

Là se trouve utilisé un vocabulaire spécifique, celui de l'Histoire même : « président de sa section pendant la Révolution », « Comité de Salut Public » , les « coupeurs de têtes », « l'Empire », « Buonaparte » , « les Bourbons », etc.

(pp.

93-94).

Toute l'Histoire post-révolutionnaire, creuset même du texte, trouve place ici.

Le drame intime est éclairé par ces coups de projecteurs rétrospectifs sur l'Histoire. Quelquefois, ce retour en arrière historique peut se faire de manière infime, prosaïque, presque saugrenu.

MadameVauquer fait partie de ces petits personnages de La Comédie humaine qui vivent les bouleversements de l'Histoire à leur niveau : « Car vois-tu, nous avons vu Louis XVI avoir son accident, nous avons vu tomber l'Empereur, nous l'avons vu revenir et retomber, tout cela c'était dans l'ordre des choses possibles ; tandis qu'il n'y a point de chance contre des pensions bourgeoises : on peut se passer de roi, mais il faut toujours qu'on mange [...] » (p. 258).. »