le théâtre dans le théâtre

« l’act ion enchâssée, c’est-à-d i re que l’act ion ne soi t pas u ne scène d’i n t r ig ue ma is u n spectacle dé taché.

Le t héâ t re dans le t héâ t re, c’est donc, d’une cer ta i ne man iè re, p résen te r à des specta teu rs u ne p ièce dans laquel le des specta teu rs rega rden t u ne p ièce.

E n effet, c’est ce qu’ i l se p rodu i t dans Le vé r i tab le Sain t Genest de Rot rou pu isque D ioclé t ian demande à u ne t roupe de ven i r joue r u ne p ièce lo rs du ma r iage de sa f i l le.

Les personnages de D ioclét ian, M ax i m i n, Cam i l le et Valé r ie dev iennen t alors les specta teu rs t a nd is que Genest et sa t roupe endossen t le rô le d’acteu rs.

C’est l’acte I I qu i va i n t rodu i re p lei nemen t le p rocédé du t héâ t re dans le t héâ t re.

I l nous fa i t voi r les coul isses d’une rep résen ta t ion à l’ i n té r ieu r même de l a p ièce.

Ce r ta i ns personnages deviennen t acteu rs ta nd is que d’au t res se re t rouven t specta teu rs.

Les comédiens endossen t u n doub le rô le, on les découv re alo rs sous nos yeux en t r a i n de se vê t i r et d’essayer de mémo r ise r leu rs tex tes avan t qu’i ls n’a ien t à joue r l a p ièce.

Tou t le t rava i l que nécessi te u ne rep résen ta t ion t héâ t ra le est alo rs m is en avan t, no tammen t pa r l’ i n te rven t ion d’un décora teu r qu i témoigne de la d i f f icu l té qu’ i l y a à me t t re en p lace le décor.

Par ce p rocédé, le specta teu r assis te à la créat ion d’une p ièce de t héâ t re et découv re l’envers de celu i-ci. L’esqu isse d’u ne me n t a l i té Le t héâ t re dans le t héâ t re doi t êt re considéré comme u ne i nven t ion de l’âge ba roque.

Son succès s’exp l ique pa r les tendances a r t is t iques de l’époque, à la volon té d’i n nova t ion des d rama t u rges et aux demandes d’un pub l ic à la recherche de nouveau té.

Pa r ai l leu rs, ce p rocédé est appa r u g râce au développemen t qu’a connu le t héâ t re à cet te époque.

Le t héâ t re est u n gen re qu i pei n t tous les domai nes de la v ie et de l’a r t, pa r con t i n u i té c’est donc logique qu’i l f i n isse pa r peind re le t héâ t re l u i-même.

Dans tous les pays eu ropéens, la na issance du t héâ t re dans le t héâ t re se p rodu i t au momen t où le t héâ t re est devenu l’exp ression a r t is t ique la p l us app réciée des con tempora i ns.

E n effet, ce gen re est u n mode d’exp ression qu i peu t toucher u n la rge pub l ic (sachan t qu’à l’époque tou t le monde ne savai t pas l i re).

De p l us, i l cor respond à la façon don t les con tempora i ns app réhenden t la v ie h u ma i ne.

C’est-à-d i re qu’à leu rs yeux, le monde est u n t héâ t re sous le rega rd de D ieu, la v ie est u ne comédie dans laquel le les hommes son t les acteu rs et les specta teu rs, ne sachan t pas quel rô le vé r i tab le D ieu leu r a donné.

L’essor de ce gen re est dû égalemen t au fa i t qu’ i l sat isfasse à l a fois l’ouïe et la vue.

C’est u n moyen de d ive r t issemen t t rès app récié.

Au f i ls du temps, le t héâ t re est devenu u n l ieu ph i losoph ique à t rave rs lequel les au teu rs s’exp r i men t.

Le succès de ce gen re l’a amené à se me t t re l u i-même en scène.

Selon Rousset : « i l s’agi t d’une p r ise de conscience ; le t héâ t re ap rès 1630 a t te i n t u ne sor te d’âge adu l te ; i l est na t u re l qu’ i l se rega rde, se d iscu te, se d iscu lpe, se demande ce qu’i l est ; c’est pou rquoi le suje t de la comédie : c’est la comédie même ».

Si le t héâ t re est le m i ro i r du monde, i l est amené à êt re son p rop re m i ro ir.

Le t héâ t re dans le t héâ t re est donc pou r les au teu rs u n moyen d’exp r i me r leu r a r t, de mon t re r leu r maî t r ise techn ique.

L e p hé nomène d u dédoub lemen t. »