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Le théâtre du XVIIIe

Publié le 06/10/2018

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Le langage des valets les conditionnent donc dans leur catégorie sociale, et reste une des différences majeures entre les domestiques, à la « langue » populaire et simple, et les maîtres, au langage plus recherché, et codifié de nombreux sous entendus. Mais ce contraste entre les deux catégories sociales n’est pas le seul, ainsi des oppositions physiques et comportementales, pécuniaires, et de naissance les séparent également.

 

II> Les autres oppositions notables entre les deux classes sociale :

 

L’opposition des classes ne s’exprime pas qu’à travers le langage, mais par de multiples autres éléments comme en tout premier lieu l’apparence physique. Un maître se distingue donc de son subalterne par sa tenue élégante, cousue de tissus rares et précieux, alors que le valet possède un habit simple, que la famille qui l’emploie peut lui fournir. Dans les maisons les plus riches les costumes des valets peuvent être fabriqués de riches étoffes, mais ne seront jamais aussi beau que celui des maîtres.

 

A/ Les vêtements et l’attitude :

 

De cette façon, un domestique a dans l’espoir de changer de condition en changeant de vêtements. C’est ainsi que Sganarelle, valet de Don Juan, dans la pièce éponyme de Molière datée de 1665, arrive à se faire passer pour une condition sociale plus élevée : celle de médecin. En effet, lors de la première scène du troisième acte, le valet apporte à son maître des habits afin qu’ils puissent se déguiser, pour n’être pas reconnaissable. Ce soucis d’identité pose surtout problème à Dom Juan qui est recherché par des hommes armés : les frères de Done Elvire, une jeune femme qu’il a enlevé du couvent et qui une fois marié avec elle la rejette au mépris des règles religieuses, et pour pouvoir séduire en toute impunité d’autres femmes. Sganarelle se complet dans son nouveau costume puisqu’il déclare : « cet habit me met déjà en considération...je suis salué des gens que je rencontre, et l’on vient me consulter ainsi qu’un habile homme ». Un bel habit peut donc faire la différence entre un homme respectable, un maître, et un simple valet. Sganarelle ressemble donc à un vrai docteur car « cinq ou six paysans » sont venus le questionner sur différentes maladies. Dans ces vêtements, le serviteurs se sent important c’est un autre homme : «

 

J’ai voulu soutenir l’honneur de mon habit : j’ai raisonné sur le mal ». Le valet bien que n’ayant pas étudié comme son maître connaît les éléments qui constituent le corps humains « ces nerfs, ces os, ces veines, ces artères. », ce n’est donc pas la « belle malice », comme Sganarelle qualifie son intelligence, qui manque à ce domestique mais l’apparence physique d’une certaine appartenance à une classe sociale élevé lui conférant une réel intelligence, qui passe à travers l’habillement. Un autre élément important du costume des maîtres symbolisant le pouvoir par la force est l’épée que possède Dom Juan et qui va lui sauver la vie. Par un concours de circonstance il va défendre l’un des frères de Done Elvire en combattant à ses côtés contre trois brigands. C’est « l’épée à la main » qu’il sauvera l’honneur de cet homme qui en reconnaissance lui laissera, ainsi que son frère, la vie sauve, après avoir découvert son identité, et ce malgré le déshonneur qui pèse sur leur soeur. Il est à noter ici qu’un autre contraste apparaît entre les deux classes sociales : une différence d’ordre comportementale, car Dom Juan n’a pas peur de combattre et est courageux alors que le serviteur a un comportement de fuite, il est lâche et ne se justifiera de cela que par son habit : « Je crois que cet habit est purgatif et que c’est prendre médecine que de le porter ». Autrement dit, son habit explique son manque de courage, ce qui est antithétique puisque pour prétendre être noble, il faut aussi une noblesse « d’âme ». Cette différenciation dans le costume entre maître et valet se retrouve aussi dans L’Ile des esclaves puisque la première chose que font les naufragés lorsque le changement de rôles

« l’empressement du domestique choque Sylvia : il entre dans la maison du père de la jeune noble en désirant voir son « beau père » et sa « femme », alors qu’il n’a jamais rencontré la jeune femme qu’il doit épouser.

Arlequin n’est pas à la hauteur d’imiter son maître, tout au long de la pièce le choc entre les langues apparaîtra de plus en plus net, car même quand il essaie de séduire ce qu’il croit être la vrai Silvia il utilise des termes assez simples et des comparaisons peu valorisantes : la jeune femme devient le « joujou » de son âme et sa présence et comme du « vin délicieux », ce qui nous laisse deviner le penchant alcoolique du personnage.

De plus, il conserve ses expressions populaires : « Ah que nenni ! » ou encore « Ahi, ahi » alors que Lisette, servante de Silvia, sait rester digne et son langage, bien que moins recherché que sa maîtresse, est tout de même meilleur que celui d’ Arlequin Le clivage entre les deux classes sociales est donc très apparent dans cette œuvre, où le facteur principal dénonçant l’appartenance à une classe spécifique reste le langage.

Cette œuvre rabaisse les valets à leur condition puisque leur « langue » ne leur permet que de séduire les personnes de leur rang, les « façons de parler sottes et triviales » des domestiques, comme Dorante qualifie leur « langage », les opposent aux maîtres possédant un si « beau et raffiné » vocabulaire. B/ La domination des maîtres sur les valets passe avant tout par le langage Ainsi, les caricatures linguistiques appliquées aux valets dans le théâtre amplifient les différences entre les classes pauvres et les nobles, et donnent une mauvaise estime de l’intelligence des valets aux classes riches.

Dans La Double inconstance de P.

de Marivaux représenté pour la première fois le 6 avril 1723, Arlequin et Silvia s’aiment et sont des vassaux du Prince, ce Prince qui aime Silvia profitera de sa supériorité pour ravir la jeune femme à son promis.

Dans cette pièce le contraste est frappant entre le Prince ainsi que ces représentant : Trivelin, officier du palais, et un seigneur anonyme, et les gens du peuple comme Arlequin particulièrement au niveau des « langues ».

Mais il y a dans cette œuvre trois nuances de langage : le patois des « hommes simples et campagnards », le langage plus relevé des servantes du palais, et enfin l’excellent vocable des dirigeants.

Ainsi Silvia et son fiancé parlent de façon plutôt simple et leurs interjections face à leur cruel destin ne sont pas écoutées, étant d’une classe inférieure ils doivent « obéir ».

Leurs répliques, et plus particulièrement celle d’Arlequin, sont ponctuées d’expressions populaires comme : « Morbleu/ Par la sambille / Mardi !/ Quel diantre de galimatias ! / Vertuchoux /Têtubleu… », qui ne font que les dévaloriser encore plus aux yeux du Prince, qui les pensent incultes. C’est de cette façon que les auteurs du complot, dont les servantes du Prince (Lisette et plus encore sa sœur Flaminia) en font parties, se font l’idée qu’il « faut mettre à profit l'ignorance où » Silvia se trouve, pour pouvoir lui faire accepter son sort fâcheux sans qu’elle ne se révolte trop.

Il s’agit de « détruire l’amour entre Silvia et Arlequin », et pour se faire le jeune homme doit tomber amoureux d’une servante.

Les nobles ont donc une vision très négative et dévalorisante du « bas peuple », et se voit les manipuler facilement.

Arlequin n’est en effet pas très instruit et sa « langue » est simple, sans sous entendu ni ambiguïté, et il ne comprend pas lorsque Lisette, la servante, essaie de le séduire sous les ordres du Prince, la scène en devient assez comique : « LISETTE …je lui pardonne [en parlant de Silvia] son attachement pour vous.

ARLEQUIN À quoi cela sert -il, ce pardon-là ? LISETTE Je veux dire que je ne suis plus si surprise que je l'étais de son obstination à vous aimer.

ARLEQUIN Et en vertu de quoi étiez-vous surprise ? LISETTE C'est qu'elle refuse un Prince aimable.

».

Lisette complimente Arlequin en lui disant implicitement qu’il est digne d’être aimé, et qu’il vaut mieux que le Prince aux yeux de Silvia et très certainement aux siens aussi.

Tout cela n’est bien sur qu’hypocrisie, et ici l’ignorance du jeune homme joue ici en sa faveur puisqu’il ne se laisse pas séduire par la servante.

Un premier contraste nous interpelle celui du langage entre deux personnes sous les ordres du Prince : l’une à la campagne, plutôt sot et « simplet », et l’autre ayant fait son « apprentissage du monde » au sien du palais.

Le deuxième contraste est celui qui oppose le. »

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