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LE VINGTIÈME SIÈCLE EN LITTERATURE

Publié le 19/05/2011

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Notre but n'est pas d'étudier les idées ou les tendances des écrivains actuellement vivants, ni de rechercher sous quelles influences la poésie, le roman et le théâtre semblent évoluer, —encore moins d'analyser les formes nouvelles de l'art contemporain. Nous voulons simplement, par une nomenclature choisie, compléter à ce jour les derniers chapitres de notre ouvrage. Nous nous bornerons donc à énumérer les auteurs actuellement en possession, à tort ou à raison, de la faveur publique; nous essaierons de les définir, en évitant, le plus possible, de les juger.

I. — La Poésie.

Avec Paul Verlaine et Stéphane Mallarmé, la poésie avait cherché à noter des impressions et des sensations nouvelles, parfois aux dépens de la clarté que tout lecteur français ne peut se défendre d'exiger, même chez un poète. — La plupart de leurs disciples abandonnèrent la versification traditionnelle, persuadés que le vers classique, romantique, parnassien, n'avait pas assez de souplesse pour rendre toutes les nuances de leur sensibilité externe ou interne. Parmi ceux qui s'efforcèrent de créer cette nouvelle langue poétique et ce vers-librisme, nous nommerons René Ghil, Gustave Kahn, Francis Vielé-Griffin, Jules Laforgue... Ceux-ci ont eu, à leur tour, des imitateurs; et nombreux sont, de nos jours, les poètes qui se dispensent du rythme ou de la rime. Quel que soit le talent de quelques-uns, on ne peut se défendre, quand on s'est nourri de poésie classique, romantique et parnassienne, d'un certain malaise, à la lecture de ces lignes inégales qui hésitent sans cesse entre la prose et les vers. La plus forte influence qui se soit exercée, après Verlaine et Mallarmé, est celle d'Arthur Rimbaud (1854-1891), poète d'un tempérament plus vigoureux, plus ardent, et qui réagit avec une sorte de brutalité contre les déliquescences des symbolistes. Tantôt Rimbaud manie avec fermeté la métrique traditionnelle, comme dans le Bateau ivre ; tantôt il emploie les formes les plus libres, jusqu'à l'incohérence (Illuminations, Une saison en enfer). Mais toujours il frappe et il étonne; il s'impose par la justesse imprévue de ses images violentes; il éveille en nous d'étranges sensations qui tiennent à la fois du rêve et du réalisme. Le moment n'est pas encore venu de déterminer exactement son influence sur certains poètes, qu'il eût d'ailleurs nettement désavoués.

« (Contre-Rimes) et Tristan Derème (Les Chimères étranglées).Signalons aussi l'école de l'Abbaye (l'unanimisme) fondée par Jules Romains en 1909.

Celui-ci, qui s'est bientôtconsacré au théâtre où il s'est fait une place plus décisive, a publié, en une technique nouvelle et assez confuse,l'Ame des hommes et La Vie unanime.

A la même école ont appartenu Ch.

Vildrac et Georges Duhamel, qui, euxaussi, ont trouvé ailleurs leur véritable voie.Enfin, en historien impartial, nous ne saurions oublier même ceux qui semblent avoir poussé la poésie jusqu'àl'extravagance ou à l'enfantillage.

Certes, on ne peut refuser un talent très original à Guillaume Apollinaire (Alcools,Calligrammes); mais on doit le rendre en partie responsable, ainsi que Max Jacob, des mouvements dada etsurréaliste, sur lesquels nous n'avons pas à insister ici. II.

— Le Roman. Le roman psychologique.

— Nous avons cité plus haut le maître du roman psychologique contemporain, Paul Bourget.Ceux de ses disciples les plus distingués sont, avec René Bazin ; — Henry Bordeaux (La Peur de vivre (1903), LesRocquevillard (1906), La Robe de laine (1906) ; — René Boylesve, qui a étudié les moeurs de la bourgeoisieprovinciale dans La Becquée (1901), et L'Enfant à la balustrade (1903), et dont le chef-d'œuvre est La Jeune fillebien élevée (1902) ; — et surtout Édouard Estaunié (L'Empreinte (1896), Le Labyrinthe, Les Choses voient (1914),etc...); sous les apparences et sous les gestes humains, Estaunié s'efforce de découvrir les ressorts de la viesecrète.

— Ajoutons-y le nom de Marcel Prévost, qui, dans ses Lettres à Françoise, a su présenter de la façon laplus spirituelle et la plus sensée, toute une théorie de l'éducation des filles.

En 1900, l'oeuvre a paru hardie; ellesemble timide aujourd'hui.Il faut mettre à part Marcel Proust (1871-1922), qui s'appliqua si minutieusement, pendant une courte existencemaladive, à la recherche du temps perdu, et qui nota presque heure par heure la lente évolution de ses sentimentsd'enfant et d'adolescent.

L'oeuvre complète a 8 volumes : I.

Du Côté de chez Swann ; II.

A l'Ombre des jeunes fillesen fleurs ; III.

Le Côté de Guermantes, etc., etc...

Les trois derniers ont été publiés après sa mort.

Son stylefatigue d'abord par son implacable prolixité; mais on finit par en goûter la précision analytique et par y trouver unréalisme psychologique d'une exactitude troublante.

Marcel Proust à l'exemple de Stendhal, et avec plus decomplexité, essaie de pénétrer dans un subconscient à la fois mystérieux et vrai.Son influence a été forte sur Jean Giraudoux, Paul Morand.

André Maurois, François Mauriac, qui, comme lui,prennent pour thèmes de leurs romans des cas rares et presque pathologiques.

Mais le style de Giraudoux (Suzanneet le Pacifique, Siegfried et le Limousin) est d'une finesse parfois obscure, et l'auteur semble fuir la simplicité et laclarté avec la souplesse ironique d'un virtuose; — celui de Paul Morand (Ouvert la nuit, Rien que le Monde) est pluscoloré et parfois brutal; —celui d'André Maurois (Bernard Quesnay, Ariel, Le Peseur d'âmes), plus clair et plusélégant; — celui de F.

Mauriac (Destins, Thérèse Desqueyroux), plus nerveux, plus sombre, plus oratoire et plusviolent.L'influence de Proust fut dépassée peut-être par celle d'André Gide, qui, disciple d'Oscar Wilde et de Nietzsche, futle maître de l'amoralisme.

Dans La Porte étroite, La Symphonie pastorale, Les Faux Monnayeurs, etc., Gidereprésente la conscience actuelle dans ce qu'elle a de plus incertain et de plus inquiétant; plus tard, on étudieral'origine et le développement du gidisme entre 1890 et 1925, comme on le fait pour la mélancolie romantique.On peut ranger encore parmi les romanciers psychologues, Ernest Psichari (1883-1914), petit-fils de Renan, quipublia en 1913 L'Appel des armes, et laissa en manuscrit (il fut tué en août 1914) Le Voyage du centurion, récit desa propre conversion au catholicisme.Le Roman exotique.

— Pierre Loti avait enchanté le monde par des récits de voyage et des descriptions dont sapersonnalité faisait tout le prix.

Sur ses traces se sont élancés de nombreux imitateurs, moins subjectifs que lui, etqui ont cherché à nous donner de l'authentique couleur locale.

Le premier fut Claude Farrère (Fumées d'opium, LaBataille, L'Homme qui assassina, etc.).

Comme Loti officier de marine, Farrère a vu et observé les pays et les moeursqu'il décrit; et il a l'art de donner à ses romans une allure dramatique.Parmi ceux qui, encouragés par la mode, ont promené le lecteur dans tous les pays du monde, et en particulier dansnos colonies, distinguons : Louis Bertrand g.,e Mirage oriental, Le Sang des races, Pépète le Bien-Aimé).

Mais il abientôt renoncé au roman, pour écrire de sérieuses études d'histoire religieuse (Saint Augustin, 1913); Sanguismartyrum, 1920).

Il a aussi consacré un très beau livre à Louis XIV, livre où il reprend, après Voltaire, et avecl'expérience des faits, le panégyrique du Grand Roi; — René Maran, auteur de ce Batouala qui remporta en 1921 leprix Goncourt; — Jérome et Jean Tharaud (Dingley, L'Ombre de la croix, Marrakech, etc...), écrivains montés trèsvite au premier rang, et qui y resteront.Faisons une place à part au livre si profond et si naïf à la fois de Louis Hémon : Maria Chapdelaine, — et auxspirituels et pittoresques ouvrages de Myriam Harry : La petite fille de Jérusalem, Siona chez les Barbares, Siona àParis.Mais ajoutons que le genre exotique continue à séduire une foule de romanciers, qui sont heureux de trouver dansles pays étrangers des décors parfois nouveaux, et toujours faciles à embellir, —et des personnages auxquels il leurest aisé d'attribuer des sentiments sur la vérité desquels il nous est permis de rester sceptiques.Le roman d'aventures.

— Par une réaction légitime contre les subtilités parfois fatigantes du roman psychologique,s'est développé le roman d'aventures.

C'est un genre qui n'avait jamais cessé de fleurir dans la littérature anglo-saxonne, depuis Fenimore Cooper et Edgar Poe jusqu'à Stevenson.

Sans nous arrêter, en ce rapide résumé, à desécrivains moins notoires, quoique très distingués et parfois très amusants, signalons surtout les romans à grandsuccès de Pierre Benoit : Kœnigsmark, L'Atlantide (1919), Pour Don Carlos (1920), La Chaussée des Géants (1922),etc., et ceux de Pierre Mac Orlan : Le Chant de l'équipage, La Cavalière Elsa (1927), etc.Au roman d'aventures, on peut rattacher le roman historique, à la Walter Scott ou à la Vigny, genre que Maurice. »

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