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L'école des Femmes (1662) OU LA PHILOSOPHIE DE MOLIÈRE

Publié le 27/06/2011

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Après le triomphe des Précieuses ridicules Molière continua à chercher le succès dans les voies qui lui avaient jusque-là réussi : Sganarelle ou le Cocu imaginaire est une comédie d'intrigue à la façon de l'Etourdi et du Dépit amoureux. Elle repose tout entière sur des hasards : Célie, désespérée à la nouvelle que son père veut l'obliger à oublier Lélie qu'elle aime et à épouser Valère, tombe en faiblesse ; par hasard, le bourgeois Sganarelle se trouve là et aide à la secourir ; par hasard, sa femme l'aperçoit occupé d'une jeune femme et le croit infidèle, etc... Et sur un quiproquo : Célie en se pâmant a laissé tomber le portrait de Lélie ; la femme de Sganarelle le trouve quand elle vient gourmander son mari et en respire le parfum ; Sganarelle, qui revient, croit qu'elle embrasse le portrait de son amant et se persuade qu'il est cocu. Hasards et quiproquos se poursuivent pendant cinq actes, d'ailleurs avec plus d'adresse et de vraisemblance que dans l'Etourdi et le Dépit amoureux. 

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« murer, pour s'aimer.

Dès lors, le sort d'Arnolphe est réglé.

Sans doute la chance le favorise.

Il se trouve qu'il est unami du père d'Horace; qu'Horace sait qu'Agnès est la pupille d'un M.

de la Souche mais sans se douter que M.

de laSouche est h nom dont la vanité d'Arnolphe s'est affublée ; et ainsi l'imprudence d'Horace confiera à Arnolphetoutes les ruses tramées contre M.

de la Souche.

Peu importera ; en fin de compte la jeunesse et l'amourtriompheront de l'âge et de l'égoïsme.

Ce n'est pas tout.

A travers toute la pièce Arnolphe parlera à Agnès de devoir, de respect, de reconnaissance, dediscipline ; il essaiera de la convaincre que le prix de la vie est la pratique des vertus de renoncement.

Agnès, quiest pourtant, qui nous est donnée comme droite, simple, honnête, lui répond plaisir et bonheur par le plaisir ; elletrouve naturel et juste de suivre ses instincts naturels qui lui font s'ennuyer en la compagnie de l'austère Arnolphe,et frémir de bonheur dès qu'elle voit Horace et qu'elle l'entend.

Toute sa morale se résume dans le vers fameux :Le moyen de chasser ce qui fait du plaisir...Rien ne prévaudra contre cette morale, pas plus l'Enfer et ses chaudières bouillantes dont Arnolphe la menace queses lamentations et supplications d'amoureux méprisé.

Est-ce la morale de Molière comme celle d'Agnès ?Pour y voir clair il faut nous débarrasser d'abord d'un problème dont on a embrouillé l'Ecole des femmes, leMisanthrope, voire quelques autres pièces de Molière.

Le 20 février de la même année 1662, Molière avait épouséArmande Béjart, une actrice de sa troupe.

Il avait quarante ans ; Armande Béjart en avait vingt.

Ce sont, plus oumoins, les âges d'Arnolphe et d'Agnès.

Dès lors est-ce que l'Ecole des femmes ne serait pas une confidence,l'histoire d'un Molière déjà vieilli marié à une jeune comédienne frivole et coquette et entourée de galants jeunes,élégants et sans scrupules ? L'histoire se continuerait dans le Misanthrope où l'honnête et douloureux Alceste seraitle triste Molière berné par une menteuse Célimène- Armande.

Et l'histoire se complique parce que derrière la jeuneArmande il y avait déjà la vieille Madeleine Béjart, l'actrice avec laquelle Molière avait naguère fondé l'Illustre théâtreet qui était restée de la troupe à travers la province et en revenant à Paris.

Armande, selon les pièces officielles,était la jeune sœur de Madeleine.

Mais n'était-elle pas en réalité sa fille ? Et comme Molière avait été l'amant deMadeleine n'aurait-il pas été le mari incestueux de sa propre fille ? On l'a insinué ou affirmé du vivant même deMolière.

Montfleury, le pamphlet de la Fameuse comédienne, d'autres encore ont dit ou laissé entendre que Molièreavait subi de la part d'une femme dévergondée le destin que Sganarelle ne subit qu'en imagination, qu'il avait épouséla fille de son ancienne maîtresse et peut-être sa fille à lui.

Mais ces accusations ne reposent en réalité sur aucunesorte de preuves.

Ce n'est que le fiel de polémistes qui écrivent, par surcroît, en un temps où les pires calomniessont la monnaie courante de la polémique.

N'accuse-t-on pas Boileau d'être un ivrogne, un habitué des maisons deprostitution, même d'être un athée, professeur d'athéisme, c'est-à-dire de mériter la corde ou le bûcher ? En réalité,nous ne savons absolument rien des amours de Molière.

Il est évident qu'à quarante ans Molière n'avait pas pratiquéla vertu de chasteté.

Mais qui avait-il aimé ? La Béjart, la de Brie, la Duparc ? Et même comment avait-il aimé ?Simples passades ? concubinages sensuels ou d'habitude ? amours plus profondes de tendresse ou de passion ?Nous n'en savons absolument rien.

Et nous ne sommes pas mieux renseignés sur les raisons qui ont décidé Molière àépouser Armande Béjart.

On discute toujours comme si Molière avait épousé à quarante ans (le commencement dela vieillesse au XVIIe siècle), et par amour, une jeunesse qui ne se souciait pas d'un barbon, même glorieux.

Mais cen'est qu'une hypothèse.

Le mariage a fort bien pu n'être, dans une certaine mesure, qu'une bonne affaire quidonnait à l'un une femme agréable, lui assurait une bonne actrice et assurait à l'autre, avec un mari sympathique,une existence cossue et considérée.

Comment vécut le ménage ? en paix et tendresse, avec des bourrasques, avecdes tempêtes et des rancunes ? Nous savons qu'Armande donna à son mari trois enfants ; et nous ne savons riende plus.

Il est donc vain de chercher dans l'Ecole des femmes, le Misanthrope ou ailleurs des confidences indirectesoù Molière aurait laissé parler son cœur d'époux comblé ou d'époux berné.

Par exemple, Alceste accable Célimènedes reproches qu'elle a d'ailleurs mérités : Voilà ce que marquaient les troubles de mon âme ;Ce n'était pas en vain que s'alarmait ma flamme ;Par ces fréquents soupçons qu'on trouvait odieuxJe cherchais le malheur qu'ont rencontré mes yeux... Nous sommes en 1666.

Depuis quatre ans de mariage Armande a eu certes le temps de se lasser de son mari etsinon de le sganarelliser du moins de s'en donner les apparences.

Les plaintes d*Alceste, a-t-on dit, sont lesplaintes d'un Molière qui fait en Alceste son portrait et en Célimène celui d'Armande.

Seulement ces vers sont reprisde Dom Garde (qui n'avait pas été publié), et Dont Garde a été écrit un an avant le mariage.

Surtout il étaitvraiment impossible que Molière songeât à faire d'une pièce de théâtre une confidence même voilée.

Aucun écrivainne pouvait avoir pareille idée entre 1650 et 1750.

Nulle part, dans aucun genre littéraire, nous n'avons deconfidences certaines ou même probables, à moins qu'on ne cultivât le genre du portrait où l'image que l'on composede soi reste d'ailleurs fort abstraite et assez impersonnelle.

Rappelons-nous que dans le théâtre de Racine lespersonnages les plus conventionnels sont ceux où il aurait plus aisément pu se peindre, les jeunes premiers.

De lavie intime de Molière il n'y a rien dans ses comédies ; tout ce que l'on a prétendu en tirer n'est qu'hypothèsesaventureuses.Il n'est pas aventureux par contre de chercher dans l'Ecole des femmes — et c'est là où on peut le trouver le pluspleinement — sinon ce qu'on pourrait appeler la philosophie de Molière, du moins les idées qu'il jugeait les meilleurespour la conduite de la vie.

Ses ennemis ne s'en sont pas fait faute dès la violente querelle de l'Ecole des femmes.

Lapièce aurait été une école ouverte d'immoralité et d'impiété.

Elle aurait prodigué les plus coupables indécences etenseigné à rire des châtiments que la religion réserve aux pécheurs.

Les accusations ont été directes etvéhémentes et l'autorité n'était pas tendre pour les impies ou même pour ceux qu'on soupçonnait d'impiété.

Pourtantces accusations sont restées parfaitement vaines.

Molière a pu dédier l'Ecole des femmes à Madame, la Critique de. »

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