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Lecture analytique : Excipit de Bel-Ami de Maupassant

Publié le 01/07/2012

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Du Roy l’écoutait, ivre d’orgueil. Un prélat de l’église romaine lui parlait ainsi, à lui. Et il sentait, derrière son dos, une foule, une foule illustre venue pour lui. Il lui semblait qu’une force le poussait, le soulevait. Il devenait un des maîtres de la terre, lui, lui, le fils des deux pauvres paysans de Canteleu.  Il les vit tout à coup, dans leur humble cabaret, au sommet de la cote, au dessus de la grande vallée de Rouen, son père et sa mère, donnant à boire aux campagnards du pays. Il leur avait envoyé cinq mille francs en héritant du comte de Vaudrec. Il allait maintenant leur en envoyer cinquante mille : et ils achèteraient un petit bien. Ils seraient contents, heureux.  L’évêque avait terminé sa harangue. Un prêtre vêtu d’une étole dorée montait à l’autel. Et les orgues recommencèrent à célébrer la gloire des nouveaux époux.  Tantôt elles jetaient des clameurs prolongées, énormes, enflées comme des vagues, si sonores et si puissantes, qu’ils semblaient qu’elles dussent soulever et faire sauter le toit pour se répandre dans le ciel bleu. Leur bruit vibrant emplissait toute l’église, faisant frissoner la chair et les âmes. Puis tout à coup elles se calmaient ; et des notes fines, alertes, couraient dans l’air, effleuraient l’oreille comme des souffles légers ; c’étaient de petits chants gracieux, menus, sautillants, qui voletaient ainsi que des oiseaux ; et soudain, cette coquette musique s’élargissait de nouveau, redevenant effrayante de force et d’ampleur, comme si un grain de sable se métamorphosait en un monde.  Puis des voix humaines s’élevèrent, passèrent au dessus de têtes inclinées. Vauri et Landeck, de l’opéra, chantaient. L’encens répandait une odeur fine de bonjoi, et sur l’autel le sacrifice divin s’accomplissait, l’Homme-Dieu, à l’appel de son prêtre, descendait sur la terre pour consacrer le triomphe du baron Georges Du Roy.  Bel-Ami, à genoux à côté de Suzanne, avait baissé le front. Il se sentait en ce moment presque croyant, divinité religieux, plein de reconnaissance pour la divinité qui l’avait ainsi favorisé, qui le traitait avec ces égards. Et sans savoir au juste à qui il s’adressait, il la remerciait de son succès.  Lorsque l’office fut terminé, il se redressa, et, donnant le bras à sa femme, il passa dans la sacristie. Alors commença l’interminable défilé des assistants. Georges, affolé de joie, se croyant un roi qu’un peuple venait acclamer. Il serrait des mains, balbutiait de mots qui ne signifiaient rien, saluait, répondait aux compliments : « Vous êtes bien aimable. «  Soudain il aperçut Mme de Marelle ; et le souvenir de tous les baisers qu’il lui avait donnés, qu’elle lui avait rendus, le souvenir de toutes les caresses, de ses gentillesses, du son de sa voix, du gout de ses lèvres, lui fit passer dans le sang le désir brusque de la reprendre. Elle était jolie, élégante, avec son air gamin et ses yeux vifs. Georges pensait : « Quelle charmante maitresse, tout de même. «  Elle s’approcha, un peu timide, un peu inquiète, et lui tendit la main. Il la reçut dans la sienne et la garde. Alors il sentit l’appel discret de ces doigts de femme, la douce pression qui pardonne et reprend. Et lui-même il la serrait, cette petite main, comme pour dire : « je t’aime toujours, je suis à toi ! «  Leurs yeux se rencontrèrent, souriants, brillants, pleins d’amour. Elle murmura de sa voix gracieuse :  A bientôt monsieur.  Il répondit gaiement : - A bientôt, madame.  Et elle s’éloigna.  D’autres personnes se poussaient. La foule coulait devant lui comme un fleuve. Enfin elle s’éclaircit. Les derniers assis tants partirent.  Georges reprit le bras de Suzanne pour retraverser l’église.  Elle était pleine de monde, car chacun avait regagné sa place, afin de les voir passer ensemble. Il allait lentement, d’un pas calme, la tête haute, les yeux fixés sur la grande baie ensoleillée de la porte. Il sentait sur sa peau courir de légers frissons, ces frissons froids que donnent les immenses bonheurs. Il ne voyait personne. Il ne pensait qu’à lui.  Lorsqu’il parvint sur le seuil, il aperçut la foule amassée, une foule noire, bruissante, venue là pour lui, pour lui Georges Du Roy. Le peuple de Paris le contemplait et l’enviait.  Puis, relevant les yeux, il découvrit là-bas, derrière la place de la Concorde, la chambre des députés. Et il lui sembla qu’il allait faire un bond du portique de la Madeleine au portique de Palais-Bourbon.  Il descendit avec lenteur les marches du haut perron entre deux haies de spectateurs. Mais il ne les voyait point ; sa pensée maintenant revenait en arrière, et devant ses yeux éblouis par l’éclatant soleil flottait l’image de Mme de Marelle rajustant en face de la glace les petits cheveux frisée de ses tempes, toujours défaits au sortir du lit.

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« 3.

L’inverse du triomphe• une sensation de bonheur intenseBA savoure sa réussite.

Le narrateur choisit un point de vue interne : « il sentait sur sa peau » répétition de frisson.

Mot immense qui accentue.• un délire mégalomaniaqueLa joie ressentie : délire, folie, ivre d’orgueil, affolée de joie.

Le personnage a des hallucinations telles un bonheur intense.

Le verbe « voit » n’est pasqu’une pensée aux souvenirs : il visualise ses parents.

Au moment de saluer, il se prend pour un roi.

Ironie du narrateur omniscient : il ridiculise sonpersonnage ? Il ne se sent plus par son nom.

Mégalomanie : pour lui, pour lui répétition placé à la fin de la phrase : effet d’insistance. II/ II/ un dernier portrait du protagoniste 1.

Un ambitieux• La jouissance du chemin parcourueBA est parvenu à son but : argent.

Il savoure sa réussite.

Un évêque se tient en personnage devant lui : orgueilleux.

Insistance sur le pronom « lui ».Antithèse : maitres de la terre : décalage depuis le début : orgueil face à cette trajectoire impressionnante.• Obsession de l’éttage suivantGDR n’t pas satisfait d’uniquement savourer : il pense déjà à la suite.

Regard attiré par la chambre des députés.

Futur proche : allait faire un bond :conquête rapide et facile.

Même thème, même regard sur ce chasseur, ce conquérant de l’incipit mais ce n’est plus seulement au niveau des femmesmais aussi dans la politique.• Egocentrisme de l’arrivisteDR obsédé par sa réussite : ne voyait personne, ne pensait qu’à lui.

Cet alexandrin blanc semble résumer le personnage de BA.

Cet égocentrisme seprononce sur la répétition très marqué de « lui ».

On ne parle presque pas de Suzanne (3 fois).

Elle s’efface de + en +.

Il ne se retourne même pas lorsde la descente des marches. 2.

Un séducteur• Désir des femmesSurtout Mme de Marelle avec qui il avait rompu mais qu’il revoit : champs lexical du désir, de la sensualité qui s’oppose au mariage.

La cérémonie demariage est un double mariage : légitime qui l’amène de plus en plus haut au niveau social.

Illégitime par la fin du texte avec la main de Mme deMarelle, avec brutal.

On trouve une allitération en D, assonance en « en ».

Pensée pour sa maitresse et non pour sa femme.• Effet de symétrie avec l’incipitDébut du roman, on trouve directement du féminin avec la caissière et la cliente.

Désir dès le début d’avoir plus de titre.

On a donc un parallélisme entrele début et la fin.

Le récit se clos sur Mme de Marelle.

Le dernier mot du roman est « lit » : terme symbolique qui résume le personnage.

La boucle estbouclée. . »

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