Lecture linéaire du pont Mirabeau d'Apollinaire
Publié le 30/12/2022
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«
Le Pont Mirabeau
Publié dans la revue Les Soirées de Paris en 1912, ce poème est inspiré
par Marie Laurencin.
Très épris de la jeune femme, Apollinaire a eu avec
elle une liaison à partir de 1907.
Mais elle s’est lassée du caractère difficile
du poète et l’a quitté.
Il écrit alors « Le Pont Mirabeau » après leur
rupture.
En 1911, Apollinaire habitait depuis deux ans le quartier d’Auteuil
dans le XVIème arrondissement, et aimait emprunter le pont Mirabeau
pour rentrer chez lui.
Il était sans doute souvent accompagné de Marie.
Ce
pont a été également choisi pour d’autres raisons : le pont ne correspond
pas au stéréotype : c’est un pont métallique.
On retrouve donc ici la
volonté d’évoquer le monde moderne en le chantant dans le monde
industriel.
L’image de ce pont est donc naturellement associée au
souvenir des amours du poète.
En quoi ce poème musical est-il
élégiaque ?
Le genre de l’élégie : vient du mot grec qui signifie « plainte ».C’est
généralement un poème court et sa tonalité est mélancolique, liée au
regret et à la nostalgie.
Les thèmes principaux sont la fuite du temps et
les amours mortes.
1- L’expression du temps qui passe : champ lexical de l’écoulement de
l’eau qui symbolise la succession des heures, des jours, des semaines.
L’eau et le temps qui passe sont caractérisés par la lenteur, la continuité
et l’irréversibilité.
« coule la Seine » ; « passe l’onde si lasse » ; « cette eau courante » ;
« s’en va »
Le temps grammatical
éternelle.
(présent de l’indicatif) marque la continuité
La construction en boucle qui a pour effet de suggérer la circularité.
La
répétition des mots qui construisent un effet d’écho « passent les jours et
passent les semaines ni temps passé ni les amours reviennent »
(polyptote : Un polyptote consiste à employer plusieurs formes
grammaticales (genre, nombre, personnes, modes, temps) d’un même
mot, dans une phrase.)
2- La comparaison eau/ temps/ amour
Répétition de « l’amour s’en va », comparaison « comme cette eau
courante » : regret du poète
L’image de l’eau qui coule exclut le retour en arrière car le fleuve ne coule
que dans un sens.
L’eau « s’en va ».
L’histoire d’amour est terminée
définitivement, sans espoir de retour.
D’où la nostalgie « ni temps passé
ni les amours reviennent » (.
Les amours appartiennent donc au passé, ce
qu’affirme avec force le poète par l’anaphore « passent les jours et
passent les semaines ni temps passé ni les amours reviennent ».
La répétition du vers « Sous le pont Mirabeau coule la Seine » indique une
structure circulaire qui donne une impression d’éternel recommencement,
d’infini.
Le temps s’enfuit irréparablement, à l’image de la vie et de tout...
Le vocabulaire qu'il emploie est soutenu, poétique : « nos amours » à la
place de « notre amour », « faut-il qu'il m'en souvienne » = « faut-il que
je m'en souvienne » ; « l'onde » = «le fleuve ».
Le poème est très
moderne, mais Apollinaire utilise des expressions appartenant au passé.
Cela lui donne un côté un peu désuet et suranné qui renforce le regret.
Les vers ne sont pas réguliers : il y a des décasyllabes, mais le deuxième
vers de chaque strophe est comme « cassé » (4 + 6).Cela traduit le
sentiment qu'il éprouve : il « casse » les décasyllabes pour montrer qu'il
est « cassé » lui-même, intérieurement.
La forme du poème reproduit
quelque chose qui....
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