Lecture linéaire n°1 : la naissance de Gargantua
Publié le 19/05/2025
Extrait du document
«
Lecture linéaire n°1 : la naissance de Gargantua
Introduction :
….
Project de lecture : La naissance extraordinaire d’un héros hors-normes.
Mouvement du texte :
1.
lignes 1 à 12 : un accouchement douloureux
2.
lignes 13 à 19 : une naissance extraordinaire
3.
lignes 20 à 27 : intervention satirique du narrateur
1.
un accouchement douloureux ligne 1 à 12
Peu de temps après, elle commença à soupirer, lamenter et crier.
Le passage s’ouvre sur un CCT : l’action commence en plein banquet lors duquel Grandgousier et Gargamelle
ont beaucoup bu et mangé : la naissance de Gargantua est placée sous le signe de la fête et de la démesure.
Gradation qui relève la douleur croissante de l’accouchement imminent.
Aussi vite les sage-femmes arrivèrent en foule de tous les côtés.
CCT « aussi vite » + CCL « de tous les côtés » + complément de mesure « en foule » = précipitation des sagefemmes (dénombrées au pluriel), affolement → marque le gigantisme de la dame à accoucher, la démesure
propre à cette famille de géant + effet comique dans l’affolement.
Et la tâtant par le bas, trouvèrent quelques morceaux de peau, d'assez mauvais goût, et elles pensaient que
c'était l'enfant, mais c'était le fondement qui lui échappait, à cause du ramollissement de l'intestin de droite que
vous appelez le boyau culier, parce qu'elle avait mangé trop de tripes, comme nous l'avons expliqué ci-dessus.
Vocabulaire médical qui rappelle à la fois le caractère sérieux et réaliste de la
situation, mais sur un ton comique et dégoutant.
L'humour scatologique dont
Rabelais se fait expert dans Gargantua.
Il n'épargne aucun détail dégoutant de la
scène d'accouchement à son lecteur.
La confusion entre le derrière de
Gargamelle et l'enfant est elle aussi comique.
Le comique scatologique est augmenté par les commentaires du narrateur: il
multiplie les modalisations par une série de propositions subordonnées dans
cette phrase, il prend part au récit, commente, s'amuse avec le lecteur: «
quelques morceaux de peau, d'assez mauvais goût », « mais c'était le fondement
qui lui échappait [...) parce qu'elle avait mangé trop de tripes, comme nous
l'avons expliqué ci-dessus ».
Le récit de l'accouchement est une trop belle occasion pour Rabelais qui s'adonne
avec exagération au comique qu'il affectionne jusqu'à dégouter le lecteur.
Donc une repoussante vieille de la compagnie, qui avait la réputation d'être grande guérisseuse, et qui était
venue là soixante ans auparavant de Brisepaille près de Saint-Genoust, lui fit un restrictif si horrible, que tous ses
trous en furent si étrangles et resserrés que vous les auriez à grand-peine élargi avec les dents - ce qui est une
chose bien horrible à penser -, à la façon dont le diable écrivant le caquet de deux commères à la messe de la
Saint-Martin, allongea son parchemin.
Intervient un personnage étrange, figure de la sorcière dans les contes
merveilleux : « repoussante vieille », « grande guérisseuse », « qui était venue
là soixante ans auparavant » + allusion au diable et aux deux commères.
La
description rend le personnage maléfique.
Le médicament qu'elle administre à
Gargamelle relève de la potion de sorcière car non content d'être inefficace, il
produit l'effet inverse de celui escompté et empêche les voies naturelles de
s'ouvrir pour faire passer le bébé.
Elle propose un « restrictif » = un médicament
qui contracte les tissus (le fait-elle exprès ? est-elle incompétente ?) « si horrible
que » : l'adjectif péjoratif + adverbe d'intensité « si » augmente l'effet
indésirable du médicament.
Nous pouvons voir ici une critique des guérisseurs
(et non des médecins à mon sens) car Rabelais prend soin de préciser que cette
« repoussante vieille » n'est pas docteur mais n'a que la « réputation d'être
grande guérisseuse ».
Nous pouvons voir en elle la figure du charlatan.
Le commentaire adressé au lecteur « que vous l'auriez à grand peine élargi avec
les dents » : comique et poursuite de la connivence comme au paragraphe
précédent.
L'intervention de ce personnage au lieu de soulager la patiente augmente sa
douleur et empêche la naissance du bébé par les voies naturelles « tous ses
trous en furent si étranglés et resserrés »
2.
une naissance extraordinaire lignes 13 à 19
Par cet inconvénient, furent au-dessus relâchés les côtés de la matrice, par lesquels l'enfant sursauta; il entra
dans la veine creuse, et grimpant par le diaphragme jusqu'en dessous des épaules (où ladite veine cave se
partage en deux) prit son chemin à gauche et sortit par l'oreille gauche
« Par cet inconvénient » = complément d'agent = le restrictif de la vieille
empêchant définitivement Gargamelle d'accoucher normalement, le narrateur
donne un tour extraordinaire à la naissance du garçon = registre merveilleux.
« la matrice », « la veine creuse », « le diaphragme », « des épaules », « veine
cave », « l'oreille » : champ lexical du corps humain (termes médicaux) = on suit
le l'enfant qui se fraie un chemin, exposé comme un véritable labyrinthe à
l'intérieur du corps de sa mère.
la description est minutieuse et réaliste même si
l'événement lui est à ranger dans le registre merveilleux.
Ce mélange de
réalisme et de merveilleux, de sérieux et de comique est propre à l'esthétique
rabelaisienne, cela fait partie de son humour.
Le bébé, lui, semble déjà doué d'une intelligence supérieure: les verbes sont des
verbes de mouvements, il en est le sujet « il entra », « grimpant », « prit » et «
sortit » : il agit selon sa propre volonté, il se fraye lui-même le chemin vers la
sortie.
« et sortit par l'oreille gauche » : ainsi Gargantua nait par l'oreille gauche de sa
mère, ce qui rappelle les naissances....
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