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LECTURE SYNTAGMATIQUE ET PARADIGMATIQUE: Tristan et d'Iseut

Publié le 18/01/2015

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Un motif persistant est celui de Dieu, dont les occurrences sont multiples. On peut penser que s'il est si souvent invoqué, cela tient à des effets de style oraux. Pourtant les interventions du narrateur, qui lui aussi invoque Dieu et la Fortune (laquelle, sous la forme d'une roue, est une image familière au Moyen Âge), marquent le sérieux des vocatifs. Tout se fait sous le regard de Dieu. Même ceux qui mentent le prennent à témoin et comme garant. Béroul se fait juge à chaque instant. Il aime les amants et hait leurs ennemis. Il fait de ses lecteurs-auditeurs leurs complices, de sorte que les scènes sont vues par Dieu, le narrateur et son public (que Béroul appelle à chaque instant : « Seigneurs, oyez... »). Cette complicité est parallèle à celle de la foule et à celle d'Ogrin. Le pathétique vient du sort des amants. Tristan est pauvre, sans ressources. Iseut est maltraitée physique¬ment : les liens lui meurtrissent les poignets, tes lépreux la saisissent. Il suffit de comparer ces épisodes à ceux correspondants chez Gottfried, frère Robert ou Sire Tristrem pour voir que Béroul a choisi le tumulte, les dissonances. Il mêle les tons : sarcasmes, rires, cris, mais aussi ironie et pathétique. n L'épée, l'anneau et le gant Les deux versions de l'« estoire » comportent l'épi¬sode de la découverte par le roi des amants dans la forêt. Elle devient le motif directeur de toute la deuxième partie de la vie dans la forêt c'est une péri¬pétie décisive, à la fois attendue et inattendue. Minutieusement, l'auteur la prépare : il motive l'ab¬sence de Gouvernai (Y. 1 832) dont la présence aurait rendu l'événement impossible ; il annonce le résultat : « cela faillit être pénible et cruel pour eux » (v. 1 836). Il rassure son public mais souligne le caractère sexuel de l'épisode : « si elle avait été nue ce jour-là, une hor¬rible aventure leur serait arrivée » (vv. 1 808-1 809). Il prépare aussi les gestes du roi : « La reine gardait à son doigt la bague en or sertie d'émeraudes que le roi lui avait remise lors de leur mariage. Le doigt d'une éton¬nante maigreur, retenait à peine la bague » (v. 1 811 et suiv.) La mention « je pense », au vers 1 818 montre un observateur critique. La nature même est attentive : « pas un souffle de vent, pas un frémissement de
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« I.e fragment se divise en épisodes qui eux-1nêmes se subdivisent en séquences.

Parfois, l'attention se concentre sur une séquence sans que les plans bou­ gent : c'est un plan-séquence.

Les interventions du narrateur soulignent les articulations du récit en aver­ tissant le public de ce qui va suivre.

1,., épisode : les amants espionnés et surpris (v.

1826).

Il comprend essentiellement des dialogues, sous le pin et dans la chambre.

Le roi est pris qui croyait prendre.

Cet ensemble ressemble à un acte de comédie.

Tout y est à double sens.

Antithétiquement (l'auteur nous avertit), le nain allié aux barons va triompher dans la scène de la fàrine.

2" épisode: la passion selon Béroul (vv.

827-1270).

Pour un chrétien du XII' siècle, le code de cet épisode est celui du Christ capturé, jugé et livré à la mort.

On notera d'abord la colère du roi et sa faute : condamner sans procès.

La foule intervient, mais assiste impuis­ sante aux souflfances des amants.

Deux chceurs s'op­ posent à la tOule favorable : les barons et le nain d'un côté, les cent lépreux de l'autre.

C'est une scène vio­ lente où seule la voix de Dinas exprime la sympathie.

Ces juges, cette foule, cette violence rappellent la mort et la passion de Jésus-C:I1rist selon saint Matthieu.

À la fin de cet épisode s'annonce le suivant, en tûndu enchaîné.

La forêt s'entrouvre (v.

1271).

3' épisode : la vie dans la forêt (vv.

1271-2 952 ).

Il n'est pas fait d'actions rapides et violentes, comme le précédent.

Il évoque une durée indéterminée, mélo­ dique, ponctuée par plusieurs épisodes secondaires : le destin du nain Frocin (un ennemi de Tristan), l'inven­ tion de« l'arc qui ne faut)', l'arrivée du chien Husdent et son dressage.

L'épisode est encadré par deux visites à Ogrin, dans la prenüère les amants refusent de se repentir, dans la seconde ils y consentent.

La cause de 58 TRISTAN ET ISEUï. »

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