L'éloge de la cité, un nouveau genre littéraire
Publié le 03/10/2018
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Un genre littéraire nouveau Les hymnes aux cités, genre particulièrement florissant sous les Ramsès, découle directement des hymnes composés en l'honneur des dieux. L'hymne à une ville n'est en effet rien d'autre que l'éloge du centre religieux d'une divinité faisant l'objet d'une vénération particulière : Thèbes pour Amon, Memphis pour Ptah, Héliopolis pour AtoumRê ou Hermopolis pour Thot, le dieu de l'écriture. Le schéma de base de ce type de texte est le suivant : le narrateur, exilé malheureux, éprouve de la nostalgie pour sa cité d'origine. Il adresse sa plainte à la divinité principale de la ville en question, en en dressant un tableau idyllique où la sérénité côtoie l'abondance. Ces œuvres sont de véritables poèmes composés le plus souvent d'une suite de distiques (deux vers). Occasionnellement, ils sont introduits comme des lettres. Plusieurs de ces hymnes aux cités sont connus par des versions consignées sur des papyrus portant diverses œuvres destinées à l'enseignement des élèves scribes (sagesses, lettres modèles, etc.) et traduits par l'égyptologue R. A. Caminos dans son ouvrage Late Egyptian Misce//anies (publié à Londres en 1954).
A la fin du Nouvel Empire, les lettrés égyptiens innovent beaucoup en matière de littérature. En fins connaisseurs des textes classiques, ils jouent avec les règles pour créer de nouveaux genres littéraires, dont « l'éloge de la cité ».
«
seulement je pouvais m'as
seoir
et attendre que mon
cœur me donne des nouvelles
de Memphis.
Il n'y a aucune
tâche que je puisse
accomplir
tant que mon cœur reste loin
de sa ville.
Viens à moi, Ptah,
emmène-moi à Memphis !
( ..
.
) J'appelle le sommeil tout
le temps, mais mon cœur
n'est
plus dans mon corps, le
mal
s'est emparé de toutes
mes chairs, mon œil est fati
gué de voir, mon oreille n'en
tend plus, ma voix est en
rouée, tous mes mots sont
à
l'envers.
Sois bienveillant à
mon égard.
Fais que je re
couvre
mes sens.
»
Hermopolis (Khemenou en
égyptien) est,
quant à elle, la
patrie spirituelle des scribes,
la ville sacrée de leur dieu tu
télaire Thot.
Rien d'étonnant
donc à ce que les sages aient
exprimé leur désir de retour
ner dans la cité des sciences
et de la magie.
« ô Thot, em
mène-moi
à Hermopolis, cet
te cité parfaite pour y vivre et
prends soin de moi au moyen
de pain
et de bière ( ...
).
Que
Thot soit derrière moi de
main
! "Viens", me disent les
Seigneurs de justice quand
j'entre en leur présence et
que j'en sors triomphant.
»
L'amour du scribe
Amennakht
pour Thèbes
U
n autre éloge de ville a
été composé par un scri
be bien connu de
la commu
nauté
des artisans de Deir el
Medineh : Amennakht fils
d'lpouy, scribe de l'institution
de la Tombe (royale) sous les
règnes de Ramsès IV et de
Ramsès V.
Plusieurs œuvres lit
téraires lui sont attribuées.
Certaines sont d'une origina
lité telle qu'Amennakht est
un
des rares scribes à être
considéré comme un écrivain
par
les égyptologues actuels,
en particulier par Bernard
Mathieu, directeur de
l'Insti
tut français d'Archéologie
orientale du Caire, et par Su
sanne Bickel, enseignante à
l'université de Bâle, qui ont
consacré un article à son.
»
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