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Les comices agricoles Flaubert

Publié le 13/11/2014

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Madame Bovary est le roman le plus célèbre de Flaubert. Il est publié en 1857 et provoque un vrai scandale. En effet, l'imprimeur et Flaubert lui-même sont jugés pour « outrage à la morale publique et religieuse et aux bonnes moeurs » puis seront finalement acquittés. Le roman choque car il met en scène un personnage féminin, Emma, qui s'ennuie profondément dans son mariage bourgeois et qui commet un adultère. Dans notre passage, le jour des comices agricoles est venu à Yonville, province ou Charles et Emma se sont installés. Le départ de Léon, une relation platonique d'Emma, rend cette dernière completement désemparée. Ne trouvant personne pour comprendre sa détresse, malade de surcroit, c'est dans ce contexte qu'Emma fait par hasard la connaissance de Rodolphe Boulanger. Ce dernier profite des comices agricoles pour tenter de la séduire, tandis que les officiels font de longs et plats discours sur l'agriculture. Un comice agricole (ou de préférence au pluriel, comices agricoles) est une assemblée formée par les propriétaires et les fermiers d'une région pour échanger les expériences de chacun afin d'améliorer les procédés agricoles1 et, à l'occasion de cette manifestation ouverte au public, de la rendre festive par différentes animations : corso fleuri, élection de la reine du comice et de ses dauphines, concours de labour, défilés divers mécaniques (voitures anciennes, matériels agricoles). Nous pourrons donc nous demander par quels procédés Flaubert tourne-t-il en dérision cette scène de séduction ? Dans un premier temps nous allons voir que les deux discours, celui de Rodolphe ainsi que celui des conseillers, se mêlent pour ainsi donner une situation pleine d'ironie.Dans un deuxième temps, nous verrons que Flaubert en profite pour faire une satyre du romantisme, grâce au discours de Rodolphe envers madame Bovary. I) L'entrecroisement des discours Deux discours que tout oppose -> En 2 temps : l'étude des discours des conseillers puis celui de Rodolphe L'épisode des comices est l'un des plus célèbres et des plus importants dans le roman de Flaubert. Deux types de discours s'y entremêlent en permanence : le premier, le discours « officiel » celui que le conseiller Lieuvain et Derozerays tiennent à la foule, puis, le discours que Rodolphe tient à Emma qui est quant à lui plus discret et privé. Ces discours ont en communs de vouloir séduire : ici une population, là toute une femme. Chacun à leur façon, ils sont plats et pompeux. On peut remarquer que Rodolphe et Emma sont tellement absorbés par leur conversation qu'ils ne prêtent même pas attention au discours des différents conseillers qui distribuent tout de même des prix. Tout d'abord le discours « officiel », que prononce le premier homme Monsieur Lieuvain ; celui-ci ne parle que d'agriculture, de nombreux champs lexicaux sur ce thème sont présents (ex : p243 fin « farine, blé, agriculteur, campagnes, sillons »). S'en suit une longue tirade sur l'éloge de l'agriculture, il dit par exemple (p243 à la fin : «  N'est-ce pas l'agriculteur encore qui engraisse pour nos vêtements, ses abondants troupeaux dans le pâturage ? Car comment nous vêtirions-nous, car comment nous nourririons-nous sans l'agriculteur ? » ou un peu plus loin « Mais je n'en finirais pas, s'il fallait énumérer les uns après les autres les différents produits que la terre bien cultivée, telle une mère généreuse, prodigue à ses enfants ». Il parle, il parle, sans jamais s'arrêter. Avec la citation tout en haut de la page 245 « la place jusqu'aux maisons était comble de monde » on peut donc dire que les comices agricol...
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« l’agriculteur encore qui engraisse pour nos vêtements, ses abondants troupeaux dans le pâturage ? Car comment nous vêtirions-nous, car comment nous nourririons-nous sans l’agriculteur ? » ou un peu plus loin « Mais je n’en finirais pas, s’il fallait énumérer les uns après les autres les différents produits que la terre bien cultivée, telle une mère généreuse, prodigue à ses enfants ».

Il parle, il parle, sans jamais s’arrêter.

Avec la citation tout en haut de la page 245 « la place jusqu’aux maisons était comble de monde » on peut donc dire que les comices agricoles était un véritable évènement dans la ville, tout le monde était présent ; cela va de simples habitants aux personnes un peu plus impliquées dans la ville tel que le pharmacien et sa famille, ou les pompiers par exemple.

P245 « on voyait des gens accoudés à toutes les fenêtres, d’autres debout sur toutes les porte ».

cependant on peut voir par la suite qu’il règne un certain ennuis face au monologue de Monsieur Lieuvain car p244 fin : « sa petite figure pâle, où des gouttes ruisselaient, avait une expression de jouissance, d’ accablement et de sommeil.

», l’accablement est un mot vraiment fort car le verbe accabler veut dire : Faire supporter une chose pénible et oppressante, d'un point de vue morale ou physique, ce qui veut donc dire que pour le lieutenant, participer à cette manifestation est comme un supplice, car cela ne l’intéresse pas et qu'il s’ennuie profondément.

Nous pouvons par ailleurs noter que cette notion d’ennui n’est pas singulière puisque Flaubert lui-même avait participé à un comice agricole de Grand-couronne et il disait dans une lettre à Louise Colet « Ce matin j’ai été à un comice agricole dont j’en suis revenu mort de fatigue et d’ennui.

J’avais besoin de voir une de ces ineptes cérémonies rustiques pour ma Bovary.

(…) j’en suis physiquement malade.

» (note de bas de page p227).

Il laisse donc transparaître sa propre frustration et son ennui profond dans les personnages de son roman, signe, que lui non plus n’a pas apprécié cet évènement. Plus loin dans le texte on peut aussi s’apercevoir qu’à un moment ce laïus prononcé par Monsieur Lieuvain, un simple conseiller, semble prendre la tournure d’un véritable discours d’encouragement qui pourrait avoir lieu lors d’une guerre/ de propagande (p246 en bas de page : « continuez ! Persévérez ! »), grâce aux nombreux champs lexicaux de la guerre (p246 toujours : « empirisme téméraire, vainqueur, vénérables serviteurs, pénible sacrifices »).

En opposition aux propos de MM Lieuvain et Derozerays il y a la déclaration de Rodolphe à Emma ; il tient un discours très romantique et petit à petit il essaye de la séduire (p248 : « et il saisit sa main ; elle ne la retira pas.

» et finalement il y parvient (p249 un peu après la fin de notre extrait : « Oh ! merci ! vous ne me repoussez plus ! »).

Il joue un rôle afin de parvenir à ses fins ; la séduire pour pouvoir la jeter comme un vulgaire objet par la suite, il joue au soupirant romantique et désespéré, mais il est aussi perspicace car il prononce les mots qu’Emma veut entendre.

Evidemment après toutes ces belles paroles Emma ne peut que tomber dans ses bras, elle est tellement « ancrée » dans son monde, elle a lu tellement de romans à l’eau de rose, et est tellement naïve que Rodolphe n’a pas vraiment de mal à la séduire (même si au début Emma ne se laissait pas « faire » car elle pensait à sa morale), 2) Une ironie omniprésente Cet entrecroisement des discours confère à l’ironie une grande force et est omniprésente dans ce passage.

L’annonce des récompenses et des prix prononcée par le conseiller alterne avec la parole amoureuse de Rodolphe et celle-ci déconsidère ainsi totalement la scène de séduction : [EXTRAIT de « ensemble de bonnes cultures ! » à « une médaille d’or »].

Tout ce chapitre accentue la satire du romantisme déjà précédemment observée, l’ironie est donc très présente et cette dernière réside autant dans les mots prononcés que dans celui qui les prononce ; en effet c’est Rodolphe le moins romantiques des. »

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