Les Confessions, Livre II, p. 96. Lecture méthodique - Rousseau
Publié le 23/06/2015
Extrait du document

Lecture méthodique 7
Avant que d'aller plus loin, je dois au lecteur mon excuse ou ma justification, tant sur les menus détails où je viens d'entrer que sur ceux où j'entrerai dans la suite, et qui n'ont rien d'intéressant à ses yeux. Dans l'entreprise que j'ai faite
6 de me montrer tout entier au public, il faut que rien de moi ne lui reste obscur ou caché ; il faut que je me tienne incessam¬ment sous ses yeux; qu'il me suive dans tous les égarements de mon coeur, dans tous les recoins de ma vie ; qu'il ne me perde pas de vue un seul instant, de peur que, trouvant dans
10 mon récit la moindre lacune, le moindre vide, et se deman-dant : Qu'a-t-il fait durant ce temps-là? il ne m'accuse de n'avoir pas voulu tout dire. Je donne assez de prise à la mali¬gnité des hommes par mes récits, sans lui en donner encore par mon silence.
Les Confessions, Livre II, p. 96.

«
de manière implicite l'image du labyrinthe déjà utilisée explici
tement dans le Livre 1 (p.
48), il veut justifier son entreprise auto
biographique qui vise à mettre en scène, en toute transparence,
l'homme naturel.
Nous analyserons donc l'extrait selon les deux axes suivants:
-
les réflexions de Rousseau sur le « labyrinthe obscur et fan
geux de [ses] confessions » (L.
1, p.
48);
-les justifications de l'auteur.
--· 1_ LE LABYRINTHE DES « CONFESSIONS »
Constamment utilisée par Rousseau dans les premiers Livres
des Confessions, l'image du labyrinthe apparaît ici en filigrane dans
les mots clés et dans la construction de la phrase centrale.
Figure
symbolique, cette image représente la démarche novatrice de
l'auteur qui cherche à s'expliquer pour mieux se faire comprendre.
Le thèrne du labyrinthe
Il est présent de façon allusive dès la première phrase où l'auteur
utilise deux fois le verbe « entrer >> (1.
3) et dans la phrase suivante
avec le verbe« suivre» (1.
7), Rousseau invitant son lecteur à l'accom
pagner dans le dédale des « menus détails » de ses confessions.
Ces verbes, ainsi que les deux métaphores: « les égarements
de mon cœur » et « les recoins de ma vie » (1.
7-8) montrent la
volonté de l'auteur de guider pas à pas un lecteur novice dans
tous les méandres d'une vie que celui-ci va devoir comprendre
et juger.
Rien ne doit donc lui être épargné, pas même les détails
les plus puérils.
Le jeu des antithèses(« rien » : 1.
4 et 5 qui
s'oppose à« tout »/«tous»: 1.
5, 7, 8) souligne d'ailleurs bien
cette exigence.
Les dédales de la deuxième phrase
La structure de la deuxième phrase est aussi à l'image de cette
volonté.
Elle déploie un parcours labyrinthique à partir du syn
tagme verbal « il faut que » répété deux fois (1.
5 et 6) et deux fois
sous-entendu (1.
7 et 8).
La locution« de peur que» (1.
9).
suivie
des deux participes présents « trouvant » et « se demandant »
156.
»
↓↓↓ APERÇU DU DOCUMENT ↓↓↓
Liens utiles
- Lecture méthodique - Livre III des Confessions de Rousseau: (pp.151-152) : « Cette lenteur de penser [ ... ] il est rare que je me trompe. »
- Les Confessions, Livre IV, p. 229-230. Lecture méthodique - Rousseau
- Les Confessions, Livre IV, p. 227-228. Lecture méthodique - Rousseau
- Les Confessions, Livre IV, p. 222-223. Lecture méthodique - Rousseau
- Les Confessions, Livre IV, p. 186-187. Lecture méthodique de Rousseau