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Lecture méthodique - Livre III des Confessions de Rousseau: (pp.151-152) : « Cette lenteur de penser [ ... ] il est rare que je me trompe. »

Publié le 19/10/2013

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Revenant sur la lenteur avec laquelle il compose, l'auteur oppose la littérature superficielle qui « exige une certaine légèreté « aux ouvrages qui demandent du travail. Si Rousseau n'a pas laisance épistolaire de Voltaire, il a laissé des lettres brillantes et incisives. En fait, Rousseau cherche à mettre en valeur la supériorité de sa création et on peut déceler une certaine coquetterie d'auteur dans cette

volonté de se présenter comme un tâcheron de la littérature.

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« ne se présente point, ou si, par hasard, on la rencontre, on ne peut la poursuivre.

» Ces formules de Diderot correspondent au cadre qui permet à Rousseau de se dépas­ ser momentanément ( « C'est à la promenade, au milieu des rochers et des bois, c'est la nuit ...

» p.152).

Non moins originale apparaît la justification de la solitude, indispensable à cette création littéraire que Rousseau résume d'une belle formule : «J'écris dans mon cerveau.

» «Je réussis mieux aux ouvrages qui dem~mdent du travail ~~ Revenant sur la lenteur avec laquelle il compose, l'auteur oppose la littérature superficielle qui « exige une certaine légèreté » aux ouvrages qui demandent du tra­ vail.

Si Rousseau n'a pas laisance épistolaire de Voltaire, il a laissé des lettres brillantes et incisives.

En fait, Rousseau cherche à mettre en valeur la supériorité de sa création et on peut déceler une certaine coquetterie d'auteur dans cette volonté de se présenter comme un tâcheron de la littérature.

Les ratures qui appa­ raissent sur les manuscrits sont souvent des variantes d'un auteur qui écrit rapide­ ment et facilement, mais relit son texte et le retravaille jusqu'à aboutir à une prose d'art.

Ill -LE RÔLE MAJEUR DE LA MÉMOIRE DANS LA CRÉATION Percep_tion e! _mémoire La distorsion entre la perception du monde extérieur et la mémoire s'explique par la contradiction relevée plus haut.

Les qualités réelles d'observateur dont fait preuve Rousseau ne se traduisent pas par une expression aisée immédiate.

Jean­ Jacques n'est frappé que par les « signes extérieurs ».

Il souligne la coupure entre ce qui se passe en lui et ce qui se passe en dehors de lui.

Le rôle du souvenir Ces constats expliquent l'importance capitale du souvenir dans l'élaboration de l'œuvre : ainsi naît une autre vérité, la vérité artistique, chargée de plus de poids que la vérité du réel:« Je ne vois bien que ce que je me rappelle etje n'ai de l'esprit que dans mes souvenirs » (p.152).

Cette remarque rend compte du choix pour Les Confessions d'une écriture rétrospective fondée sur de lointaines réminiscences.

Mémoire et authenticité Après Rousseau se développera toute une littérature liée à l'influence de la mémoire, puis à la reconstruction du monde par les souvenirs d'un passé oublié, mais disponible, effectuée par Proust dans À la recherche du temps perdu.

« La vraie vie, la vie enfin découverte et éclaircie, la seule vie par conséquent réellement vécue, c'est la littérature », écrit le narrateur dans Le Temps retrouvé.

Cette affirmation d'authenticité apparaît dans la dernière phrase du texte : «Alors sur ce qu'on a dit ou fait, je trouve ce qu'on a pensé, et il est rare que je me trompe » (p.152).

Conclusion : L'analyse anticlassique menée par Rousseau montre que l'esprit ne fonctionne pas sans heurts.

C'est un mécanisme complexe : les décalages entre le physique et l'intellectuel entraînent des chocs fructueux d'où peut naître l'inspiration.

Le travail d'analyse, de construction et de rédaction permet à !'écrivain de recréer l'univers par le souvenir.

En cela Les Confessions constituent l'œuvre la plus significative d'un homme qui souligne les rapports ambigus et nécessairement conflictuels instaurés entre !'écrivain et la société.. »

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