Devoir de Philosophie

Les Fleurs bleues de Raymond Queneau : Jeanne d’Arc, Gilles de Rais, Sade

Publié le 11/01/2020

Extrait du document

rais

Vincennes pour excès sexuel commis dans une petite maison (une maison de prostitution). Les incidents iront ensuite en se multipliant : pratiques hétérosexuelles ou homosexuelles, flagellations, bonbonnières empoisonnées. Incarcéré de nouveau à Vincennes en 1777, il est transféré à la Bastille le 29 février 1784. La Vie de Sade de Gilbert Lély (biographie qui a eu un grand retentissement) avait révélé la noire figure du marquis. Queneau en a été marqué.

Pour le duc d’Auge, son « excellent ami Donatien », comme il le dit p. 215, est un nouveau Gilles de Rais, et il lui est attaché de la même façon. Mais on voit quelle signification peut prendre pour lui la prise de la Bastille, le 14 juillet 1789. Peu lui importe le sort du roi. Il n’a souci que de celui qui est la nouvelle victime de la justice royale. Sade, de fait, après avoir été transféré chez les religieux de Charenton-Saint-Maurice, sera libéré le 2 avril 1790 à la suite du décret sur les lettres de cachet, qui permettaient l’incarcération sans jugement d’un détenu, par pure décision de la volonté royale. Il faut bien comprendre que l’indifférence du duc d’Auge

La pédophilie de Gilles de Rais s’est aggravée de cannibalisme. Il est « ogre bougre » (p. 68), c’est-à-dire à la fois anthropophage et sodomite'*. Auge ne veut être ni ogre ni bougre, mais il s’emploie à défendre son ami en péril. II juge indigne de faire passer en justice un maréchal de France. Il en veut à Charles Vil de ce nouvel acte d’ingratitude, et il se confie au vicomte de Péchiney (p. 73-74), qui porte le nom, par un nouvel anachronisme, d’une grande entreprise industrielle de notre temps. C’est un autre clin d’œil à l’Histoire contemporaine (voir chap. 12).

Après l’exécution du maréchal, Auge est prêt à entrer dans une conjuration contre le roi de France (p. 86).

DONATIEN DE SADE

Auge est-il suspect de perversité ? On peut se poser de nouveau la question quand, l’Histoire se répétant, il prend la défense de Sade au moment de la Révolution française (chapitre 17).

Le marquis Donatien-Alphonse-François de Sade (1740-1814) a défrayé la chronique tant par sa vie que par ses œuvres, et il a laissé derrière lui une odeur sulfureuse. Cet aristocrate, lui aussi militaire de carrière, a pris part à la guerre de Sept Ans. Il se marie en 1763 mais, cinq mois après la cérémonie, il est incarcéré pendant quinze jours à

rais

« 1 , après avoir été capturée par les Bourguignons devant Compiègne le 23 mai 1430.

Accusée de sorcellerie, elle fut jugée à Rouen par un tribunal ecclésiastique présidé par l'évêque Pierre Cauchon.

Elle fut déclarée hérétique et relapse (retombée dans l'hérésie, récidiviste).

Elle fut brûlée vive le 30 mai 1431 à Rouen.

Ce supplice a déjà eu lieu (p.

69) quand se déroule, dans le chapitre 5 des Fleurs Bleues, le dialogue entre le duc d'Auge et le maître queux (le chef-cuisinier d'une auberge).

La réputation de Charles est ternie, car il a laissé tomber lâchement Jeanne d'Arc.

Auge, lui, veut se souvenir: «sans nous et la bergerette2, sans nous, dis-je, ce serait !'Anglais qui régnerait» (p.

75).

Le protagoniste de la fiction veut se hausser au rang de personnage historique devenu figure de légende.

GILLES DE RAIS Gilles de Rais (v.

1400-1440) est le contemporain de Jeanne d'Arc.

Il en paraît le contraire, et pourtant leurs existences parallèles pourront inspirer un roman à Michel Tournier, Gilles et Jeanne (1983).

Maréchal de France dès l'âge de 25 ans, Rais a aussi combattu pour Charles VII et, dans la fiction, le duc d'Auge fait de lui son compagnon d'armes.

C'est la technique de l'amalgame de personnages imaginaires, procédé courant dans le domaine historique.

Très tôt, ce jeune maréchal s'est retiré dans son château de Tiffauges, près de Nantes.

Bientôt, des rumeurs terrifiantes circulèrent à son sujet.

On l'accusa de s'entourer de sorciers, de se livrer aux pratiques les plus immondes, de sacrifier de jeunes enfants aux démons afin d'obtenir de ceux-ci science, puissance et richesse.

De fait, après son arrestation, on trouva dans son château les ossements de plus de deux cents victimes.

Il fut jugé, condamné à mort et exécuté à Nantes en 1440.

2.

Jeanne d'Arc, en effet, avait gardé les moutons à Domrémy.

PROBLÉMATIQUES ESSENTIELLES 129. »

↓↓↓ APERÇU DU DOCUMENT ↓↓↓

Liens utiles