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Les lectures de Dom Juan

Publié le 05/08/2014

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juan

Les lectures de Dom Juan

Une étude rapide portant sur les éditions auxquelles donna

lieu la pièce, sur les multiples exégèses qu'elle suscita,

et sur les diverses mises en scène qui marquèrent sa carrière

théâtrale, permettra de constater les aléas de sa fortune et

de mieux la situer dans le flux historique, en dégageant ainsi

les difficultés qu'elle eut à s'imposer, et en mettant en

évidence la complexité et la richesse de son contenu et de

son écriture.

Le texte

Malgré les éditions d'Amsterdam et de Bruxelles, le texte

original mit longtemps à prévaloir. La version de Corneille,

seule à être représentée jusqu'en 1841, continua à être

imprimée régulièrement. Quant à la véritable pièce de

Molière, certes elle figura dans toutes les OEuvres complètes

de l'auteur, mais le texte retenu fut, jusqu'en 1813, celui de

l'édition censurée de 1682; par la suite, la découverte de

la version primitive permit le rétablissement de l'oeuvre

dans son intégralité.

Tournant capital, amorce de réhabilitation, gage d'un

succès désormais assuré? Il convient en fait de nuancer

l'appréciation : Dom Juan certes paraît dans son écriture

première, mais - et les traductions publiées à l'étranger le

confirment - la pièce ne figure qu'à la faveur de l'édition de

l'oeuvre complète de Molière, et il faudra en fait attendre la

toute fin du x1x8 siècle pour voir les éditeurs prendre la

peine de l'imprimer seule, alors que les éditions séparées des

autres oeuvres moliéresques sont en grand nombre dès la

fin du xv11• siècle.

Dom Juan et la critique

Le froid accueil du xvm• siècle

L'histoire même de la pièce explique que peu d'auteurs

se soient penchés sur elle tout au long du siècle des Lumières.

Presque tombée dans l'oubli, mutilée, rejetée en fait de la

tradition classique, elle ne pouvait que susciter le désintérêt

ou la réprobation, à une époque où il était de règle de

défendre cet idéal de rigueur instauré au cours de la période

précédente.

• Grimarest : un échec mérité. Aussi. en 1705, Grimarest, pourtant

laudateur habituel de Molière, se borne-t-il à sousentendre

discrètement que l'accueil réservé à Dom Juan est

toujours aussi défavorable : « On en jugea dans ce temps-là «,

écrit-il,« comme on en juge en celui-ci « (Vie de Molière).

• Voltaire : une pièce « bizarre«. En 17 39, Voltaire tente surtout

d'expliquer le peu de succès de la pièce qu'il attribue à la fois

à la réaction des bien-pensants, indignés par les impiétés

qu'elle contient, et à celle des puristes qui ne peuvent

admettre une comédie en prose. Il pose aussi le problème

des remaniements de l'oeuvre dont il a. semble-t-il, consulté

la version de 1682 non expurgée. Et, élément peut-être le

plus important pour comprendre la manière dont était

reçu Dom Juan au XVIIIe siècle. il insiste sur sa bizarrerie.

c'est-à-dire sur ce qui l'éloiçme des normes admises:

juan

« peine de l'imprimer seule, alors que les éditions séparées des autres œuvres moliéresques sont en grand nombre dès la fin du xv11• siècle.

Dom Juan et la critique Le froid accueil du xvm• siècle L'histoire même de la pièce explique que peu d'auteurs se soient penchés sur elle tout au long du siècle des Lumières.

Presque tombée dans l'oubli, mutilée, rejetée en fait de la tradition classique, elle ne pouvait que susciter le désinté­ rêt ou la réprobation, à une époque où il était de règle de défendre cet idéal de rigueur instauré au cours de la période précédente.

• Grimarest : un échec mérité.

Aussi.

en 1705, Grimarest, pour­ tant laudateur habituel de Molière, se borne-t-il à sous­ entendre discrètement que l'accueil réservé à Dom Juan est toujours aussi défavorable : « On en jugea dans ce temps-là », écrit-il,« comme on en juge en celui-ci » (Vie de Molière).

• Voltaire : une pièce « bizarre».

En 17 39, Voltaire tente surtout d'expliquer le peu de succès de la pièce qu'il attribue à la fois à la réaction des bien-pensants, indignés par les impiétés qu'elle contient, et à celle des puristes qui ne peuvent admettre une comédie en prose.

Il pose aussi le problème des remaniements de l'œuvre dont il a.

semble-t-il, consulté la version de 1682 non expurgée.

Et, élément peut-être le plus important pour comprendre la manière dont était reçu Dom Juan au xv111• siècle.

il insiste sur sa bizarrerie.

c'est-à-dire sur ce qui l'éloiçme des normes admises: 82 L'original de la comédie .bizarre du Festin de pierre est Tirso de Molina, auteur espagnol.

Il est intitulé El Convi­ dado de piedra, Le convié de pierre.

Il fut joué ensuite en Italie, sous le titre de Convitato di pietra.

La troupe des comédiens italiens le joua à Paris, et on l'appela le Festin de pierre.

Il eut un grand succès sur ce théâtre irrégulier : l'on ne se révolta point contre le monstrueux assemblage de bouffonnerie et de religion, de plaisanterie et d'horreur, ni contre les prodiges extravagants qui font le sujet de cette pièce.

Une statue qui marche et qui. »

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