Les Loups et les Brebis. La Fontaine
Publié le 12/07/2011
Extrait du document

Après mille ans et plus de guerre déclarée, Les loups firent la paix avecque les brebis. C'était apparemment le bien des deux partis: Car, si les loups mangeaient mainte bête égarée, Les bergers de leur peau se faisaient maints habits. Jamais de liberté, ni pour les pâturages, Ni d'autre part pour les carnages: Ils ne pouvaient jouir qu'en tremblant de leurs biens. La paix se conclut donc: on donne des otages; Les loups, leurs louveteaux; et les brebis, leurs chiens. L'échange en étant fait aux formes ordinaires, Et réglé par des commissaires, Au bout de quelque temps que messieurs les louvats Se virent loups parfaits et friands de tuerie, Ils vous prennent le temps que dans la bergerie Messieurs les bergers n'étaient pas, Etranglent la moitié des agneaux les plus gras, Les emportent aux dents, dans les bois se retirent : Ils avaient averti leurs gens secrètement. Les chiens, qui, sur leur foi, reposaient sûrement, Furent étranglés en dormant: Cela fut sitôt fait qu'à peine ils le sentirent. Tout fut mis en morceaux; un seul n'en échappa. Nous pouvons conclure de là Qu'il faut faire aux méchants guerre continuelle. La paix est fort bonne de soi, J'en conviens : mais de quoi sert-elle Avec des ennemis sans foi ?
L'ensemble. — Voici une fable d'observation sociale qu'on ne saurait trop méditer à l'heure actuelle. Ses conclusions devraient bien inspirer l'attitude de toute politique étrangère. Elle nous apprend que la paix qui semble la plus solide, conclue et garantie selon toutes les règles du droit international, a, malgré tout, des bases bien peu sûres, quand les caractères et les intérêts de deux peuples sont foncièrement opposés, surtout quand les ennemis sont « sans foi «. La Fontaine nous enseigne donc à veiller, à nous préparer, à rester forts, à ne pas mettre toute notre confiance dans les traités.
Liens utiles
- ecriture d'invention suite du poeme la genisse la chevre et la brebis en societe avec le lion de jean de la fontaine
- Vous expliquerez, discuterez et commenterez ces vers de La Fontaine : J'oppose quelquefois, par une double image, Le vice à la vertu, la sottise au bon sens, Les agneaux aux loups ravissants, La mouche à la fourmi, faisant de cet ouvrage Une ample comédie à cent actes divers, Et dont la scène est l'Univers.
- Le pragmatisme dans les fables de La Fontaine
- LA FONTAINE: FABLES (résumé et analyse)
- Commentaire « Le Torrent et la Rivière » VIII, 23. La Fontaine