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Les maîtres à penser de la Belle Époque : Anatole France, Rolland, Bourget, Barrés, Péguy

Publié le 22/02/2012

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bourget

Les différents courants de pensée de cette avant-guerre se sont cristallisés autour de la personne et des écrits de quelques ténors dont les œuvres sont d'inégale valeur littéraire mais qui ont exercé une sorte de magistère moral dont l'influence s'est fait sentir longtemps après eux : Anatole France et Romain Rolland, surtout sensibles à l'appel du progrès ; Bourget et Barrés, surtout soucieux de maintenir une tradition ; Péguy, catholique mal vu de l'Église, faisant figure de franc-tireur isolé.

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« classique, volontairement sobre. Paul Bourget et le roman psychologique et moral. Paul Bourget (1852-1935) a laissé une œuvre homogène, dogmatique qui est une condamnation du dilettantisme.

Aulieu d'observer en simple spectateur la vie contemporaine, il est un témoin qui explique et qui juge. Bourget, formé par la pratique de la méditation jointe à de sérieuses études médicales, a fait d'abord d'intéressantesanalyses de critique littéraire, sous le titre d'Essais de psychologie contemporaine (1883-1885).

Devenu romancier,tout en marquant à la manière des naturalistes le rôle du tempérament, de l'hérédité, des influences pathologiques, ila voulu aussi être le psychologue des formes les plus hautes de l'intelligence et du sentiment, faire des étudesd'âmes, des planches d'anatomie morale.

Mais il ne lui suffit pas de discerner les idées qui inspirent les actes : il enjuge la valeur, l'efficacité sociale.

Critique sévère du cosmopolitisme, du dilettantisme et de la démocratie, il étudieles crises de la vie familiale et nationale de son temps.

Il dénonce la responsabilité des maîtres athées d'unegénération dans le plus célèbre de ses romans, Le Disciple (1889), s'élève contre le divorce (Un Divorce, 1904),insiste sur la hiérarchie des classes sociales et le danger des élévations trop brusques (L'Étape, 1902). Cette prédication constante, qui lui valut une bonne part de son succès, est ce qu'on lui reproche le plusaujourd'hui.

Mais ses romans à thèse font de lui un témoin historiquement important.

Alain-Fournier (1886-1914) est Vhomme d'un seul livre. Le Grand Meaulnes (1913), roman poétique et mystérieux, à mi-chemin entre le rêve et une réalité vécue, est d'unequalité très précieuse, qui le situe dans la tradition du Nerval de Sylvie. Charles Péguy (1873-1914), polémiste et poète, a exalté les valeurs ancestrales et héréditaires incarnées dans laterre de France; il restera le chantre de Jeanne d'Arc et le pèlerin de Notre-Dame de Chartres. Professeur et homme de lettres, fils d'une ouvrière et fier de son ascendance paysanne, Péguy a trouvé en 1914 surle champ de bataille de la Marne, dans une mort héroïque librement affrontée, la signification suprême de savocation, scellant de son sacrifice un idéal depuis longtemps entrevu.

Animateur des Cahiers de la Quinzaine ( 1900-1914), revue qu'il a fondée pour être libre et dont il assure presque à lui seul, dans sa célèbre boutique de la rue dela Sorbonne, la composition et la rédaction, Péguy se signale par l'originalité de son attitude : épris de justicesociale, de générosité, insoucieux de choquer les idées régnantes, il s'élève contre la routine intellectuelle etlittéraire, contre la tyrannie des partis politiques, contre l'égoïsme et l'Argent.

Ce défenseur de Dreyfus se brouilleavec les dreyfusards et regagne, en franc-tireur, le parti de Barrés ; ce socialiste quitte les socialistes quand ils luisemblent dégrader la mystique en politique ; ce chrétien fervent vit en marge des disciplines de l'Église.

Plébéien denaissance, aristocrate au fond, il a l'horreur du « commun », de la médiocrité ; idéaliste intransigeant, il gardecontact avec les réalités humbles et positives de la vie. son œuvre.

De là, le caractère spécial de sa « mystique » : un idéalisme religieux, d'une sincérité authentique, d'unesingulière élévation, mais qui a besoin de s'adresser à quelqu'un, de se fixer sur des personnes, sur des figureshistoriques (Notre-Dame, sainte Geneviève, Jeanne d'Arc), qui se localise sur des monuments consacrés (lacathédrale de Chartres) et s'explicite en des gestes de prière, en litanies ; un patriotisme vigoureux, ombrageuxmême, qui s'attache avec une ferveur pressante aux gloires de l'histoire de France, aux horizons de ses campagneset au courant de ses fleuves (la Meuse, la Loire), au souvenir des générations anonymes qui en ont labouré etdéfendu le sol. • Avec une puissance intuitive vraiment incomparable, Péguy a évoqué plusieurs fois en prose et en vers le Mystèrede la Charité de Jeanne d'Arc : le genèse de sa vocation, la mélancolie de son départ, l'immensité de son abnégation: Adieu, Meuse endormeuse et douce à mon enfance... Voici que je m'en vais en des pays nouveaux : Je ferai la bataille et passerai les fleuves ; Je m'én vais m'essayer à de nouveaux travaux, Je m'en vais commencer là-bas les tâches neuves. • Dans une épopée plus touffue (Eve), il expose, comme dans une immense psalmodie, le sens général de l'histoiredu monde, vue sous l'angle du péché et de la rédemption.

C'est là que, sous la houle incessamment battante de sesalexandrins, il faut aller chercher quelques-unes de ses pages les plus profondes : sur le lot accablant des misèreset des fautes de l'humanité depuis les premiers temps (« Et je vous aime tant, aïeule roturière...

»), sur leretentissement historique de la naissance du Christ (« Les pas des légions avaient marché pour lui »....), sur lemérite des sacrifices obscurs :. »

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