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Les motifs de la nourriture et de la boisson dans Zazie dans le métro --> roman de Raymond Queneau

Publié le 30/01/2020

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aucune réalité puisqu’elle est extrêmement mauvaise (« On dirait que toi (geste) tu y as mis des semelles de bottes et toi (geste) que tu leur as refilé ton eau de vaisselle ») ; c’est d’ailleurs toujours à propos de la soupe à l’oignon qu’il affirme : « Je ne parle jamais qu’en général. Je ne fais pas de demi-mesures » (p. 225) ! Le même rapport entre ingestion de nourriture et production de paroles creuses se retrouve dans le film où l’on voit pendant le dîner Gabriel se gaver d’autant d’asperges qu’il prononce de lieux communs, rendant ses paroles d’autant plus confuses qu’il parle la bouche pleine...

• Un Stâtut ambivalent Corrigé de l'ex. 14, p. 94

B Un objet de désir...

Nourriture et boisson sont souvent objet de désir de la part des personnages, depuis Laverdure qui « regarde la bouteille de grenadine avec une convoitise mémorable » (p. 34) jusqu’à la veuve Mouaque qui vide le muscadet pour noyer son chagrin (cf. p. 225). C’est le cas en particulier de Zazie qui semble ainsi compenser sa frustration de métro ; dès le premier chapitre, elle se focalise sur la boisson qu’elle a élue en refusant tout compromis : « C’est hun cacocalo que jveux et pas autt chose » (p. 23). Quant aux moules, elle « se jette dessus, plonge dans la sauce, patauge dans le jus, s’en barbouille [...] avec une férocité mérovingienne » (p. 63), puis « descend son demi-panaché d’un seul élan » ; cet appétit ogresque semble représenter chez elle un instinct vital et presque animal (Queneau emploie l’adjectif « anthropophagique ») et sa volonté inébranlable de s’emparer de la vie en la « dévorant ». Dans le film, Louis Malle a rendu cette voracité avec comique, en montrant la réaction stupéfaite de Pédro-surplus devant la disparition des frites et les giclées de jus de moules. Zazie est finalement la seule à assouvir véritablement ses désirs et à y trouver un plaisir sans déception, exprimé par ses « trois petits rots » et sa conclusion satisfaite « que c’est toujours ça de pris » (ibid.).

B ... mais un désir frustré...

Au contraire, le monde des adultes paraît marqué par une certaine frustration, car, contrairement à Zazie, ils se montrent velléitaires dans la satisfaction de leurs désirs. Bien souvent, ils ne boivent pas ce qu’ils veulent, comme l’illustre Charles partagé entre le femet-branca et le beaujolais : ne sachant même pas ce qu’il aime ou désire vraiment, il se décide au terme d’un dialogue absurde qui souligne son inconséquence : « Charles, il pourrait prendre un femet-branca, dit Madeleine. - C’est pas buvable, dit Charles. - T’en as bien éclusé un verre à midi, fit remarquer Turandot. - C’est pourtant vrai. Alors pour moi ce sera un beaujolais » (p. 178). Bertin Poirée choisit de prendre une grenadine chez Marceline, mais n’en tire aucun plaisir : « Beuouahh, fit-il en déglutissant la boisson qu’il avait lui-même élue » (p. 203). Le statut de ce personnage aux

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