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Les Oiseaux. Les Contemplations. HUGO. Commentaire

Publié le 17/02/2012

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hugo

Les Oiseaux

Je rêvais dans un grand cimetière désert; De mon âme et des morts j'écoutais le concert, Parmi les fleurs de l'herbe et les croix de la tombe. Dieu veut que ce qui naît sorte de ce qui tombe. Et l'ombre m'emplissait.

Autour de moi, nombreux, Gais, sans avoir souci de mon front ténébreux, Dans ce champ, lit fatal de la sieste dernière, Des moineaux francs faisaient l'école buissonnière. C'était l'éternité que taquine l'instant. Ils allaient et venaient, chantant, volant, sautant, Égratignant la mort de leurs griffes pointues, Lissant leur bec au nez lugubre des statues, Becquetant les tombeaux, ces grains mystérieux. Je pris ces tapageurs ailés au sérieux; Je criai: -- Paix aux morts! vous êtes des harpies. -- Nous sommes des moineaux, me dirent ces impies. -- Silence! allez-vous en! repris-je, peu clément. Ils s'enfuirent; j'étais le plus fort. Seulement, Un d'eux resta derrière, et, pour toute musique, Dressa la queue, et dit: -- Quel est ce vieux classique?

I. L'idée centrale; les idées secondaires. II. Les mots et les imagés. III. Les rythmes et les rimes. IV. Les procédés de développement. V. Le tour d'esprit, l'art, la poésie de Victor Hugo.

«Tout est dans tout«, a-t-on dit non sans obscurité et sans exagération. Tout Victor Hugo est-il dans ces vingt vers? Non. Ce texte nous permet, néanmoins, mieux que d'autres, de caractériser la pensée, l'imagination, le vocabulaire, l'art, le tour d'esprit et même le génie lyrique de l'auteur. C'est à quoi nous allons nous essayer....

hugo

« que ce qui nait sorte de ce qui tombe; 2° les tombeaux sont des grains mysterieux.

Lieux communs, souvent exploites par les pokes et les prosa- teurs.

De la mort nait la vie; on trouve cette remarque un peu partout; c'est la une loi qui s'est verifiee de tout temps et dans tous les domaines.

L'autre idee, qui s'y rattache etroitement, semble etre empruntee a PEvangile. Victor Hugo y revient, en effet, volontiers.

Tout jeune, it a etc saisi par la poesie biblique; et Pon a pu ecrire un gros livre sur Victor Hugo et la Bible.

Il a lu dans le texte sacre : « Si le grain ne meurt, it ne porte pas de fruit.

» Le corps, depose dans le tombeau, comme le grain confie a la terre, est une semence mysterieuse.

Le poke exprime ici sa croyance une survie, plus riche, plus pleine, centuplee comme le grain mort dans les epis.

En somme, peu d'idees, peu originales, et l'idee principale sur l'art et la nature, fres discutable. Les mots et les images.

Si cette poesie ne fait pas penser, elle ne laisse pas toutefois de plaire.

C'est qu'a (Want d'idees profondes, elle nous offre des mots piquants, des images sans cesse renouvelees qui l'empechent de verser dans la banalite et qui meme, avouons-le, nous tiennent sous le charme.

L'originalite, absente de la pensee, est tout entiere dans une extra- ordinaire faculte d'assembler les mots, dans la couleur, la vie, la fantaisie qui debordent de ces vingt vers.

Le vocabulaire est riche, précis, varie, hardi, suggestif; les epithetes justes, neuves, imprevues; des alliances de mots, des rapprochements inat- tendus nous tiennent jusqu'au bout en haleine.

« Sieste »,« moineau franc » (passer domesticus, Tune des trente especes du genre moineau), sont des termes propres.

« Ecole buissonniere », taquine »,« egrati- gnent griffent »,« becquetant tapageurs silks », a paix aux mods! », s harpies », « musique », « vieux classique » sont des mots ou des expressions habilement choisis, possedant a eux seuls un pouvoir evoca- teur, procurant a l'esprit une satisfaction ou une joie, eveillant un sourire.

Les images sont, on le voit, le triomphe de Victor Hugo.

Nul poke n'en a concu autant de diverses, ni de plus adequates, ni, parfois, de plus amu- santes.

Ce court morceau nous en offre une collection des plus interessantes. Quelques-unes sont noes de l'observation; d'autres sont issues d'une fan- taisie intarissable; presque toutes sont plaisantes; toutes rayonnent autour de Pidee centrale.

C'est le « grand cimetiere desert ».

Le morceau a etc compose a Paris; aussitot surgit dans notre memoire quelqu'une de ces vastes necropoles de la capitale, it l'heure trop matinale pour que les vivants l'aient déjà en- vahie, ou trop tardive pour qu'il y reste encore quelque visiteur.

C'est le temps propice que choisit le poke, le reveur, pour venir s'entretenir avec les morts. Le « concert de son Arne et des morts », qu'il ecoute, recueilli, n'est pas une trouvaille banale.

Cette image auditive, belle et assez audacieuse, donne un air de profondeur a un lieu commun.

Un accord, une harmonic s'eta- blit entre les esprits qui hantent ces lieux et son propre esprit; et c'est comme un chant de regret et d'esperance. Fleurs de l'herbe 3, et « croix des tombes » sont choses vues, qui nous replongent dans le reel, tandis que ce « concert » kali tout subjectif. Images contrastees, pour lesquelles V.

Hugo a un faible, artifice ingenieux, trop ingenieux peut-titre, et cependant opposition gracieuse, poetique, me- lancolique, transition habile pour amener in reflexion philosophique du vers suivant. L' « ombre m'emplissait »...

Est-ce la nuit qui envahit le cimetiere et qui, en meme temps, penetre dans Fame du poke? Sont-ce ses pensees sombres qui en expulsent tout rayon lumineux? On pent hesiter; cette image manque de precision sans (Wormer sur l'ensemble, elle reste parfaitement dans la tonalite generale de ce debut triste et meme funebre. « Mon front tenebreux », c'est-à-dire soucieux, sur lequel se trahissent les graves, les noires reflexions qui m'occupent.

Les plls du front revelent la nature des preoccupations de l'esprit, c'est ainsi qu'une autre image represente le front « serein » Nature au front serein, comme roes oubliezl... (Tristesse d'Olympio.) que ce qui naît sorte de ce qui tombe; 2° les tombeaux sont des grains mystérieux. Lieux communs, souvent exploités par les poètes et les prosa­ teurs. De la mort naît la vie; on trouve cette remarque un peu partout; c'est là une loi qui s'est vérifiée de tout temps et dans tous les domaines.

L'autre idée, qui s'y rattache étroitement, semble être empruntée à l'Evangile.

Victor Hugo y revient, en effet, volontiers.

Tout jeune, il a été saisi par la poésie biblique; et l'on a pu écrire un gros livre sur Victor Hugo et la Bible. Il a lu dans le texte sacré : « Si le grain ne meurt, il ne porte pas de fruit. » Le corps, déposé dans le tombeau, comme le grain confié à la terre, est une semence mystérieuse.

Le poète exprime ici sa croyance à une survie, plus riche, plus pleine, centuplée comme le grain mort dans les épis.

En somme, peu d'idées, peu originales, et l'idée principale sur l'art et la nature, très discutable.

Les mots et les images. Si cette poésie ne fait pas penser, elle ne laisse pas toutefois de plaire.

C'est qu'à défaut d'idées profondes, elle nous offre des mots piquants, des images sans cesse renouvelées qui l'empêchent de verser dans la banalité et qui même, avouons-le, nous tiennent sous le charme. L'originalité, absente de la pensée, est tout entière dans une extra­ ordinaire faculté d'assembler les mots, dans la couleur, la vie, la fantaisie qui débordent de ces vingt vers.

Le vocabulaire est riche, précis, varié, hardi, suggestif; les épithètes justes, neuves, imprévues; des alliances de mots, des rapprochements inat­ tendus nous tiennent jusqu'au bout en haleine. « Sieste », « moineau franc » (passer domesticus, l'une des trente espèces du genre moineau), sont des termes propres. « Ecole buissonnière », « taquine », « égrati- gnent », « griffent », « becquetant », « tapageurs ailes », « paix aux morts î », « harpies », « musique », « vieux classique » sont des mots ou des expressions habilement choisis, possédant à eux seuls un pouvoir évoca- teur, procurant à l'esprit une satisfaction ou une joie, éveillant ui* sourire.

Les images sont, on le voit, le triomphe de Victor Hugo. Nul poète n'en a conçu autant de diverses, ni de plus adéquates, ni, parfois, de plus amu­ santes. Ce court morceau nous en offre une collection des plus intéressantes.

Quelques-unes sont nées de l'observation; d'autres sont issues d'une fan­ taisie intarissable; presque toutes sont plaisantes; toutes rayonnent autour de l'idée centrale.

C'est le « grand cimetière désert ».

Le morceau a été composé à Paris ; aussitôt surgit dans notre mémoire quelqu'une de ces vastes nécropoles de la capitale, à l'heure trop matinale pour que les vivants l'aient déjà en­ vahie, ou trop tardive pour qu'il y reste encore quelque visiteur.

C'est le temps propice que choisit le poète, le rêveur, pour venir s'entretenir avec les morts.

Lé « concert de son âme et des morts», qu'il écoute, recueilli, n'est pas une trouvaille banale.

Cette image auditive, belle et assez audacieuse, donne un air de profondeur à un lieu commun. Un accord, une harmonie s'éta­ blit entre les esprits qui hantent ces lieux et son propre esprit; et c'est comme un chant de regret et d'espérance.

« Fleurs de l'herbe » et « croix des tombes » sont choses vues, qui nous replongent dans le réel, tandis que ce « concert » était tout subjectif.

Images contrastées, pour lesquelles V. Hugo a un faible, artifice ingénieux, trop ingénieux peut-être, et cependant opposition gracieuse, poétique, mé­ lancolique, transition habile pour amener la réflexion philosophique du vers suivant.

L' «ombre m'emplissait »... Est-ce la nuit qui envahit le cimetière et qui, en même temps, pénètre dans l'âme du poète? Sont-ce ses pensées sombres qui en expulsent tout rayon lumineux? On peut hésiter; cette image manque de précision sans détonner sur l'ensemble, elle reste parfaitement dans la tonalité générale de ce début triste et même funèbre.

«Mon front ténébreux», c'est-à-dire soucieux, sur lequel se trahissent les graves, les noires réflexions qui m'occupent. Les plis du front révèlent la nature des préoccupations de l'esprit, c'est ainsi qu'une autre image représente le front « serein » : Nature au front serein, comme vous oubliez!...

(Tristesse d'Olympio.). »

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