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Les personnages féminins dans Le Chevalier de la charrette de Chrétien de Troyes

Publié le 23/12/2019

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La reine Guenièvre est la dame de Lancelot, sa suzeraine, qui l'assujettit à la loi d'un amour tyrannique. Enlevée par Méléagant, elle est l'absente, l'objet de la quête. Hormis la scène où elle se donne à Lancelot, elle reste en retrait du récit. Mais son souvenir et ses exigences placent l'amant dans une dépendance continuelle, sans cesse ravivée par des signes qui jalonnent son parcours : le peigne abandonné au bord de la fontaine, les rumeurs qui courent sur la mort de la reine. Dépersonnalisée, à peine décrite (seuls ses cheveux suggèrent sa beauté, aux vers 1414-1415 et 1479-1494). Guenièvre est l'Autre, une force d'attraction qui motive la quête de Lancelot sans qu'on sache pourquoi ni depuis quand: rien n'est dit sur l'origine de la passion adultère qui lie le chevalier à la reine. Guenièvre se résume tout entière dans le désir qu'elle inspire, et qui soumet le héros à une double aliénation, physique et psychique. A sa pensée, à sa vue, Lancelot perd le contrôle de son corps : il est« pris d'une soudaine faiblesse» (v. 1424), lorsqu'une jeune fille prononce le nom de la reine, et même prêt à « basculer dans le vide» (v. 567) en voyant le cortège dans lequel Méléagant emmène sa captive. Il n'est pas davantage maître de son cœur, qu'il a «confié» à sa dame (v. 1230). A cette dépendance du chevalier répond celle de Chrétien de Troyes à l'égard de la dame de Champagne. Le prologue affiche une fausse modestie: l'auteur prétend se borner à écrire ce que sa dame lui dicte. Mais le romancier reprend ses droits à la fin du récit, sous le nom de Godefroi de Leigni : il affirme son autonomie en libérant le héros de la tour où l'avait 

conduit sa quête amoureuse. Or dans cette tour où Lancelot se lamente, le souvenir de la reine a disparu; Guenièvre sera d'ailleurs bientôt remplacée par celle qui permettra au héros de s'évader et qui deviendra son amie. On assiste donc à une double trahison, celle de l'amant, Lancelot, oublieux de Guenièvre, et celle de !'écrivain, Chrétien de Troyes, transgressant le thème initial de l'adultère commandé par Marie de Champagne. Dans les deux cas, la fidélité exclusive à la dame semble conduire à une impasse: le dévouement de Lancelot à la reine mène à la prison, et celui de Chrétien à son mécène entraîne le tarissement de l'inspiration romanesque. Face à l'obéissance due à la femme dominatrice, se dessine une autre valeur féminine, celle de l'amitié, fondée sur l'échange.

« creusant l'indication initiale, dotera le héros d'une filiation claire : fils de la reine Hélène et du roi Ban de Benoïc, Lancelot a été enlevé et nourri par la fée Viviane, la dame du lac.

Chez Chrétien de Troyes, cette fée n'intervient que par l'intermé­ diaire de l'anneau magique qui permet à Lancelot de briser les enchantements: inutile dans le château aux portes retom­ bantes (v.

2327-2353), l'objet prouve son efficacité lors de la traversée du Pont de l'Épée (v.

3125-3129).

De loin, la mère nourricière veille sur son fils, lui-même en quête d'une autre figure lointaine : Guenièvre.

L'amante La reine Guenièvre est la dame de Lancelot, sa suzeraine, qui l'assujettit à la loi d'un amour tyrannique.

Enlevée par Méléagant, elle est l'absente, l'objet de la quête.

Hormis la scène où elle se donne à Lancelot, elle reste en retrait du récit.

Mais son souvenir et ses exigences placent l'amant dans une dépendance continuelle, sans cesse ravivée par des signes qui jalonnent son parcours : le peigne abandonné au bord de la fontaine, les rumeurs qui courent sur la mort de la reine.

Dépersonnalisée, à peine décrite (seuls ses che­ veux suggèrent sa beauté, aux vers 1414-1415 et 1479-1494).

Guenièvre est l'Autre, une force d'attraction qui motive la quête de Lancelot sans qu'on sache pourquoi ni depuis quand: rien n'est dit sur l'origine de la passion adultère qui lie le chevalier à la reine.

Guenièvre se résume tout entière dans le désir qu'elle inspire, et qui soumet le héros à une double aliénation, physique et psychique.

A sa pensée, à sa vue, Lancelot perd le contrôle de son corps : il est« pris d'une soudaine faiblesse» (v.

1424), lorsqu'une jeune fille pro­ nonce le nom de la reine, et même prêt à « basculer dans le vide» (v.

567) en voyant le cortège dans lequel Méléagant emmène sa captive.

Il n'est pas davantage maître de son cœur, qu'il a «confié» à sa dame (v.

1230).

A cette dépendance du chevalier répond celle de Chrétien de Troyes à l'égard de la dame de Champagne.

Le prologue affiche une fausse modestie: l'auteur prétend se borner à écrire ce que sa dame lui dicte.

Mais le romancier reprend ses droits à la fin du récit, sous le nom de Godefroi de Leigni : il affirme son autonomie en libérant le héros de la tour où l'avait 84. »

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