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Les romans de Madame de Lafayette

Publié le 23/03/2018

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Les nouvelles historiques                La Princesse de Montpensier a donné en 1662

 

le modèle de ce que devait être la nouvelle classique par la rapidité et la sobriété du style, l'intériorité de l'action, le pessimisme de la pensée. C'est comme un premier crayon de La Princesse de Clèves où, dans des limites pourtant beaucoup plus étroites, certains traits seraient plus appuyés et certains effets plus visibles. Les âmes sont à la fois moins pures et plus simples que dans La Princesse de Clèves. Il manque à Mme de Montpensier la cons­cience toujours en éveil de Mme de Clèves; elle est si surprise de ce qu'elle ressent et de ce qui lui arrive, si peu capable de se défier d'elle-même ou de donner du poids à cette défiance qu'elle meurt de chagrin lorsqu'elle est abandonnée. Son excuse est qu'elle revenait à une première passion, antérieure au mariage, mais ce qui la rend plus digne de pitié la rend aussi moins intéressante; elle fait quelquefois sourire (par exemple quand elle passe sa colère sur le mal­heureux Chabanes), alors qu'on ne sourit jamais de Mme de Clèves. Le caractère inconsistant de son mari peut lui être une autre excuse : la modification géniale, dans La Princesse de Clèves, sera d'attribuer au mari la sensibilité fidèle et fervente de Chabanes et de mettre ainsi l'héroïne dans une situation beaucoup plus difficile, à la mesure de sa belle âme. La mort de Chabanes n'est qu'une circonstance malheureuse de plus (<< Ce lui fut un nouvel accablement d'apprendre la mort du Comte de Chabanes [ ... ] L'ingratitude du Duc de Guise lui fit plus vivement sentir la perte d'un homme dont elle connaissait si bien la fidélité j ), la mort du prince de Clèves est un événement terrible pour sa femme, comme une sanction de sa conduite et de ses sentiments. Dans la première, le hasard a joué un grand rôle, la seconde est l'effet inéluctable des passions. Les traits par lesquels Guise annonce Nemours n'ont pas une signification bien nette : Guise déjà sacrifie à sa maîtresse un mariage qui le ferait entrer dans la famille royale, mais l'opposition de Charles IX et du duc d'Anjou aurait peut-être mis un obstacle insurmontable à son projet $; il se rend de nuit clandestinement à Champigny comme Nemours se rendra à Coulommiers, mais il est reçu, et l'irruption du mari fait tourner la scène au tragi-comique : la scène correspondante de La Princesse de Clèves est au contraire d'une poésie intense et purement tragique par le silence des deux

Les romans de Madame de Lafayette

Mme de Lafayette entoura son œuvre romanesque d'un mystère qui n'est pas entièrement dissipé. La Princesse de Montpensier, parue en 1662, n'était pas signée; en 1670, Zayde fut publiée sous le nom de Segrais, les contemporains ne mirent pas en doute cette signature; en 1678, le libraire avertissait le lecteur de La Princesse de Clèves de l'obscurité dans laquelle l'auteur voulait demeurer. La première nouvelle qui affichât le nom de Mme de Lafayette fut La Comtesse de Tende, publiée en juin 1724 dans le Mercure de France trente ans après la mort de l'auteur. A cette date, La Princesse de Montpensier et La Princesse de Clèves étaient généralement attribuées aussi à Mme de Lafayette, mais non à elle seule, et de nos jours encore les érudits pensent que, pour une part très malaisée à définir, Ménage dans la rédaction de l'une, Huet, Segrais, La Rochefoucauld dans la rédaction de l'autre ont été ses collaborateurs. Zayde lui est maintenant restituée, sans que soit niée la participation de Segrais et de Huet; celle de La Rochefoucauld semble confrmée par quelques lignes écrites de sa main et contenant la première version d'un paragraphe $• En revanche, l'authenticité de La Comtesse de Tende n'est pas universellement reconnue 3 Périodiquement, on essaie d'attribuer à Mme de Lafa­yette quelque œuvre obscure qu'on redécouvre et qui rappelle plus ou moins bien son ton; jusqu'à présent aucun de ces essais n'a été convaincant.

 

Qu'elle ait demandé des conseils à ses amis, que l'un lui ait fourni des ren­seignements historiques, qu'un autre l'ait aidée à construire une intrigue ou ait

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« relu ce qu'elle écrivait pour contrôler la pureté du style, la pratique était courante et les œuvres n'en doivent pas moins être considérées comme d'elle, et d'elle seule.

Elle a avoué La Princesse de Clèves dans une lettre à Ménage 1; Segrais a reconnu qu'elle était bien l'auteur de Zay de; quant à l'attribution de La Comtesse de Tende, si l'on n'admet pas qu'elle soit suffisamment autorisée par l'opinion du Mercure de France (juin 1724) puis de la Biblio thèque des Romans (janvier 1776), l'examen du texte la rend au moins probable.

- Les nouvelles historiques La Princesse de Montpensier a donné en 1662 le modèle de ce que devait être la nouvelle classique par la rapidité et la sobriété du style, l'intériorité de l'action, le pessimisme de la pensée.

C'est comme un premier crayon de La Prin cesse de Clèves où, dans des limites pourtant beaucoup plus étroites, certains traits seraient plus appuyés et certains effets plus visibl es.

Les âmes sont à la fois moins pures et plus simples que dans La Princesse de Clèves.

Il manque à Mme de Montpensier la cons­ cience toujours en éveil de Mme de Clèves ; elle est si surprise de ce qu'elle ressent et de ce qui lui arrive, si peu capable de se défier d'elle-même ou de donner du poids à cette défiance qu'elle meurt de chagrin lorsqu'elle est abandonn ée.

Son excuse est qu'elle revenait à une première passion, antérieure au mariage, mais ce qui la rend plus digne de pitié la rend aussi moins intéressante ; elle fait quelquef ois sourire (par exemple quand elle passe sa colère sur le mal­ heureux Chabanes), alors qu'on ne sourit jamais de Mme de Clèves.

Le caractère inconsistant de son mari peut lui être une autre excuse : la modification géniale, dans La Princesse de Clèves, sera d'attribuer au mari la sensibilité fidèle et fervente de Chabanes et de mettre ainsi l'héroïne dans une situation beaucoup plus difficile, à la mesure de sa belle âme.

La mort de Chabanes n'est qu'une circonstance malheureuse de plus (. »

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